Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/289

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grand éléphant de Pégou, dans un mickdember éclatant d’or et d’azur, suivie de cinq ou six autres éléphans, avec des mickdembers presque aussi riches que le sien, pleins des principales femmes de sa maison ; quelques eunuques richement vêtus et montés sur des chevaux de grand prix, marchant à ses côtés la canne à la main ; une troupe de servantes tartares et cachemiriennes autour d’elle, parées bizarrement et montées sur de telles haquenées ; enfin plusieurs autres eunuques à cheval, accompagnés d’un grand nombre de valets de pied qui portaient de grands bâtons pour écarter les curieux. Après la princesse Rauchenara, on voyait paraître une des principales dames de la cour dans un équipage proportionné à son rang. Celle-ci était suivie de plusieurs autres, jusqu’à quinze ou seize, toutes montées avec plus ou moins de magnificence, suivant leurs fonctions et leurs appointemens. Cette longue file d’éléphans, dont le nombre était quelquefois de soixante, qui marchaient à pas comptés, avec tout ce cortége et ces pompeux ornemens, avait quelque chose de si noble et de si relevé, que, si Bernier n’eût appelé sa philosophie à son secours, il serait tombé, dit-il, « dans l’extravagante opinion de la plupart des poëtes indiens, qui veulent que tous ces éléphans portent autant de déesses cachées. » Il ajoute qu’effectivement elles sont presque inaccessibles aux yeux des hommes, et que le plus grand malheur d’un