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L’ECCLÉSIASTIQUE.


dans ce livre, dit Martini, le célèbre traducteur de la Bible en langue italienne, nous y rencontrons une multitude de choses qui peuvent servir à nourrir l’esprit de religion et à nous donner de notre foi la plus haute idée. Je souhaiterais donc de tout mon cœur que ce livre, avec celui des Proverbes et de la Sagesse, fût comme le premier lait dont on nourrisse l’âme de la jeunesse, parce que ces écrits sont les plus utiles pour former non seulement son esprit, mais aussi son cœur, lui donner de hautes pensées la fortifier contre la séduction des passions, lui imprimer les vrais et solides principes qui doivent diriger l’homme dans la vie présente et le rendre digne de la vie éternelle. »

* 8. Division générale de l’Ecclésiastique. — Le livre de l’Ecclésiastique forme un tout, mais sans une suite rigoureuse ; il est écrit sans plan d’ensemble et avec la liberté d’allures qui est commune aux écrivains orientaux, surtout dans les ouvrages de ce genre : les pensées, ainsi qu’il arrive dans les recueils de sentences, ne sont pas reliées entre elles ; les digressions abondent : de là la difficulté ou plutôt l’impossibilité d’en faire une analyse méthodique. On peut y distinguer cependant deux parties bien marquées, d’inégale longueur, la première contenant toutes sortes de préceptes pour la conduite de la vie, i-xlii, 14 ; la seconde faisant l’éloge du Créateur de l’univers et des saints de l’Ancien Testament, xlii, 15-li,

La première partie de l’Ecclésiastique n’a d’autre unité que l’unité générale du sujet, qui est de recommander la pratique de la vertu. Elle « a beaucoup d’analogie avec les Proverbes de Salomon ; elle renferme, sous une forme généralement sentencieuse et proverbiale, une foule de règles de conduite et de maximes morales pour tous les états et pour toutes les conditions ; elle énumère la série des vertus, en relève l’importance, exhorte à leur pratique, expose de même la série des passions et des péchés dominant parmi les hommes, et cherche à en éloigner ou en montrant les conséquences. Elle abonde aussi en avis relatifs à la conduite des affaires domestiques et civiles, exhorte à la sérénité d’esprit, au contentement habituel de son sort, donne des règles de prudence à suivre dans le commerce des supérieurs et des grands. Elle vante surtout les avantages de la sagesse, invite à sa recherche, montre son origine, dit qu’elle est née de la bouche du Très-Haut, qu’elle remplit l’étendue des cieux et la profondeur de l’abîme, qu’elle habite parmi les nations et répand ses enseignements au loin comme les rayons de l’aurore. Voir xv et xxiv. » (Welte.)

La IIe partie a pour objet l’éloge de Dieu créateur et des Saints de l’Ancien Testament, xlii, 15-li. — Après avoir donné toutes sortes de règles de conduite dans sa première partie, le fils de Sirach, dans sa seconde, 1o rend gloire à Dieu, créateur du ciel et de la terre, xlii, 15-xliii ; 2o il nous propose l’exemple des saints de l’Ancien Testament, qui ont pratiqué les vertus dont les 41 premiers chapitres nous donnent les préceptes, xliv-l, et 3o enfin il adresse à Dieu une prière d’adoration et d’action de grâces pour la sagesse qu’il a reçue de lui, li.

1o L’hymne à Dieu créateur est comme un abrégé de théodicée dans lequel l’auteur nous fait connaître les attributs divins en décrivant les merveilles du monde visible. Il termine par une allusion aux merveilles du monde invisible, xliii, 36-37. Ce trait final rappelle le Ps. xviii, dans lequel le Psalmiste, après avoir montré la grandeur de Dieu éclatant dans le gouvernement des corps