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LA DOMINATION

gards et de lumière, qu’Antoine Arnault sentait s’abolir tous les plaisirs qu’il avait eus, lui aussi, au bord des rives chantantes !…

La soirée fut courte ; de bonne heure André se retira. Sur l’invitation de Madeleine, Élisabeth accompagna, au travers du jardin, le jeune homme. Et, Antoine des yeux la suivait.

Son cœur se broyait en lui.

« Ah ! pensait-il, comme mon amie est vivante ! Je ne puis pas arrêter sa douce vie. Orages des nuits de mai, senteur des verts orangers, soirs du monde, banjos et cithares, douceur de toutes les contrées, vous me prendrez mon amie ! Elle a devant elle la vie : Hélas ! serai-je longtemps son bonheur ? Je ne puis plus lui donner ce que les femmes préfèrent : le commencement. Je puis lui donner le temps, l’infinie croissance d’un inépuisable amour ; je ne puis