Page:Lafon - L’Élève Gilles, 1912.pdf/231

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

caillou dans l’allée menant à la charmille, je m’arrêtai à l’entrée de celle-ci, surpris de voir sur un banc, et le front dans ses mains, mon père que je croyais chez lui. Mon premier mouvement fut de fuir ; je le réprimai et m’avançai jusqu’au banc à l’extrémité duquel je m’assis. Mon père ne semblait pas se douter de ma présence. Je remarquai sur le sable, devant lui, une portée et quelques notes placées sur celle-ci ; la baguette avec laquelle il les avait tracées reposait sur ses genoux. Je ne savais si je devais partir ou rester ; soudain, sans relever la tête, mon père m’ordonna de le laisser ; l’émotion me clouait sur place et je ne pus faire un pas malgré le grand désir que j’avais de m’échapper. La baguette craqua dans ses doigts crispés et de nouveau sa voix s’éleva dans une imploration si douce que, retrouvant mes forces, je me levai. J’allai posément jusqu’à la porte de feuillage ; à peine l’eus-je passée qu’une folle terreur me força de courir ; je franchis le jardin, en sautant les mas-