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tantôt au nord, selon que le soleil est de ce côté-ci ou de l’autre côté de l’équateur.

AMPHISCOPIE s. f. (an-fi-sko-pî — du gr. amphi, autour ; skopia, action d’observer). Bot. Genre de plantes de la famille des aeanthacées, formé pour un petit arbuste du Brésil encore peu connu.

AMPHISE s. f. (an-fl-ze). Entom. Genre délépidoptères nocturnes, renfermant une Feule espèce, qu’on rapporte aujourd’hui au tenre tortrix (tordeuses ou pyrales).

AMPHISILE s. m. (an-fi-zi-le). Ichth. Genre de poissons dont le dos est cuirassé de larges pièces écailleuses.

AMPHISMILE s. f. (an-fi-smi-le — du gr. amphi, des deux côtés ; smilê, couteau). Ane. chirur. Scalpel ou bistouri à. deux tranchants.

AMPHISPHALSIS s. m. (an-fi-sfal-sissgr. ampîiisphalsis,’< action do retourner de l’autre côté). Anat. Mouvement circulaire que l’on, imprime à l’os de la cuisse pour le réduire quand il est luxé.

AMPHISPORE s. m. (an-fi-spo-rû — du gr : amphi, des deux côtés ; spora, semence). Bot. Genre de champignons de la taniille des gastéromycètes.

AMPHISSA ou SALONA, ville de Grèce, à no kit— d’Athènes. Ses habitants s’étant permis de labourer le territoire du temple de Delphes, les Grecs entreprirent contre Amphissa une guerre sacrée dont le commandement fut confié à Philippe, roi de Macédoine, qui prit et jasa la ville en 339 av. J.-G.

AMPHISSA, fille de Macar et petite-fille d’Eole, qui donna son nom à une ville.

AMPHISTAURE s. m. (an-fi-stô-re —■ du gr. amphi, dos deux côtés ; stauros, pieu). Entom. fonre de coléoptères pentameres, de la famille des lamellicornes, formé aux dépens du genre cétoine.

AMPHISTÉGINE s. f. (an-fi-sté-ii-ne — du gr. amphi, autour do ; steqè, chambre). Zool. Genre de céphalopodes, de l’ordre des entomostègues et de la famille des astôrigônidées, comprenant plusieurs espèces vivantes, et d’autres fossiles, trouvées dans les sables de la mer et— dans les couches terrestres supérieures.

AMPHISTOME adj. (an-fi-sto-me — du gr. amphi, autour ; stoma, bouche). Antiq. gr. Se disait d’une phalange disposée de manière à faire front’devant et derrière.

— Helminth. Genre de Vers intestinaux, présentant un pore terminal ot solitaire à chaque.extrémité du corps.

— s. f. pl. Bot. Ordre de la famille dos mousses.

AMPHISYMPATHIE s. f. (an-fi-sain-pa-tîdu gr. amphi, autour, et îr. sympathie). Philos. Dans le système de Fourier, sympathie qui s’étend à. tous les êtres qui nous approchent.

AMPHITANE s. f. (an-fi-ta-ne). Minér. Espèce de pyrite magnétique dont parlent les anciens auteurs. Selon eux, elle se trouvait dans les mines d’or de l’Inde.

AMPHITAPA s. f. (an-fl-ta-pa — du gr. amphitapos, velu des deux côtés). Antiq. Mot qui désignait une espèce particulière d étoffe ayant du poil des deux cotés.

AMPHITHALAME s. m. (an-fi-ta-la-medu gr. amphi, autour do ; tlialamos, chambre à coucher). Antiq. gr. Nom qu’on donnait, chez les Grecs, à une petite chambre placée à côté du lit, dans laquelle était un autre lit pour coucher un esclave, il Lit dont le chevet est adossé au chevet d’un autre lit.

AMPHITHALÉE s. f. (an-fi-ta-lé — gr. a ? nphithalês, qui fleurit tout autour). Bot, Genre de plantes de la famille des légumineuses, propre à l’Afrique australe.

AMPHITHÉÂTRAL, ALE adj. (an-fi-té-atrat — rad. amphithéâtre). D’amphithéâtre ; qui appartient, qui a rapport à un amphithéâtre : La disposition amphithéâtrale faisait que chaque spectateur ne respirait pas ’air déjà respiré par d’autres. (Nisard.) La forme amphithéâtrale, déjà consacrée pour nos assemblées législatives, l’a été en quelque sorte définitivement dans la reconstruction de la Chambre des députés. (Gourlier.) [i Inusité au masc. pl.

