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incultes, les unes en bois taillis, les autres couvertes de grandes herbes de la hauteur d’un homme, et davantage. Tous ces lieux ont des gardes qui ne permettent la chasse à personne, excepté celle des lièvres et des cailles, que les Indiens savent prendre au filet. Il s’y trouve par conséquent une très-grande abondance de toutes sortes de gibier. Le grand-maître des chasses, qui suit toujours l’empereur, est averti des endroits qui en contiennent le plus. On les borde de gardes dans une étendue de quatre ou cinq lieues de pays, et l’empereur entre dans ces enceintes avec le nombre de chasseurs qu’il veut avoir à sa suite, tandis que l’armée passe tranquillement sans prendre aucune part à ses plaisirs.

Bernier fut témoin d’une chasse curieuse, qui est celle des gazelles avec des léopards apprivoisés. Il se trouve dans l’Inde quantité de ces animaux, qui ressemblent beaucoup à nos faons. Ils vont ordinairement par troupes séparées les unes des autres ; et chaque troupe, qui n’est jamais que de cinq ou six, est suivie d’un mâle seul, qu’on distingue à sa couleur. Lorsqu’on a découvert une troupe de gazelles, on tâche de les faire apercevoir au léopard, qu’on tient enchaîné sur une petite charrette. On le délie, et cet animal rusé ne se livre pas d’abord à l’ardeur de les poursuivre. Il tourne, il se cache, il se courbe pour en approcher et pour les surprendre. Comme sa légèreté est incroyable, il s’élance