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dent, né en 1002, mort en 1069. Il continua les guerres entreprises par son père contre les souverains de Grenade et de Malaga, et agrandit considérablement ses États. L’histoire le représente comme un prince tout à la fois magnifique et ambitieux, timide et superstitieux, voluptueux et cruel.

ABAD III, fils du précédent, auquel il succéda en 1069, mort en 1075. Il soutint de sanglantes guerres contre les chrétiens et devint le plus puissant des princes maures de l’Espagne ; ceux-ci se liguèrent à la fin contre lui et le détrônèrent, pour le punir d’avoir marié une de ses filles au roi de Castille, Alphonse VI. Il fut relégué en Afrique, où il mourut. Il cultivait la poésie.

ABADA s. m. (a-ba-da — mot indien). Mamm. Nom d’un animal sur lequel on a débité beaucoup de contes, et qui paraît n’être autre chose que le rhinocéros. Les nègres regardent sa corne comme un antidote puissant.

ABADDON (a-badd-don — de l’hébr. abad, faire périr). L’ange de l’abîme, dans l’Apocalypse. Les démonographes le considèrent comme le chef des démons de la 7e hiérarchie.

ABADIOTES ou ABDIOTES, pâtres et agriculteurs qui habitent, au nombre de 4,000, une vingtaine de villages dans l’ile de Candie. Issus des Arabes et des Sarrasins, ils envahirent l’ile en 825.

ABADIR s. m. (a-ba-dir). Divinité phénicienne.

— Pierre dévorée par Saturne à la place de Jupiter.

ABADIS s. f. (a-ba-diss). Argot. Terme employé pour désigner une grande foule, une multitude, un rassemblement.

ABADITE adj. et s. des 2 g. (a-ba-di-te). Secte musulmane de l’Arabie : Un musulman abadite. Les abadites sont principalement répandus dans l’Oman. (Encycl.)

— Hist. Nom d’une dynastie maure fondée par Abad Ier, et qui occupa pendant quelque temps le trône de Séville et de l’Andalousie, au xie siècle.

ABADIVA s. m. (a-ba-di-va). Ichthyol. Poisson du genre gade, qui habite les mers du Nord, et que l’on connaît en France sous le nom de lieu.

ABADZAS s. m. pl. (a-badd-zâss). Géogr. Peuple qui habite le Caucase.

ABAFFI Ier (Michel), prince de Transylvanie, élu en 1661, se maintint habilement entre l’influence turque et celle de l’empire, et malgré l’appui qu’il prêta à Tékéli contre l’Autriche (1682), il put transmettre son autorité à son fils Abaffi II (1690). Celui-ci en fut dépouillé par l’empereur Ferdinand III, et mourut à Vienne en 1713.

ABAGI s. m. (a-ba-ji). Monnaie d’argent de l’erse, valant. 1 fr. 50 c.

ABAÏ s. m. (a-ba-ï — nom japonais). Bot. Nom vulgaire du calycanthe précoce. V. ce mot.

— Vêtement en usage chez les Syriens.

— Nom du mois d’août dans le calendrier turc.

