Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 4.djvu/404

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
403
neuvième époque.

Viendra de sa lueur éclairer l’étendue,
Et rendre au firmament son étoile perdue.
Et qu’est-ce qui le sait ? et qu’est-ce qui l’écrit ?
Ce ne sont pas les sens, enfants ! c’est donc l’esprit ;
C’est donc cette âme immense, infinie, immortelle,
Qui voit plus que l’étoile, et qui vivra plus qu’elle !…

. . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . .


» Ces sphères, dont l’éther est le bouillonnement,
Ont emprunté de Dieu leur premier mouvement.
Avez-vous calculé parfois dans vos pensées
La force de ce bras qui les a balancées ?
Vous ramassez souvent dans la fronde ou la main
La noix du vieux noyer, le caillou du chemin ;
Imprimant votre effort au poignet qui les lance,
Vous mesurez, enfants, la force et la distance ;
L’une tombe à vos pieds, l’autre vole à cent pas,
Et vous dites : « Ce bras est plus fort que mon bras. »
Eh bien ! si par leurs jets vous comparez vos frondes,
Qu’est-ce donc que la main qui, lançant tous ces mondes,
Ces mondes dont l’esprit ne peut porter le poids,
Comme le jardinier qui sème aux champs ses pois,
Les fait fendre le vide et tourner sur eux-même
Par l’élan primitif sorti du bras suprême,
Aller et revenir, descendre et remonter
Pendant des temps sans fin que Dieu seul peut compter,
De l’espace et du poids et des siècles se joue,
Et fait qu’au firmament ces mille chars sans roue
Sont portés sans ornière et tournent sans essieu ?
Courbons-nous, mes enfants ! c’est la force de Dieu !…