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sixième époque.

Est-ce moi qui, prenant cette enfant inconnue,
La portais, l’enfermais avec moi dans la nue,
Et, par mon ignorance et son déguisement,
Me créais le péril d’un double sentiment ?
Est-ce moi qui, couvant de nos deux cœurs la flamme,
Nous fis pendant deux ans vivre d’une seule âme,
Pour qu’en nous séparant tout à coup sans pitié,
Chacun des deux de l’autre emportât la moitié ?


. . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . .


Si c’est Dieu qui l’a fait, pourquoi moi qui l’expie ?
L’innocent à ses yeux paye-t-il pour l’impie ?
Ou plutôt est-il donc dans ses sacrés desseins
Que ceux qu’il a choisis ici-bas pour ses saints,
Avant de brûler l’homme à ses bûchers sublimes,
Les premiers sur l’autel lui servent de victimes ?


. . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . .


Ah ! je me soumettrais sans murmure à ta loi,
Dieu jaloux, si du fer tu n’égorgeais que moi !
J’ai voulu, j’ai tenté ton cruel ministère ;
Je saurai jusqu’au sang le subir et me taire.
Mais elle ! mais cet ange à peine descendu,
Pauvre ange prise au piége à l’homme seul tendu,
Tendre enfant par toi-même à mon sein confiée,
Que par mon amour même, ô Dieu, sacrifiée,