Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 1, A-Am.djvu/148

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hiba toutes ses emplettes. (Le Sage.) Ce dernier mot s’applique surtout aux petits objets d’un usage ordinaire : Cette jeune personne est allée à la ville faire des emplettes avec sa femme de chambre. (Volt.) Achat se dit de choses considérables, telles que terres, maisons, etc. : Un grand cabinet de physique et quelques achats de chevaux m’ont un peu épuisé. (Volt.) Sous ce rapport, il se rapproche d’acquisition, mais il en diffère en ce qu’achat s’emploie dans le langage ordinaire, et acquisition en terme de palais.

Antonymes. Cession, vente.

ACHATE (a-ka-te), personnage de l’Enéide, le compagnon le plus dévoué d’Enée et son ami intime. V. Fidus Achates. || S’empl. métaphoriquement, comme nom commun, pour désigner quelqu’un qui ne quitte jamais une personne, qui est toujours à ses côtés : Les confidents intimes, les fidèles Achates, détestables conseillers du pouvoir. (Journ.)

ACHATE s. m. (a-ka-te — de Achate, n. pr.). Entom. Nom spécifique d’une espèce de papillon de jour.

ACHATECHITLI s. m. (a-cha-té-chi-tli – nom mexicain). Ornith. Oiseau du genre pinson, qui habite le Mexique. Il a la taille, le chant et le genre de vie du tarin. On dit qu’il a l’habitude de se frotter contre les roseaux. C’est le fringilla mexicana de Linné.

ACHATIE s. f. (a-ka-tî). Entom. Genre de lépidoptères nocturnes.

ACHAZ (a-ka-ze), roi de Juda, cruel et impie (737-723 av. J.-C.). Il appela contre les rois de Syrie et d’Israël, ses ennemis, le roi d’Assyrie Téglath-Phalasar, et lui livra tout l’or du temple de Jérusalem.

ACHE s. f. (a-che — du celt. ach, eau, par allusion aux lieux où elle croît). Bot. Genre de plantes ombellifères amminées, comprenant quatre espèces, dont l’une, la plus commune, est le céleri : Ce sont les Italiens qui ont, les premiers, transformé l’ache sauvage en plante potagère. (Roques.) L’ache était connue des Grecs, qui en faisaient des couronnes destinées aux vainqueurs dans les jeux isthmiques et néméens. (Roques.) Le front couronné d’ache toujours verte, nous nous excitions à jouir de la vie. (Chateaub.) Aux jeux d’Olympie, à ce premier âge de pur enthousiasme, on décernait seulement, en symbole de victoire, une feuille d’ache ou d’olivier cueillie dans les bois sacrés du temple. (Villem.) || Sert souvent de terme de comparaison, à cause de sa belle couleur verte : La bouteille était verte comme ache, le vin était rouge comme sang. (G. de Nerv.) || Chez les anciens, l’ache jouait, dans les cérémonies funèbres, le rôle que joue chez nous l’immortelle ; d’où ce proverbe grec, en parlant d’un malade désespéré : Il a besoin d’ache, il ne lui faut plus que l’ache, parce qu’on avait coutume de couronner la sépulture des morts avec cette herbe.

Encycl. L’ache est une plante bisannuelle, à racine courte et pivotante, à tige herbacée et rameuse, portant des feuilles ailées, très-découpées, et des fleurs d’un blanc verdâtre, disposées en ombelles. Elle croît dans les marais et sur les bords des ruisseaux de presque toute l’Europe. Elle n’est pas cultivée, car il est reconnu que la culture lui fait perdre les propriétés énergiques qui la caractérisent. On emploie en médecine ses racines, ses feuilles et ses fruits, improprement appelés semences.

Les anciens ont connu les propriétés fondantes et apéritives de l’ache. Horace l’accuse de produire la stérilité. Tournefort la regardait comme fébrifuge, et l’associait au quinquina, dont elle augmentait, disait-il, les propriétés. Les travaux des médecins modernes ont confirmé cette opinion. L’ache est encore diurétique, expectorante et résolutive. La décoction de ses feuilles dans du lait a été préconisée contre l’asthme humide et le catarrhe pulmonaire.

L’ache, modifiée par la culture, a produit la plante bien connue sous le nom de céleri.

Homonyme. Hache.

ACHÉE s. m. (a-ché — de Achée, n. mythol.). Mamm. Genre de mammifères quadrumanes, dont on ne connaît qu’une espèce, appelée vulgair. paresseux.

— Crust. Genre de crustacés décapodes.

