Page:Lafon - L’Élève Gilles, 1912.pdf/228

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Vers la fin d’août, mon père se reprit à sortir dès l’aurore et encore le soir ; il nous laissait même avant le dîner. Notre réunion à table paraissait lui devenir pénible, il mangeait peu, très vite et, souvent, repoussant son assiette dès le milieu du repas, s’accoudait et posait dans ses mains un front qui semblait lourd. Nous tombions de nous-mêmes dans le silence, et, s’il m’arrivait de désirer quelque chose, je ne le savais plus demander qu’à mi-voix, et comme si j’eusse craint de troubler un sommeil. Plus que jamais je me gardais de toute maladresse, et l’instant où mon père se levait pour remonter chez lui, marquait vraiment celui de ma délivrance. Ma tante et ma mère laissaient