AMPHITHÉÂTRE s. m. (an-fi-té-â-tre — du gr. amphi, autour ; theatron, théâtre). Chez les anciens, Grand édifice de forme ronde ou ovale, garni de gradins, d’où l’on assistait aux— combats de gladiateurs ou de bêtes féroces : L’amphithéâtre de Vespasièn ou Colisée. L’amphithéâtre de Nimes, d’Arles. Ce ne fut guère que sous Auguste que les amphithéâtres déployèrent à Borne toute leur magnificence. (Encycl.) L’arène était la partie de l’amphithéâtre dans laquelle se donnaient les combats de gladiateurs et de bêtes féroces. (.Millin.) Les gradins inférieurs de l’amphithéâtre étaient pour les citoyens distingués ; les suivants pour ceux des classes inférieures du peuple. (Millin.) Tant que Rome garda la dépravation de ses mœurs païennes, ses amphithéâtres occupèrent le premier rang parmi tous ses monuments. (Guiraud.) Vérone a un amphithéâtre qui rappelle le Colisée de Home. (Ad. Paul.)

— Fig. : Le monde est un vaste amphithéâtre où chacun est placé tant bien que mal sur son gradin ; on croit que la suprême félicité est sur les gradins les plus élevés, c’est une erreur. (Mme  « de Maintenon.)

— Par ext. Ensemble des spectateurs qui se trouvent dans un amphithéâtre : Tout l’amphithéâtre se leva pour le regarder. (Volt.)

— Dans nos théâtres, Partie de la salle qui s’élève en pente devant la scène,’soit immédiatement au-dessus du parterre, soit aux rangs supérieurs des loges : Billet d’amphithéâtre. Amphithéâtre des premières loges, du parterre.

— Lieu où les professeurs d’anatomie, de chimie, etc., font leurs démonstrations, donnent leurs leçons : L’amphithéâtre du Jardin des Plantes. L’amphithéâtre de l’École de médecine. L’amphithéâtre de la Sorbonne.

— Particulièrem., Salle où se font les dissections : Que de malheureux ne sortent de l’hôpital que pour aller à l’amphithéâtre ! La fréquentation des amphithéâtres de dissection dispose aux maladies adynamiques. (Chomel.) Nos amphithéâtres sont des écoles anatomiques où la mort enseigne à épeler la vie. (Descuret.) ;

— Se dit, par analogie, d’un terrain, d’un site quelconque qui va en s’élevant graduellement : De chaque côté, le terrain s’élève en amphithéâtre. Ici des coteaux s’élèvent comme en amphithéâtre. (Fén.) Naples est bâtie en amphithéâtre au bord de la mer. (Mme de Staël.) La petite ville de Trévoux s’élève en amphithéâtre sur la gauche de la Saône. (Malte-Brun.) La partie de la ville qu’on aperçoit en se retournant est aussi —très-bien disposée pour le coup d’œil, et présenté un amphithéâtre de rues et de terrasses plus agréables avoir qu’à parcourir. (Gér. de Nerv ;)

Le village au-dessous forme un amphithéâtre.

Boileau.

Des monts et des coteaux le vaste amphithéâtre
Disparaît tout à coup sous un voile grisâtre.

Saint-Lambert.

Et, dans l’enfoncement de l’horizon bleuâtre,
De ces monts fugitifs le long amphithéâtre

Delille.

