Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t2, 1874.djvu/121

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prévu, le dessein de la déclaration, et ce qui se faisait contre son service[1]. Elle en fut vivement touchée ; elle s’en plaignit à ses serviteurs particuliers, comme d’un outrage qu’elle ne pouvait jamais pardonner ; et ce fut lui faire sa cour que de n’aller plus chez le cardinal Mazarin et chez M. de Chavigny.

Les choses étaient en ces termes lorsque M. des Noyers, qui croyait les avoir ruinés auprès de la Reine, se trouva ruiné lui-même auprès du Roi. Ces deux ministres lui persuadèrent que M. des Noyers prenait des mesures avec la Reine, et qu’il n’était contraire à la déclaration que pour se rendre maître de son esprit, quand toute l’autorité serait entre ses mains ; ils lui firent remarquer aussi[2] que le confesseur[3], créature de M. des Noyers, agissait en toutes choses de concert avec lui, et appuyait les intérêts de la Reine. Ces apparences firent toute l’impression qu’ils désiraient sur l’esprit du Roi, naturellement soupçonneux, et affaibli encore par la longueur et par l’extrémité de sa maladie :

  1. Montglat raconte dans ses Mémoires (tome I, p. 402 et suivantes) que de Noyers, après la mort de Richelieu, réussit à soutenir quelque temps sa fortune en venant le soir s’enfermer avec Louis XIII pour lire le bréviaire. Il est vrai qu’en même temps il se ménageait des entrées de faveur chez la Reine, à laquelle il fit part, comme le rapporte la Rochefoucauld, du fameux projet de déclaration. Le Roi sut la chose, et tança vertement « le petit bonhomme, » comme il l’appelait. Celui-ci donna de dépit sa démission à Louis XIII ; elle fut acceptée. De Noyers mourut quelque temps après (1645), dans sa maison de Dangu, inconsolable, dit-on, de s’être, dans un moment d’humeur, retiré si vite des affaires, et contrit principalement de n’avoir pas su deviner quel avenir était réservé au signor Mazarini. — Sur les menées de Mazarin et de Chavigny, d’une part, et de de Noyers, de l’autre, après la mort du cardinal de Richelieu, voyez les Mémoires de la Châtre, p. 177 et suivantes.
  2. Aussi n’est pas dans les éditions antérieures.
  3. Que son confesseur. (1817, 26, 38.)