ACHÉE s. f. (a-ché — du lat. esca, pâture). Nom vulgaire du lombric ou ver de terre, et, par ext., de tous les vermisseaux, larves, insectes dont se servent les pêcheurs pour amorcer leurs lignes. || On dit aussi ache, aiche et èche. Ce dernier mot devrait prévaloir, à cause de l’étymologie.

ACHÉE (a-ché), fils de Neptune et de Larisse.

ACHÉEN, ENNE adj. et s. (a-kè-ain, è-ne — rad. Achaïe). Géogr. anc. Habitant de l’Achaïe ; qui concerne l’Achaïe ou ses habitants : Le conseil achéen. Les Achéens avaient une réputation de moralité et de probité qui les fit plus d’une fois choisir pour arbitres par leurs voisins. Tous les auteurs qui ont parlé de la constitution achéenne en ont vanté la sagesse. (L. Renier.) || Quelquefois, par ext., on donne le nom d’Achéen à tout habitant de la Grèce.

ACHÉENNE (Ligue — pr. a-ké-ène), fédération de douze villes de l’Achaïe, sur la côte nord du Péloponèse, et dont les principales étaient Patras, Ægium, Hélice, Dyme et Pellène. Elle n’acquit une véritable importance politique que vers 250 av. J.-C., lorsque Aratus, qui en fut nommé dix-sept fois stratège, l’eut accrue par l’accession de villes étrangères et lui eut donné l’impulsion en l’opposant à la domination macédonienne, qui pesait sur une partie de la Grèce. Les bases de la confédération étaient l’entière égalité des États qui en faisaient partie ; le maintien de la démocratie tempérée dans les villes ; la liberté municipale, en tant que les intérêts généraux n’étaient pas engagés ; une assemblée générale qui décidait de la paix, de la guerre et des alliances ; enfin un conseil supérieur de démiurges, à la tête duquel était un stratège ou chef militaire. La ligue Achéenne fut le dernier centre de force, le dernier abri de la nationalité grecque. Pendant plus d’un siècle elle lutta, souvent avec succès, contre les rois de Macédoine, les cités dissidentes, enfin contre les Romains. Ses plus grands hommes furent Aratus et Philopœmen. Elle fut dissoute après la funeste journée de Leucopetra, qui livra définitivement la Grèce aux Romains (146 av. J.-C.).

ACHÉEN-PÉLASGE s. et adj. (a-ké-ain-pé-la-je — Achéen et Pélasge). Géogr. anc. Habitant de la péninsule achéo-pélasgique.

ACHEIRE adj. (a-kè-re — du gr. a priv. ; cheir, main). Terat. Qui est privé de mains, surtout en parlant d’un fœtus.

ACHEIRIE s. f. (a-ké-rî — rad. acheire). Térat. État d’un fœtus qui n’a pas de mains.

ACHÉIROPOÏÈTES s. f. pl. (a-ké-i-ro-po-iè-te — du gr. a priv, ; cheir, main, et poieo, faire ; qui n’est pas fait par une main). Nom donné à des images qui, suivant la tradition, étaient dues à un miracle. Les plus célèbres sont la sainte face que possédait sainte Véronique, le portrait du Sauveur donné au roi Abgar, celui que l’on conserve à Saint-Jean de Latran, à Rome, et qui, ébauché par saint Luc, avait été achevé par les anges ; enfin, diverses figures de la sainte Vierge.

ACHEL, village de l’Hindoustan, dans les États de Maïssour, à 80 kil. de Seringapatam ; très-célèbre dans l’Inde par une caverne d’où s’exhalent des flammes, qui, selon, les brahmanes, sont une manifestation de la Divinité. Achel est l’objet de nombreux pèlerinages.

ACHÉLOÏDE s. (a-ké-lo-i-de — rad. Achéloüs). Hist. anc. Descendant d’Achéloüs. || Mythol. On donnait aussi ce nom aux sirènes, filles d’Achéloüs, et aux nymphes en général : Dans le bassin italo-hellénique qui sépare les deux contrées, voyez les nymphes des mers, des fleuves, des fontaines, se dessiner en sirènes, sibylles, muses, achéloïdes, aganippides. (V. Parisot.)

ACHÉLOÏTE s. m. (a-ké-lo-i-te). Foss. Nom d’une coquille, espèce de pétrification qui se trouve assez fréquemment dans les anciens marbres d’Altdorff, en Suisse.

ACHÉLOUS (a-ké-lo-uss), fleuve de l’Épire, qui coulait entre l’Acarnanie et l’Étolie. Homère l’appelait le roi des fleuves. C’est sur les bords de cette rivière que les mythologues placent la mort du centaure Nessus. C’est l’Aspro-Potamo.

