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cavalier, quel qu’il puisse être, serait de se trouver trop près d’elles. Cette insolente canaille d’eunuques et de valets ne cherche que l’occasion et quelque prétexte pour exercer leurs cannes. « Je me souviens, ajoute Bernier, d’y avoir été malheureusement surpris ; et je n’aurais pas évité les plus mauvais traitemens, si je ne m’étais déterminé à m’ouvrir un passage l’épée à la main plutôt que de me laisser estropier par ces misérables, comme ils commençaient à s’y disposer. Mon cheval, qui était excellent, me tira de la presse, et je le poussai ensuite au travers d’un torrent que je passai avec le même bonheur. Aussi les Mogols disent-ils, comme en proverbe, qu’il faut se garder surtout de trois choses : la première, de s’engager entre les troupes des chevaux d’élite qu’on mène en main, parce que les coups de pied n’y manquent pas ; la seconde, de se trouver dans les lieux où l’empereur s’exerce à la chasse ; et la troisième d’approcher trop des femmes du sérail. »

À l’égard des chasses du grand-mogol, Bernier avait eu peine à s’imaginer, comme il l’avait souvent entendu dire, que ce monarque prit cet amusement à la tête de cent mille hommes. Mais il comprit dans sa route qu’il en aurait pu mener deux cent mille. Aux environs d’Agra et de Delhy, le long du fleuve Djemna, jusqu’aux montagnes, et même des deux côtés du grand chemin qui conduit à Lahor, on rencontre quantité de terres