— Encycl. Chez les anciens, les amphithéâtres étaient de grands édifices de forme ronde ou elliptique, présentant, comme leur nom même l’indique, l’aspect d’un double théâtre. Ils étaient spécialement affectes aux combats de gladiateurs ou de bêtes féroces, et quelquefois aux représentations dramatiques. Voici quelle était le plus souvent leur disposition. Au centre était l’arène, réservée. aux combattants, entourée d’un large mur, haut de douze à quinze pieds. À partir de ce mur ou soubassement, appelé podium, s’élevaient en gradins, jusqu’au faîte de l’édifice, les sièges destinés aux spectateurs. Ces gradins étaient coupés de distance en distance par de petits escaliers de communication, et les divisions ainsi formées s’appelaient coins (cunei), à cause de leur forme angulaire. Chaque escalier aboutissait à une porte de dégagement appelée du nom énergique et pittoresque de vomitoire. Enfin, pour faciliter la circulation, des gradins plus hauts et plus larges que les autres, servant en quelque sorte de paliers, divisaient l’amphithéâtre sur sa hauteur ; on les nommait précinctions, ou encore baltei (baudriers, objets dont ils affectaient la forme). La section des gradins supérieurs s’adossait, dans tout son pourtour, à un portique couvert, en colonnade du côté de l’amphithéâtre, fermé vers l’extérieur, et servant tout à la fois de promenoir et d’abri. Deux portes situées à chaque extrémité de l’édifice, sur son grand axe, donnaient entrée dans l’arène : l’une se nommait porte sanitaire (sanavioaria) ; c’est par elle qu’arrivaient les combattants ; l’autre, porte mortuaire (mortualis ou libitinensis) ; elle servait à l’enlèvement des gladiateurs mis hors de combat. Des caveaux voûtés, disposés autour de l’arène, renfermaient les bâtes féroces destinées à entrer en lice, ou l’eau qui devait transformer l’arène en lac pour les namnachies. (V. ce mot.) Extérieurement, l’amphithéâtre offrait’un ou deux étages de portiques en arcades, avec des colonnes ou des pilastres. Des mâts fixés dans l’entablement servaient a tendre les cordages destinés à supporter le velarium, immense voile qui abritait les spectateurs contre le soleil ou la pluie.

Le plus ancien amphithéâtre de l’Italie qui ait subsisté jusqu’à nos jours paraît être celui de Sutri (l’antique Sutrium) ; c’est un ouvrage des Etrusques, admirable, unique en son genre ; il est entièrement taillé dans le roc et mesure environ mille pas de circonférence ; il a conservé tous ses couloirs, ainsi que six rangs de gradins. Au commencement de ce siècle, le marquis Savorelli, possesseur d’une villa dont fait partie ce curieux monument, a eu le bon esprit de faire enlever le sable, les buissons et les arbres qui avaient envahi l’enceinte. On assigne également une haute antiquité à l’amphithéâtre de Capoue, qui présente au centre quelques constructions dont les archéologues n’ont pu s’expliquer la destination. Quelques auteurs attribuent aux Capouans, peuple aussi sanguinaire qu’efféminé, l’invention des combats de gladiateurs et celle du velarium. Leur amphithéâtre, en partie détruit par les Romains après le passage d’Annibal, fut rebâti sous Jules-César, réparé, embelli sous Adrien, et dédié à Antonin le Pieux. Au moyen âge, il fut transformé en citadelle ; les Sarrasins y soutinrent un siège

it ; plusieurs murs furent renversés, dans la suite les matériaux furent employés à la construction de la cathédrale et d’autres édifices. Il en reste encore, toutefois, des débris fort beaux.

L'amphithéâtre ou colisée de Pouzzoles, où Auguste assista à des jeux célébrés en son honneur, contenait quarante mille spectateurs. Il est actuellement dans un état de dégradation presque complète ; mais le vaste réservoir souterrain qui contenait l’eau destinée aux naumachies est à peu près intact ; les Italiens le nomment le labyrinthe.

Le grand amphithéâtre de Lucques, encombré au dedans, mais assez bien conservé au dehors, remonte aux premiers temps des Césars : au moyen âge, les citoyens lucquois y tenaient des assemblées politiques, ce qui le fit appeler le Parlascio.

L’amphitfiéàtre de Pompéi, préservé contre les injures des’barbares et du temps par la couche de cendre dans laquelle il a été si longtemps enseveli, pouvait contenir jusqu’à vingt mille personnes, plus que la ville ne comptait d’habitants ; mais les populations du voisinage ne manquaient pas de s’y porter aux jours de spectacles. Tacite nous apprend que ce lieu de réjouissances devint le théâtre d’une affreuse scène de carnage (atrox cœdes) entre les habitants de Pompéi et ceux de Nuceria, venus pour assister a un combat Me gladiateurs.

L’Italie compte plusieurs autres amphithéâtres, dont les plus remarquables sont décrits aux villes où ils se trouvent. Il nous suffira de citer : en Italie, le célèbre Colisée de Rome, les amphithéâtres de Vérone, de Paestum, d^Albe, d’Otricoli, de Syracuse, d’Agrigente, de Catane ; en Grèce, ceux d’Argos et de Corinthe ; en Espagne, celui d’Hipella ; en France, ceux de Fréjus et d’Autun, et les arènes de Nîmes et d’Arles.

AMPHITHÉÂTRIQUE adj. (an —fi— té-atri-ke — rad. amphithéâtre). Disposé en amphithéâtre. Très-pou usité.