ACHÉLOÜS, dieu-fleuve, fils de Téthys et de l’Océan, père des sirènes, vaincu plusieurs fois par Hercule, à qui il avait osé disputer Déjanire. Hercule lui arracha même une de ses cornes, qui, remplie par les nymphes de fleurs et de fruits, devint la corne d’abondance.

— S’empl. comme nom commun, pour désigner des statues représentant ce fils de l’Océan et de Téthys : Les mythologues ont fait voir que ces prétendus Bacchus étaient des Achéloüs ou des fleuves agriculteurs. (V. Parisot.)

ACHEM (a-chèm), v. de Malaisie, située à l’extrémité N.-O. de l’île de Sumatra, à 4 kil. de la mer ; 18,000 hab. Rade vaste et sûre. Le royaume d’Achem, dont cette ville est la capitale, compte environ 2,000,000 d’hab. Cette contrée produit en abondance le riz, le coton, et presque tous les végétaux de la zone torride. L’agriculture y est plus soignée que sur la plupart des littoraux indiens. On y élève du bétail, et en particulier une race de petits chevaux dont l’exportation ne manque pas d’importance. Mines d’or et de cuivre, d’un produit assez considérable. Les établissements anglais tirent d’Achem du poivre, du bétel, du soufre, du camphre, du benjoin et des soies écrues ; mais son commerce, si florissant il y a deux siècles, s’est vu presque ruiné par les établissements anglais de Malacca, Penang et Singapour.

ACHÉMÈNE (a-ké-mè-ne), fils d’Egée ; donna son nom à une partie de la Perse.

ACHÉMÉNIDE s. (a-ké-mé-ni-de). Hist. Descendant d’Achémène : C’est de la famille des Achéménides que sont issus Darius, fils d’Hystaspe, et Cyrus.

ACHEMENTS s. m. pl. (a-che-man). Blas. Syn. de Lambrequins.

ACHEMINANT (a-che-mi-nan) part. prés. du v. Acheminer.

ACHEMINÉ, ÉE (a-che-mi-né) part. pass. du v. Acheminer. Mis en chemin : Marchandises acheminées à la ville. Convois acheminés.

nous voir en notre navire
À si bon port acheminés.
Malherbe.

— Fig. Mis en train, en bonne voie : Le cardinal, voyant l’affaire assez acheminée pour pouvoir former le dessein de l’arrêter, résolut de prendre des mesures avec Mme  de Chevreuse. (La Rochef.) Le maître a bien voulu le recevoir en qualité d’officier. Si Dieu me le conserve, le voilà bien acheminé. (J. de Maistre.)

— Manég. Cheval acheminé. Qui sait aller droit devant lui, qui commence à obéir à la bride, à l’éperon, qui est presque dressé.

— Techn. Glace acheminée. Dont on a déjà enlevé les plus fortes aspérités.

ACHEMINEMENT s. m. (a-che-mi-ne-man — rad. chemin). Action de suivre un chemin, de se diriger vers un but : Ces canaux qui unissent les fleuves, les lacs et les mers, qui ouvrent des routes inconnues, mettent un facile acheminement là où la nature semblait avoir créé un obstacle. (St-Marc Gir.)

— Fig. Disposition, préparation, moyen de parvenir Toute la vie est un acheminement vers la mort. Cette manière de vivre est un merveilleux acheminement à la passion. (Pasc.) Ce titre lui avait été donné par le pape comme un acheminement au titre de grand-duc de Toscane. (Balz.) L’exagération est un acheminement vers le mensonge. (Mme  Monmarson.) Paraître savoir ce qu’on ne sait pas est un acheminement vers la fausseté. (Mme  Laya.)

— Absol. : On nous empêche de danser, c’est un acheminement ; car les mêmes moyens, qui sont tous pour nous détourner du péché, peuvent servir et serviront à nous décider aux bonnes œuvres. (P.-L. Cour.)

ACHEMINER v. a. ou tr. (a-che-mi-né — rad. chemin). Mettre en chemin, diriger vers un lieu : Acheminer du blé vers le marché. Moreau eut le temps d’arriver à Turin, et d’acheminer vers la France tout son attirail de guerre. (Thiers.)

— Fig. Diriger, amener graduellement : La physique achemine l’esprit à la chimie. (E. Pelletan.) Le roman donne la lecture à la moitié du genre humain, et l’achemine par le sentiment à la réflexion. (E. Pelletan.)

