Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/132

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jaune, l’allumait à cette lampe, et l’appliquait ensuite sur une pièce de bois qui, tournant sur pivot, leur servait de chandelier.

» Cette décoration, si différente de celle de France, me fit demander à Constance si toute la grandeur de ces mandarins consistait en ce que je voyais. Il me répondit que oui. À cette réponse, me voyant interdit, il me tira à part, et me parlant plus ouvertement qu’il n’avait fait jusqu’alors : « Ne soyez pas surpris, me dit-il, de ce que vous voyez ; ce royaume est pauvre, à la vérité ; mais votre fortune n’en souffrira pas ; j’en fais mon affaire. » Ensuite, achevant de s’ouvrir à moi, nous eûmes une longue conversation dans laquelle il me fit part de toutes ses vues. Cette conduite de Constance ne me surprit pas moins que la misère des mandarins ; car quelle apparence qu’un si rusé politique dût s’ouvrir si facilement à un homme dont il ne venait d’empêcher le retour en France que pour n’avoir jamais osé se fier à sa discrétion ? Mais il sentait qu’il n’avait plus rien à craindre à cet égard dès qu’il me tenait en sa puissance. Je continuai ainsi pendant deux mois à aller tous les jours au palais, sans qu’il m’eût été possible de voir le roi qu’une seule fois. Dans la suite je le vis un peu plus souvent. Ce prince me demanda un jour si je n’étais pas bien aise d’être resté à sa cour. Je ne me crus pas obligé de dire la vérité ; ainsi je lui répondis que je m’estimais fort heureux d’être au service de sa majesté. Il n’y avait