AMPHITHÉRION s. m. (an-fi-tô-ri-on — du gr. amphi, préposition qui marque le doute ; thêrion, animal). Foss. Fossile regardé par quelques auteurs comme une espèce de diaclphe, par quelques autres comme un mammifère monadelphe, et-par plusieurs, enfin, comme un ovipare voisin des sauriens ou de certains poissons.

AMPHITHÈTE s. m. — (an-fi-tè-te — du gr. amphithetos, même sens). Antiq. Coupe à doux anses d’une grande capacité, dont les Grecs faisaient usage.

AMPHITHOÉ s. m. (an-fi-to-é — n. myth.). Crust. Genre de crustacés amphipodes, établi pour plusieurs espèces de crevettes.

AMPHITHOÉ. Nom d’une Néréide.

AMPHITHOÏTE s. m. (an —fi-to-i-te — de Amphithoé, n. myth.). Zool. Nom donné à un genre de polypiers faussement établi sur un fossile des environs de Paris.

AMPHITRÉTIE s. f. (an-ft-tré-tî — du gr. amphitréSj percé des deux côtés). Bot. Genre de champignons dont les deux surfaces sont poreuses.

AMPHITRICHE s. m. (an-fi-tri-che — du gr. amphi, autour de ; thrix, trichos, cheveu). Bot. Genre de champignons qui se trouvent sur le bois des pins et des sapins exposés à l’air.

AMPHITRITE, déesse de la mer, fille de Nérée et de Doris. Elle épousa Neptune, qui la rendit mère de Triton et d’un grand nombre de nymphes. Amphitrite avait une statue dans un temple à Corinthe ; elle était adorée dans l’île de Ténos, une des Cyclades. Les poètes la représentent se promenant sur leseaux, dans un char en forme de coquille, traîné par’des dauphins ou des chevaux marins, tenant à la main un sceptre d’or pour marquer son autorité sur les flots. Les Tritons et les Néréides accompagnent son char ; les uns tiennent les rênes, les autres sonnent de la trompette aveo leurs conques recourbées pour annoncer l’arrivée lie la déesséà toutes les divinités secondaires. Quelques poètes la représentent portant dans ses bras un jeune enfant auquel ils donnent le nom de Palémon.

En poésie, Amphitrite signifie la mer. Les poètes disent le sein d’Amphitrite, le dos d’Amphitrite, pour l’intérieur de la mer, la surface de la mer :

Du rapport d’un troupeau, dont il vivait sans soins,
Se contenta longtemps un voisin d’Amphitrite.

La Fontaine.

Au fond des vastes mers le dieu se précipite,
Et cherche son salut dans le sein d’Amphitrite.

Aignan.

Belle Aréthuse, ainsi ton onde fortunée
Roule au sein furieux d’Amphitrite étonnée.
Un cristal toujours pur et des flots toujours clairs,
Que ne corrompt jamais l’amertume des mers.

Voltaire.


AMPHITRITE s. f. (an-fi-tri-te-n. myth.). Annél. Genre de vers marins tubicoles, de la classe des chétopodes, dont les espèces sont répandues dans toutes les mers.

AMPHITRITÉES s. f. pi. (an-fi-tri-térad, amphitrite). Annél. Famille d’annélides ayant pour type le genre amphitrite.

AMPHITROPE adj. (an-fi-tro-pe — du gr.


amphi, des deux côtés ; trepein, tourner). Bot. Se dit de l’embryon dont les doux extrémités sont recourbées.

AMFHITROPIE s. f. (an-fi-tro-pî — rad. anfitrope). Bot. Phénomène que présente l’embryon amphitrope.

AMPHITRYON s. m. (an-fi-tri-on — n. pr.}. Celui qui donne à dîner ; le maître de la maison où l’on dîne : Un aimable, un joyeux amphytrion. Pour un homme riche, le plus beau rôle en ce monde est celui d’amphitryon. (Grimod de la Reyn.) Travaillons à la gloire des amphitryons pour en augmenter le nombre et multiplier nos plaisirs. (Grimod de la Reyn.) Le premier devoir d’un amphitryon est de bien appareiller ses convives. (Brill.-Sav.) La France est la mère patrie des amphitryons. (Carême.) Il suivit la bande joyeuse chez l’amphitryon de la nuit. (G. Sand.) Il fut l’ami intime et le familier de tous les gens en place, le patron ou l’ amphitryon des gens de lettres. (Ste-Beuve.)

