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doutes quand le Maître lui dit : Ton frère ressuscitera. Je donnais à la Sainte-Vierge le front pur, le regard pensif, les lèvres closes de ma mère ; ma tante devenait Véronique à cause de son veuvage et pour le bonheur que j’avais eu, un jour, à ce qu’elle lavât ma face suante ; pour Marie, sœur de Marthe et de Lazare, que je voyais assise aux pieds de Jésus, je ne la pouvais imaginer plus rêveuse et plus douce que Daunis ne m’était apparu. Et c’est Charlot que je reconnaissais dans la foule confiante qui suivait le Seigneur, vivait de sa parole, se nourrissait des pains multipliés, et fût allée à Lui en marchant sur les flots. Je plaçais ainsi d’autres visages sur celui des personnages du grand drame chrétien, et mes camarades me servaient encore, suivant leur caractère, pour animer chaque scène. Il n’y avait qu’un passage que j’évitais de relire, celui où saint Pierre, interrogé sur son Maître, le renonce devant des servantes ; il me forçait trop à me rappeler que j’avais aussi abandonné mon ami.