ABAILARD ou ABÉLARD (Pierre), philosophe et théologien scolastique, né en 1079, près de Nantes, au bourg du Pallet, dont son père Bérenger était seigneur ; mort près de Châlon-sur-Saône, en 1142. Destiné à la carrière des armes, mais entraîné par la passion de l’étude, il renonça à son héritage et à son droit de primogéniture, cultiva toutes les sciences connues de son temps, et vint se former à la philosophie scolastique dans l’école de Paris, sous Guillaume de Champeaux, dont il devint bientôt le rival dans ces thèses publiques si chères aux subtils dialecticiens du moyen âge. À 22 ans, il ouvrit lui-même une école et professa avec un éclat extraordinaire, d’abord à Melun, puis à Corbeil, enfin à Paris, sur la montagne Sainte-Geneviève. Entre les deux grandes doctrines qui divisaient les écoles, celle des nominalistes et celle des réalistes, il établit une sorte de système mixte connu sous le nom de conceptualisme. Il était à l’apogée de sa gloire, et les disciples affluaient autour de sa chaire de toutes les parties de l’Europe, lorsqu’il s’éprit d’une passion funeste pour la jeune et studieuse Héloïse, nièce du chanoine Fulbert, et dont il était le précepteur. On connaît le résultat de cette liaison célèbre, dont le souvenir est resté dans la mémoire des peuples comme la plus touchante et la plus tragique des légendes de l’amour. Héloïse devint mère, et Abailard s’unit à elle par un mariage secret. Fulbert, irrité, soudoya des misérables qui firent subir au grand docteur la plus infâme des mutilations. Abailard se retira à l’abbaye de St-Denis, pendant que son épouse prenait le voile au monastère d’Argenteuil. Bientôt cependant, à l’appel de ses disciples, il reprit ses leçons publiques, se laissa entraîner à sonder de redoutables mystères, fut accusé d’avoir émis des opinions hétérodoxes sur la Sainte-Trinité, et eut la douleur de voir le concile de Soissons (1122) condamner aux flammes son Introduction à la théologie. Il se retira alors en Champagne, dans un ermitage, auquel il donna le nom de Paraclet (consolateur). Mais sa renommée ne lui permettait pas la solitude et l’oubli. De nombreux disciples vinrent encore se ranger autour de lui, et il fut atteint par de nouvelles persécutions, suscitées peut-être autant par l’envie que par la hardiesse avec laquelle il appliquait la méthode philosophique à la théologie, et la dialectique à la pénétration des saints mystères. Sa retraite dans le monastère de St-Gildas, sur les côtes solitaires du Morbihan, n’apaisa point ses ennemis, et saint Bernard obtint contre lui, au concile de Sens (1140), une nouvelle condamnation, dont il appela vainement à Rome. Pierre le Vénérable le recueillit dans son abbaye de Cluny et le fit rentrer en grâce auprès du St-siége. Il alla passer ses derniers jours au prieuré de St-Marcel, non loin de la Saône. C’est là que s’éteignit, dans le silence et la solitude, l’homme qui avait rempli le monde et son siècle du bruit de sa parole, et qui est considéré comme le principal fondateur de la philosophie du moyen âge. Ses écrits ont été publiés plusieurs fois : En 1845, par M. de Rémusat (V. l’article ci-dessous) ; en 1850, par M. Cousin. — La meilleure trad. franç. des Lettres d’Héloïse et d’Abailard est celle de Mme Guizot, 1837.