. . . . . . . Au trépas
Chaque moment de plaisir l’achemine.
La Fontaine.


|| Hâter, presser, mettre en état de réussir, en parlant d’une entreprise : C’est une nouvelle qui achemine la paix. (Mme  de Sév.) Il refusait d’acheminer cette affaire par des voies raisonnables. (Boss.)

— Manég. Accoutumer un cheval à marcher devant lui, à obéir à la bride et à l’éperon.

S’acheminer, v. pr. Se diriger vers : Tous les jours je m’acheminais, sous un prétexte quelconque, au côté de la vallée, mon fusil sous le bras, mon chien sur mes pas. (Lamart.) L’ouvrier voyageur, reprenant la longue course de compagnonnage, s’achemine vers une autre ville en chantant ses chansons. (Michelet.)

— Absol. Se mettre en marche : La foule des bourgeois et des bourgeoises s’acheminait de toutes parts dès le matin. (V. Hugo.)

Je m’acheminerai quand il en sera temps
La Chaussée.

— Fig. S’avancer, aller progressivement, arriver à son but, à ses fins : Je voyais notre débutant s’acheminer vers une de ces chutes dont on ne se relève guère. (G. Sand.) Cette doctrine explique l’existence par des transformations où l’homme s’achemine à de sublimes destinées. (Balz.) Par les chemins de fer, l’humanité s’acheminera vers les sanctuaires de la fraternité universelle. (Mich. Chev.) || Arriver à un terme, en parlant des choses : Je vois avec plaisir que tout s’achemine à ce qu’il vous plait d’appeler mon bonheur. (J.-J. Rouss.)

Depuis ce coup fatal, le pouvoir d’Agrippine
Vers sa chute à grands pas chaque jour s’achemine.
Racine.

— Absol. Être en voie de conclusion : Cette affaire s’achemine. L’œuvre de Dieu s’acheminait. (Boss.)

ACHEMOIS, OISE s. (a-ché-moi, oi-ze — rad. Achem). Géogr. Habitant du royaume d’Achem : Au S.-E., le royaume d’Achem confine aux pays des Battas, peuple indépendant comme les Achemois. (Am. Tardieu.)

— adj. Qui appartient, qui a rapport au royaume d’Achem ou à ses habitants : Coutumes, mœurs achemoises. Commerce achemois.

ACHÉNIEN, ENNE adj. (a-ké-ni-ain, è-ne). Géol. Se dit d’une subdivision du terrain crétacé.

ACHÉNION s. m. (a-ké-ni-on — du gr. achèn, pauvre). Entom. Genre de coléoptères.

ACHÉNODE s. m. (a-ké-no-de). Bot. Fruit résultant de la réunion de plusieurs akènes sur un même plan.

ACHENWAL (Godefroy — pr. a-kèn-ouall), économiste allemand, le créateur de la statistique, né en 1719, à Elbing (Prusse), mort à Gœttingue en 1772. Ses études sur l’histoire des peuples et sur l’économie politique le conduisirent à créer une science nouvelle à laquelle il donna le nom de statistique. Ses principaux ouvrages sont : Éléments de la statistique des principaux États de l’Europe ; Histoire des États de l’Europe ; et Principes d’Économie politique.

ACHÉO-HELLÉNIQUE adj. (a-ké-o-èl-lé-ni-ke). Géog. anc. Qui concerne à la fois les Achéens et les Hellènes.

ACHÉO-PÉLASGIQUE adj. (a-ké-o-pé-lass-ji-ke). Géogr. anc. Qui concerne l’Achaïe et le Péloponèse : La péninsule achéo-pélasgique.

ACHÉRON n. pr. m. (a-ké-ron, ou a-ché-ron ; cette dernière prononciation qui figure dans le dictionnaire de l’Acad., a été adoptée au Théâtre-Français. Malgré ces deux autorités, beaucoup préfèrent a-ké-ron — du gr. achos, douleur ; roos, fleuve). Fleuve des Enfers.

— Géogr. et myth. Les géographes distinguaient deux fleuves de ce nom ; l’un en Grèce, l’autre en Italie, dans le Brutium, descendant des Apennins dans la Méditerranée. L’Achéron de la Grèce, le plus connu, prenait sa source au marais d’Achéruse, et débouchait près d’Ambracie, dans la mer Ionienne, après avoir traversé la Thesprotie. Il porte aujourd’hui le nom de Velikhi. Ses eaux étaient noirâtres et saumâtres, et coulaient sous terre dans une grande partie de leur parcours, de là le nom de fleuve des Enfers que les poètes donnèrent à l’Achéron. Caron le faisait passer dans une barque, aux âmes des morts, moyennant un droit pour l’acquittement duquel on plaçait une obole sous la langue du mort. Selon la mythologie grecque, l’Achéron était un des fils du Soleil et de la Terre, changé en un fleuve infernal par Jupiter, pour avoir fourni de l’eau aux Titans.

