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LA DOMINATION

glorieuses, son aube, ses couchers de soleil et son chant désespéré, — elles qui savent cela, même fatiguées, même malades, même mortes, elles accueillent, bercent et retiennent la mélancolie d’Adam… Aussi lorsque Martin semble s’inquiéter, lorsqu’il s’effraye à l’auscultation du cœur délicat de la jeune fille, Antoine lui dit :

« Tu la connais, demain elle guérira, elle chantera, elle s’éloignera de nous… »

En vain Martin affirme qu’un défaut profond, dans cet organisme passionné, rend cette vie fragile, Antoine ne l’entend point, il est tout occupé à lutter contre Élisabeth. Et, en effet, elle devenait capricieuse, irritée par la maladie.

Quelquefois, quand Antoine s’approchait d’elle avec des mains langoureuses et ce regard où l’âme s’enflamme et s’augmente, elle le repoussait, lui reprochait sa tendre ardeur ; et d’autres fois, quand il se taisait