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disposés à maintenir la culture de leur civilisation, mais nous les encouragerons même à l’affiner.

« C’est, naturellement, notre désir de voir les Coréens capables de se servir de la langue japonaise, et nous donnons toutes les facilités possibles aux enfants des écoles pour en acquérir une bonne connaissance ; ce sont de bons linguistes et la construction du Japonais est la même que le Coréen. Pour les adultes, ce n’est pas tâche facile que d’apprendre une nouvelle langue, aussi nous ne les y obligeons pas. D’autre part, il n’est pas difficile pour des Coréens éduqués de deviner le sens des communications officielles japonaises ou autres écrits similaires, même s’ils n’ont jamais appris la langue, car dans la langue écrite japonaise, les caractères japonais ont exactement le même sens qu’en coréen et les Kana japonais s’emploient de la même façon que les Eun-Mun coréens, et comme je le disais, l’ordre des mots en Japonais et en Coréen est pratiquement identique. Nous encouragerons toujours les Coréens à étudier leur propre langue, mais en même temps, nous espérons aussi qu’il acquerront graduellement la langue japonaise.

« Nous ne voyons pas non plus, continue-t-il, la nécessité de demander aux Coréens de changer leurs coutumes ; nous ne les y avons jamais obligé. Nous prenons bien soin d’observer leurs habitudes et leurs traditions lorsque nous établissons de nouvelles lois ou de nouveaux règlements ; il existe un comité spécialement organisé à ce sujet pour les étudier. Quant à la religion, la Constitution japonaise garantit la liberté de pensée religieuse et chacun peut en jouir dans toute l’acception de l’expression. »

Pour appuyer ses dires, le baron Saïto cita le cas du Japon avant la Restauration de 1868. Le pays était divisé en de nombreux districts, se considérant mutuellement comme étrangers les uns aux autres, et les populations de ces divers districts parlaient chacune leur propre dialecte. Depuis la réforme, une seule langue officielle fut enseignée dans tout l’Empire, afin d’unifier le pays ; mais cela n’indique pas l’intention de détruire les caractéristiques locales ; dans certains districts, ces particularités sont grandement mises en évidence, et la fierté locale y est très forte. De la même manière, les Coréens peuvent être assimilés sans pour cela nécessairement changer leurs coutumes et leurs traditions.

Ceci ne doit pas satisfaire les Coréens de se voir comparer dans une même mesure à des provinces japonaises ; cette destinée ne pourra jamais satisfaire les Coréens au point qu’ils l’acceptent pacifiquement. Dans le détail, le baron Saïto peut répudier l’assimilation ; mais, il me parait clairement, d’après ses dires, que dans l’ensemble, les Coréens y seront contraints dans l’avenir, autant qu’ils l’ont été dans le passé. Cela veut dire, et tous les observateurs seront d’accord avec moi, qu’ils y seront forcés par la pointe des baïonnettes. Aucun Coréen ne l’accepterait autrement.

Je priais alors le Gouverneur de me relater les réformes dont il pouvait se souvenir. J’appuyais sur ce point, que j’étais curieux de savoir, non seulement ce qu’elles seraient, mais surtout quand elles pourraient être effectuées. Le Gouverneur me les exposa une à une, et commença par la liberté de la presse :

« Nous avons l’intention d’accorder la liberté de la presse progressivement, dit-il, et nous sommes en train d’étudier la question. Malgré