Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/102

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chitravîrya et le brillant Tchitrângada. Après avoir donné au monde ces enfants, tu reviendras dans ces demeures des Pitris, dont tu t’éloignes pour te dégrader par ta naissance. Va donc, tu seras la fille du prince que tu as vu et d’Adricâ. Tu naîtras à la vie humaine, dans la vingt-huitième partie[1] du Dwâpara, et tu te trouveras enfermée dans le ventre d’un poisson[2]. » Ainsi parlèrent les Pitris, et leur protégée devint Satyavatî, surnommée Dâséyî ou fille de pêcheur, parce qu’elle sortit du sein d’un poisson, toute fille qu’elle était du roi Amâvasou.

Viennent ensuite les mondes Vêbhrâdjas, dont l’éclat brille dans l’air et frappe tous les regards : ils sont habités par les Pitris appelés Varhichads. Tous les ordres de divinités, les Yakchas, les Gandharvas, les Râkchasas, les dragons, les serpents, les oiseaux célestes, ont été animés par les esprits de cette classe de Pitris, nobles fils du patriarche Poulastya[3] : le sort de ces Pitris est magnifique, ils sont puissants et adonnés aux saintes occupations de la pénitence.

Une vierge est née de leur âme : c’est Pîvarî : elle est encore appelée

    Vèdes. Ce vers indique que la division de cet antique ouvrage en quatre livres est de lui : cependant dès l’origine on a compté trois Vèdes, et le quatrième, l’Atharva, passe pour moderne. Il est curieux de voir, dans le Bhâgavata, Vyâsa partager son travail entre ses disciples, et charger Pêla du Rig-véda, Djêmini du Sâma, Vêsampâyana de l’Yadjour, et Soumantou de l’Atharva.

  1. Si j’avais traduit littéralement, j’aurais mis : dans 28e dwâpara. Ce nombre 28 m’a embarrassé. À quoi se rapporte-t-il ? y a-t-il plusieurs dwâparas ? Sans doute, puisqu’un manwantara est composé de 71 mahâyougas. On lit dans les Recherches asiatiques, tom. ii, p.231, que nous sommes à présent dans le satya-youga du 28e mahâyouga. D’un autre côté, je savais que le dwâpara commence le 28e jour de la lune de Bhadra. Mais je me suis rappelé ensuite que dans le viie vol. ibid. p. 230, on cite un vers du Câlicâ, où se trouvent les mots त्रेतायाः प्रथमे भगे : d’où j’ai conclu que chaque youga peut se partager en vingt-huit parties, et c’est ce mot भगे que j’ai ici sous-entendu.
  2. Satyavatî fut trouvée dans le ventre d’un poisson, dont elle retint même l’odeur jusqu’à ce que son amant Parâsara l’eût changée contre celle du lotus. De là ses surnoms de Matsyodarî et de Matsyagandhâ.
  3. J’ai déjà renvoyé le lecteur aux détails que donne Manou sur les classes de Pitris, lect. iii, sl. 194. Je n’entreprends pas de concilier ce législateur avec l’auteur que je traduis : ce serait peut-être une tâche inutile ; le lecteur en jugera par l’exemple suivant. Manou fait les Varhichads enfants d’Atri, et mon auteur dit qu’ils descendent de Poulastya. Je n’ai pas cru non plus devoir m’arréter sur ces différences de nom, que l’on pourrait signaler dans les épithètes. La matière est assez confuse par elle-même, sans qu’elle doive être encore embarrassée par des citations superflues.