Abailard, sa vie, sa philosophie et sa théologie, ouvrage publié par M. Charles de Rémusat en 1845. L’auteur raconte, dans une préface, qu’il avait composé d’abord sous le même titre, un roman dramatique où se trouvait représentée dans le cadre des mœurs grossières du xiie siècle la lutte violente des croyances, des idées et des passions ; une composition d’un genre plus sévère sur le même sujet devait opposer l’histoire au roman, et lui servir, en quelque sorte, de compensation. Le roman ne parut pas ; l’œuvre historique fut seule livrée à la publicité. Elle se divise en trois parties, formant trois livres : le premier, qui contient la vie d’Abailard ; le second, qui traite de sa philosophie, et le troisième, qui fait connaître sa théologie et sa morale. — Dans le premier livre, nous suivons les diverses phases d’une vie à laquelle s’attache un intérêt romanesque ; nous voyons les succès d’Abailard dans l’enseignement, sa royauté intellectuelle à Paris, l’amour qui a fait sa destinée si tragique et sa gloire si populaire, ses hardiesses d’idées, ses luttes avec saint Bernard, et les persécutions auxquelles il fut en butte. Ce premier livre se termine par un jugement remarquable sur Abailard. « Chargé des préjugés de son temps, comprimé par l’autorité, inquiet, soumis, persécuté, Abailard est un des nobles ancêtres des libérateurs de l’esprit humain. Ce ne fut pourtant pas un grand homme… Parmi les élus de l’histoire et de l’humanité, il n’égale pas, tant s’en faut, celle que désola et immortalisa son amour… Les infirmités de son âme se firent sentir dans toute sa conduite, même dans ses doctrines, même dans sa passion. Cherchez en lui le chrétien, le penseur, le novateur, l’amant enfin, vous trouverez toujours qu’il lui manque une grande chose, la fermeté du dévouement. » — Dans le second livre, M. Charles de Rémusat commence par exposer, avec autant de clarté que le sujet le comporte, une philosophie dont la méthode et la nomenclature sont aujourd’hui tout à fait étrangères à nos habitudes intellectuelles, la philosophie scolastique. Il nous montre dans la question des universaux, le problème fondamental de cette philosophie, et nous initie à la mémorable controverse suscitée par cette question. Puis il passe aux doctrines mêmes d’Abailard, et, prenant l’un après l’autre ses plus importants ouvrages, la Dialectique, le Traité sur les Idées (de Intellectibus), le Traité sur les Genres et les Espèces, qui contiennent : le premier, la logique d’Abailard ; le second, sa psychologie, et le troisième, sa métaphysique, il les fait connaître tantôt par des extraits, tantôt par des résumés, ici par une traduction littérale, plus loin par une déduction critique. La conclusion de M. de Rémusat est que le nominalisme ou le conceptualisme que l’on impute à Abailard annonce, devance, promet l’esprit moderne. « C’est, dit-il, l’esprit moderne lui-même à son origine ; la lumière qui blanchit au matin l’horizon est déjà celle de l’astre encore invisible qui doit éclairer le monde. » — Le troisième livre nous offre l’analyse des écrits théologiques d’Abailard ; du Sic et Non, recueil de textes des Écritures et des Pères, réunis méthodiquement et qui expriment le pour et le contre sur presque tous les points de la science sacrée ; de l’Introduction à la Théologie, qui avait pour objet d’approfondir la connaissance de la Divinité en éclaircissant tous les points difficiles par les raisons les plus vraisemblables, et qui, déférée au synode de Soissons, y fut condamnée et brûlée ; de la Théologie chrétienne, qui traite à peu près les mêmes sujets que l’Introduction, mais avec une ordonnance meilleure et une diction plus travaillée ; du Commentaire sur saint Paul, de l’Éthique ou Connais-toi toi-même (scito te ipsum), qui contient la morale d’Abailard. M. de Rémusat nous y apprend qu’avant Malebranche et Leibnitz, Abailard professa ces deux principes de l’optimisme : Dieu ne faisant que ce qu’il doit faire, il faut qu’il fasse ce qu’il fait ; tout ce que Dieu fait est aussi bien que possible ; qu’avant Fénelon, il fit de l’amour de Dieu, pur de toute crainte et de tout intérêt, de tout souci de la damnation et du salut, l’unique source de la moralité religieuse ; qu’il s’efforçait d’introduire dans l’enseignement des dogmes et des mystères un rationalisme suspect à l’autorité religieuse ; qu’en discutant dialectiquement les choses du royaume de Dieu, il tendait à en élaguer le merveilleux ; qu’au grand scandale de saint Bernard, il réduisait les mystères de l’incarnation et de la rédemption à une grande et divine manifestation de la loi morale sur la terre ; qu’il faisait consister le mérite et le démérite uniquement dans l’intention, et dans l’intention relative à Dieu, et toute la vertu des œuvres satisfactoires dans le sentiment avec lequel elles sont accomplies.

Littér. Le nom d’Abailard a passé dans la langue, comme syn. d’amant célèbre. On fait aussi, en littérature, de fréquentes allusions à sa mutilation : Le mari, en cet état (privé de certaines qualités civiles), n’est plus apte à remplir sa mission de père et d’époux, c’est une sorte d’Abailard civil, qu’on est en droit de répudier. (Dupin aîné.)

ABAISSABLE adj. (a-bè-sa-ble — rad. abaisser). Qui peut, qui doit être abaissé.

ABAISSANT, ANTE, adj. (a-bè-san, san-te — rad. abaisser). Qui est de nature à abaisser.

Fig. Humiliant, dégradant : Acte abaissant. Proposition abaissante. Conduite abaissante, langage abaissant. Cela serait abaissant. (Littré.) Jamais la politique du gouvernement n’a été plus abaissante pour la France. (G. de Beaumont.)

ABAISSANT (a-bè-san) part. prés, de Abaisser : Les grands, placés si haut par la nature, ne sauraient plus trouver de gloire qu’en s’abaissant. (Mass.) Ô majesté des rois, combien tu t’élèves, en t’abaissant devant la vertu ! (La Harpe.) Le soleil s’abaissant derrière les grands bois… (E. Sue.) Le soleil, en s’abaissant derrière le vieux château… (G. Sand.)

Des aigles abaissant leur vol audacieux.
Delille.

ABAISSE s. f. (a-bè-se — rad. abaisser). Pâtiss. Morceau de pâte qui a été abaissé, c’est-à-dire sur lequel on a passé le rouleau pour en diminuer l’épaisseur. L’abaisse forme la croûte de dessous d’un grand nombre de pâtisseries, et s’emploie encore de diverses manières.

