Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/156

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de meilleures intentions, des principes sûrs, utiles à celles qui sont comme elle exposées aux soins et à la flatterie ; et qu’étant assez particulière sans pourtant être farouche, ayant même un peu de penchant pour la retraite, il ne lui saurait peut-être manquer que les occasions, ou ce qu’on appelle un grand théâtre, pour y faire briller toutes ses vertus. »

29.

(V) Une belle femme est aimable dans son naturel ; elle ne perd rien à être négligée, et sans autre parure que celle qu’elle tire de sa beauté et de sa jeunesse. Une grâce naïve éclate sur son visage, anime ses moindres actions : il y aurait moins de péril à la voir avec tout l’attirail de l’ajustement et de la mode. De même un homme de bien est respectable par lui-même, et indépendamment de tous les dehors dont il voudrait s’aider pour rendre sa personne plus grave et sa vertu plus spécieuse. Un air réformé, une modestie outrée, la singularité de l’habit, une ample calotte n’ajoutent rien à la probité, ne relèvent pas le mérite ; ils le fardent, et font peut-être qu’il est moins pur et moins ingénu.

(VI) Une