Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/180

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gnées ; il leur ordonnait seulement de lui envoyer un cheval et une charrette avec quelques vivres, pour le porter au Cap, s’il était encore en vie. Cette séparation nous affligea beaucoup ; mais elle était nécessaire. Il n’y eut qu’un jeune homme âgé d’environ quinze ans, fils d’un mandarin, qui ne voulut pas quitter l’ambassadeur, dont il était fort aimé, et pour lequel il avait beaucoup d’affection. La reconnaissance et l’amitié lui firent prendre la résolution de mourir ou de se sauver avec lui, sans autre suite qu’un vieux domestique, qui ne put se résoudre non plus à quitter son maître.

» Le second ambassadeur, un autre mandarin et moi, nous prîmes congé de lui, après lui avoir promis de le secourir aussitôt que nous en aurions le pouvoir ; et nous nous remîmes en chemin avec nos gens, dans le dessein de suivre les Portugais, tout éloignés qu’ils étaient de nous. Un signal que nos Siamois les plus avancés nous firent du haut d’une montagne augmenta notre courage, et nous fit doubler le pas ; mais nous ne pûmes les joindre que vers dix heures du soir. Ils nous dirent que les Portugais étaient encore fort loin ; et nous découvrîmes en effet leur camp à quelques feux qu’ils y avaient allumés. L’espérance d’y trouver du moins de l’eau soutint notre courage. Après avoir continué de marcher l’espace de deux grandes heures au travers des bois et des rochers, nous y arrivâmes avec