— En poésie, ce mot signifie l’Enfer même, la mort elle-même :

La peste, puisqu’il faut l’appeler par son nom
Capable d’enrichir en un jour l’Achéron...
La Fontaine.

Épithètes. Avare, inflexible, qu’on ne repasse point, redoutable, terrible, affreux, horrible, triste, noir, sombre, ténébreux, infernal, rapide, fougueux, bourbeux, fangeux.

Allus. littér. Et l’avare Achéron ne lâche point sa proie, Allusion tirée d’un vers de la Phèdre de Racine (acte II, scène v). Le bruit de la mort de Thésée s’est répandu ; Phèdre, dans la fameuse scène de la déclaration, veut appeler sur son propre fils l’intérêt d’Hippolyte, fils de Thésée et d’une première épouse. Hippolyte cherche à la rassurer :

Madame, il n’est pas temps de vous troubler encore ;
Peut-être votre époux voit encore le jour ;
Le ciel peut à nos pleurs accorder son retour.
Neptune le protège, et ce dieu tutélaire
Ne sera pas en vain imploré par mon père.

                    phèdre

On ne voit point deux fois le rivage des morts,
Seigneur ; puisque Thésée a vu les sombres bords,
En vain vous espérez qu’un dieu vous le renvoie ;
Et l’avare Achèron ne lâche point sa proie.

Ce vers célèbre a passé dans la langue, où il désigne, non pas la mort, comme dans la scène d’où il est tiré, mais des passions jalouses comme l’amour, la haine, l’envie, et surtout la rapacité unie à la ténacité :

« Que le zèle du cénobite vienne à se refroidir, il peut se retirer quand il voudra, il est libre, le monastère ne le retient pas. On lui rendra ses habits de laïque ; mais admirez ceci, vous tous qui avez une notion du juste et de l’injuste ; on ne lui rendra pas sa promesse ! Le monastère garde son bien :

Car l’avare Achéron ne lâche point sa proie.
P.-J. Proudhon.

« Voilà le mont-de-piété ambulant auquel l’étudiant peut, sans se déranger, accrocher sa garde-robe et même sa montre ; car la plupart des marchands d’habits achètent tout ce qui se vend et peut se revendre. Il est vrai que ce mont-de-piété, comme l’avare Achéron, ne lâche point sa proie ; mais l’étudiant y tient peu, et pourvu qu’il ait le droit de vendre, il se passe du droit de racheter. »

                         Victor Fournel.

ACHÉRONTIA (a-ké-ron-si-a), nom sous lequel les anciens désignaient plusieurs marais situés en divers pays, et dont les ouvertures conduisaient aux régions infernales. Il en est question dans le Télémaque.

ACHÉRONTIE s. f. (a-kê-ron-sî — rad. Achéron). Entom. Genre d’insectes lépidoptères qui a pour type le sphinx atropos, vulgairement appelé tête de mort. V. Sphinx.

ACHÉRONTIEN, ENNE adj. (a-ké-ron-si-ain, è-ne — rad. Achéron). Géogr. anc. De l’Achéron, qui appartient à l’Achéron. || On dit aussi Achérontique.

ACHÉRONTIENS adj. m. pl. Nom que les Étrusques donnaient à quinze volumes qui enseignaient l’art de tirer des prédictions de toutes sortes d’événements. On les appelait aussi livres tagétiques, parce qu’on les supposait recueillis parle devin Tagès : Nous trouvons chez les Étrusques des livres achérontiens, qui formaient une partie importante de leur théologie, et renfermaient la doctrine mystique de la purification des âmes, ainsi que de leur élévation au rang des héros ; ils passaient pour avoir été apportés aux écoles sacerdotales de l’Étrurie par Bacchès, disciple de Tagès. (Encycl. mod.) || On dit aussi livres achérontiques.

ACHÉRONTINS s. m. pl. (a-ké-ron-tain — rad. Achéron). Géogr. anc. Ancien peuple riverain de l’Achéron.

ACHÉRONTIQUE ou ACHÉRONTIEN adj. (a-ké-ron-ti-ke — rad. Achéron). Géogr. anc. De l’Achéron, qui appartient à l’Achéron.

À-CHER-PRIX s. m. (a-chèr-pri — des trois mots à, cher, prix). Dr. féod. Redevance stipulée par quelques seigneurs ecclésiastiques, et qui les autorisait à exiger, à la mort de