S’il est un rôle noble et bien digne d’envie,
C’est celui.d’un mortel qui fait en sa maison
Les honneurs de sa table en digne amphitryon.

Berchoux.

L’amphitryon du lieu, durant ce caquelage,
Dont le tumulte l’étourdit,
Se plaint tout bas que ce tapage
Des convives distraits lui dérobe l’hommage,
Que le dîner se refroidit.Delille.

— Le mot amphitryon est toujours masculin ; cependant un écrivain contemporain lui a donné la forme féminine : Une autre amphitryonne promit à la société l’exhibition d’un jeune sauvage. (Ph. Busoni.)

— Epithètes. Civil, digne, aimable, affable, agréable, gracieux, gai, joyeux, spirituel, soigneux, attentif, délicat, expert, habile, somptueux-, libéral, magnifique, prodigue, économe, chiche, avare, incivil, maussade, grossier, chagrin, fâcheux, caustique.

— Antonymes. Convive, invité.

AMPHITRYON, fils d’Alcée, roi de Tyrinthe, et petit-fils de Persée. Il épousa Alcmène, fille de son oncle Electryon, roi de Mycènes. Pendant une guerre qu’il soutenait contre les Théléboens, Jupiter revêtit ses traits pour tromper la fidélité d’Alcmène, qu’il rendit mère d’Hercule. Amphitryon le reconnut pour son fils, et périt dans une guerre entreprise de concert avec lui contre les Orchoméniens.

Amphytryon, comédie de Plaute. Avoir vu ou lu lAmphitryon de Molière, c’est connaître celui de Plaute, que notre grand comique a imité complètement, mais en surpassant l’auteur latin. Toutefois, la pièce de Plaute était si estimée des Romains, que, sous le règne de Dioclétien, on la faisait encore jouer dans les calamités publiques pour apaiser Jupiter. Ils pensaient sans doute dérider le iront du maître des dieux au souvenir de cette folie de jeunesse, et faisaient ainsi une application anticipée de notre vers français :

J’ai ri, me voilà désarmé.

Dans toutes les éditions de Plaute, cette pièce est placée la première. Elle a été tra— ■ duite en espagnol par don Villalobos. Rotrou l’a imitée en vers français, et c’est dans sa pièce que l’on trouve ce vers :

Foin d’un amphitryon où l’on ne dîne pas !

Dryden a également donné une imitation de Y Amphitryon en anglais. Divers poètes italiens ont approprié cette œuvre à leur théâtre. Pietro Pareta en a donné une assez remarquable traduction, ainsi que Louis Dolce, dans sa comédie del Marito. Nous citerons la traduction française de Mme  Dacier, et celle de l’avocat Girauld, qui parut en 1761.

Amphitryon, comédie de Molière en trois actes et en vers libres, représentée pour la première fois le g janvier 1668, imitation de la pièce de Plaute.

« Peu d’ouvrages, dit La Harpe, sont aussi réjouissants qu’Amphitryon. On a remarqué, il y a longtemps, que les méprises sont une des sources de comique les plus fécondes ; et comme il n’y a point de méprise plus forte que celle que peut taire naître un personnage qui paraît double, aucune comédie ne peut faire rire plus que celle-ci ; mais comme le moyen est forcé, le mérite ne serait pas grand si l’exécution n’était pas parfaite. » La pièce repose en effet tout entière sur une double méprise.

Pendant qu’Amphitryon, général des Thé-> bains, est allé combattre les ennemis, Jupiter, épris’d’Alcmène, épouse d’Amphitryon, prend la forme de celui-ci et trompe Alcmène à la faveur de cette métamorphose. Il s’est fait accompagner dans cette expédition de son fidèle Mercure, qui lui-même a pris les traits de Sosie, valet du général. De là les méprises les plus réjouissantes.

La pièce s’ouvre par un prologue, dans lequel Mercure commande à la nuit de ralentir sa marche afin de permettre à Jupiter de resT ter plus longtemps auprès d’Alcmène. On sait que cette intrigue du volage maître des dieux donna naissance à Hercule. Dès la première scène, Sosie, envoyé par son maître, s’arrête devant la maison de celui-ci et prépare le discours qu’il doit tenir à Alcmène, en le répétant devant sa lanterne. Rien de plus plaisant que sa stupéfaction en voyant apparaître sous ses propres traits Mercure, qui, non content de lui voler sa figure, lui vole son nom et le roue