Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/423

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posé de la Vierge, mère du Christ : il appartient aux Arméniens, dont les couvents étaient les plus ravagés par la peste. Nous n’entrâmes donc pas dans le sanctuaire même du tombeau ; je me contentai de me mettre à genoux sur la marche de marbre de la cour qui précède ce joli temple, et d’invoquer celle dont toute mère apprend, de bonne heure, à son enfant le culte pieux et tendre. En me levant, j’aperçus derrière moi un arpent d’étendue, touchant d’un côté à la rive élevée du torrent du Cédron, et de l’autre s’élevant doucement contre la base du mont des Olives. Un petit mur de pierres sans ciment entoure ce champ, et huit oliviers, espacés de trente à quarante pas les uns des autres, le couvrent presque tout entier de leur ombre. Ces oliviers sont au nombre des plus gros arbres de cette espèce que j’aie jamais rencontrés : la tradition fait remonter leurs années jusqu’à la date mémorable de l’agonie de l’Homme-Dieu qui les choisit pour cacher ses divines angoisses. Leur aspect confirmerait au besoin la tradition qui les vénère ; leurs immenses racines, comme les accroissements séculaires, ont soulevé la terre et les pierres qui les recouvraient, et, s’élevant de plusieurs pieds au-dessus du niveau du sol, présentent au pèlerin des siéges naturels, où il peut s’agenouiller ou s’asseoir pour recueillir les saintes pensées qui descendent de leurs cimes silencieuses. Un tronc noueux, cannelé, creusé par la vieillesse comme par des rides profondes, s’élève en large colonne sur ces groupes de racines, et, comme accablé et penché par le poids des jours, s’incline à droite ou à gauche, et laisse pendre ses vastes rameaux entrelacés, que la hache a cent fois retranchés pour les rajeunir. Ces rameaux vieux et lourds, qui s’inclinent sur le tronc, en portent d’autres plus jeunes qui s’élèvent un peu