ABAISSÉ, ÉE (a-bè-sé) part. pass. du v. Abaisser. Qui a été baissé, descendu, rendu moins haut, etc. : Terrain abaissé. Mur abaissé, abaissé d’un mètre. Store abaissé. Paupière abaissée. Il va les épaules serrées, le chapeau abaissé sur les yeux, pour ne point être vu. (La Bruy.) La tête est abaissée en avant, dans l’humilité, la honte, la tristesse. (Buff.) Dans la tristesse, la paupière est abaissée à demi. (Buff.)

Alors son œil divin vers la terre abaissé.     Delille.

— Fig. Déprimé, humilié, ravalé : Quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé. (Évangile.) Un Dieu abaissé jusqu’à nous. (Bourdal.) Comme l’âme élève le corps à elle en le gouvernant, elle est abaissée au-dessous de lui par les choses qu’elle en souffre. (Boss.) Il est juste que le pécheur superbe soit abaissé. (Boss.) On aime à voir la puissance abaissée par la grandeur d’âme. (Volt.)

Cette fierté si haute est enfin abaissée.     Racine.
Ils verraient par ce coup leur puissance abaissée.
Racine.

Saint abaissé dans lui-même. S’empl. dans le style ascétique pour exprimer une grande humilité.

ABAISSÉ. Blas. Se dit des pièces qui sont au-dessous de leur position ordinaire. Ainsi, la fasce est abaissée quand elle est plus bas que le tiers du milieu de l’écu. Le chef placé sous un autre chef est également abaissé. || Se dit aussi des oiseaux dont les ailes sont pendantes de manière que les pointes tendent vers le bas de l’écu. || Se dit encore des armoiries qui renferment quelque figure destinée à perpétuer le souvenir d’une faute ou d’un crime. Dans ce cas, Abaissé est synonyme de Diffamé et de Déchargé.

— Bot. Se dit de la lèvre inférieure d’une corolle labiée, quand elle forme un angle presque droit avec le tube.

ABAISSE-LANGUE s. m. (a-bè-se-lan-gue — de abaisser et langue). Instrument de chirurgie qu’on emploie pour abaisser la langue : Un abaisse-langue. Des abaisse-langue. V. Abaisseur.

ABAISSEMENT s. m. (a-bè-se-man — rad. abaisser). Action d’abaisser ; état de ce qui est abaissé ; diminution de hauteur : Labaissement d’un mur. Labaissement des eaux. Labaissement du mercure dans le baromètre. (Acad.) Labaissement de ce mur, qui ôtait la vue à cette maison, l’a bien égayée. (Furetière.) L’élévation et labaissement journaliers des eaux de l’Océan. (J.-J. Rouss.)

— Par extens. Amoindrissement : Abaissement des salaires, du cens électoral, des taxes. La concurrence produit labaissement des prix et celui des salaires. (Blanqui.)

— Diminution de force, d’intensité, d’étendue : Labaissement de la voix, du ton. L’oreille étai accoutumée à sentir la différence des longues et des brèves, comme aussi de l’élévation et de labaissement de la voix. (Rollin.)

— Fig. État de déchéance, affaiblissement de pouvoir, d’autorité, etc. : Louis XI travailla beaucoup à labaissement de la maison de Bourgogne. (Acad.) Le grand dessein de Richelieu a été d’affermir l’autorité du prince par labaissement des grands. (La Bruy.) Labaissement des États dépend de la faiblesse d’esprit de ceux qui les gouvernent. (Napol. Ier.) Un abaissement moral est le symptôme et le prélude d’un abaissement politique. (De Broglie.) Dans son abaissement comme dans ses gloires, la France est toujours la reine du monde. (Proudh.) Le duc de Choiseul, indigné de labaissement de la France, préparait sourdement la guerre contre la Prusse et l’Angleterre. (Lamart.) Avec labaissement du caractère est venu la servitude. (Lacordaire.) Il y a de labaissement pour une nation d’être dominée par une femme. (Bautain.) La véritable grandeur est celle qui n’a pas besoin de labaissement des autres. (Daru.)

César, à qui les dieux semblaient avoir promis
Le prompt abaissement de tous ses ennemis.
Brébeuf.

— Dégradation morale, état de servitude : Labaissement des ilotes. Labaissement des hommes sous le joug de la féodalité. (Guizot.) Il y a dans la domesticité une sorte dabaissement dont on ne se relève jamais. (De Théis.) Labaissement de la femme est un indice précurseur de labaissement des nations. (Mme Romieu.) || État d’humiliation forcée ou volontaire : Labaissement du parfait chrétien. Les Juifs charnels n’entendaient ni la grandeur ni labaissement du Messie. (Pascal.) Psyché se jeta à leurs pieds pour toute réponse, et les baisa : cet abaissement excessif leur causa beaucoup de confusion et de pitié. (La Fontaine.) Dieu a voulu naître dans la faiblesse et labaissement (Bourdal.) Il n’est pas dabaissement que l’ambition ne subisse dans l’espoir de dominer. (J. Simon.)

L’abaissement, mon fils, convient aux malheureux.
Longepierre.
Contemplez de Bayard l’abaissement auguste.
De Belloy.

— Dégénérescence : Abaissement de la littérature. Abaissement de l’art. Abaissement du goût. La nature veut l’élévation des races, elle ne veut pas leur abaissement. (Alph. Esquiros.) Un tel régime conduit à labaissement de la pensée publique. (J. Favre.)

— Fig. et absol. État opposé à celui de puissance, de prospérité : Naître, vivre dans labaissement. (Acad.) Le pécheur est souvent élevé aux honneurs, tandis que l’homme de bien vit dans labaissement. (Mass.)

Dans quel abaissement ma gloire s’est perdue !
Lamartine.

— Se dit au pluriel : Il avait des faiblesses qui n’édifiaient pas trop son peuple, et des abaissements qui le rendaient presque méprisable. (Fléch.) Il y a de la grandeur dans certains abaissements. (Balz.)

— Particulièrem. Se dit de l’humilité chrétienne et des sacrifices qu’elle inspire : Son honnêteté la sollicite à venir prendre part aux abaissements de la vie religieuse. (Bossuet.) La mesure de nos abaissements en ce monde sera la mesure de notre gloire dans l’autre. (Bourdal.)

Abaissement légal de la femme chez les Romains, État d’humiliation infligé à la femme romaine, qui était privée de toute espèce de droit.

Abaissement de classe, Peine administrative infligée à un fonctionnaire qui a commis quelque faute, et que l’on fait descendre d’un degré dans l’échelle administrative.

— Jurispr. Abaissement d’un degré dans la peine, Application de la peine immédiatement inférieure à celle qui aurait été appliquée si la loi n’avait pas été adoucie, grâce à l’admission de circonstances atténuantes. || Abaissement de deux degrés, Emploi plus large encore de l’indulgence dans l’application d’une peine.

— Algèb. Abaissement d’une équation, Réduction d’une équation à un degré moindre.

— Géom. Abaissement d’une perpendiculaire, Action de mener une perpendiculaire à une ligne d’un point pris hors de cette ligne.

— Astron. Abaissement d’un astre, du pôle, Quantité dont ils semblent s’être abaissés par rapport à l’horizon.

— Chir. Abaissement de la cataracte, Opération qui consiste à faire descendre au-dessous du niveau de la pupille le cristallin devenu opaque : Il fut guéri par un abaissement de la cataracte, que la nature seule opéra. (Fontenelle.)

— Pathol. Abaissement de la matrice, Descente de la matrice dans le vagin.

— Blas. Modification apportée à des armoiries pour conserver le souvenir d’une action déshonorante. Les abaissements sont très-rares ; la plupart des héraldistes en nient même l’existence. En voici cependant un cas rapporté par Mézeray. Le fils aîné de Marguerite, comtesse de Flandre, et de Bouchard d’Avesnes, ayant outragé sa mère en présence de saint Louis, ce prince ordonna qu’en punition de son crime, il retranchât la langue et les griffes du lion de sable qu’il portait en champ d’or, pour signifier, dit l’historien, « qu’il ne devoit avoir ni paroles, ni armes contre sa mère. »

Syn. Abaissement, objection, bassesse. Ces trois mots forment gradation : abaissement est moins fort que bassesse, bassesse moins fort qu’abjection. L’abaissement est le résultat d’une action, d’un accident ; la bassesse est quelque chose d’essentiel, de permanent. L’abaissement est relatif à un état précédent ; il s’ap-