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Argus, aux cent yeux ; Pégase, cheval ailé ; le Sphmx, tête de femme, corps do lion et de chien avec des ailes ; le Minotaure, las Gorgones, les Harpies, Hécate ; les monstres marins envoyés par Neptune contre Iîippolyte, contre Laoconn, etc. À cette énuinération, nous pouvons joindre celle (les métamorphoses les plus célèbres et les’ plus fréquemment représentées par les artistes : l’indiscret Actéon changé en cerf ; Cycnus, l’ami de Phaéton, en cygne ; Alcyone et son mari, en alcyons ; Alectryon, en coq ; Aédon, en chardonneret ; Progné, en hirondelle ; Philomèle, en rossignol ; Térôe, en épervicr ; Itys, en faisan ; les compagnons de Diomède, en hérons ; ceux d’Ulysse, en pourceaux ; Picus, en pivert ; l’industrieuse Arachné, en araignée ; les paysans qui avaient refusé de l’eau à Latone, en grenouilles ; Lycaon, en loup ; Arcas, en ours ; Tithon, l’amant de l’Aurore, en cigale ; lo, en vache ; Lyncus, en lynx ; Myrmex, la mère des Myrmidons, en fourmi ; fes Cercopes, peuplade débauchée, en singes ; Jupiter prenant la forme d’un cygne pour séduire Léda, celle d’un aigle pour enlever Ganymède, et celle d’un taureau pour enlever Europe, etc. Plusieurs animaux fameux dans la fable prirent place dans le zodiaque : le Scorpion, qui piqua et fit mourir Orion ; le Bélier à la toison d or, qui transporta Phryxus dans laColchide ; le Taureau, dont Jupiter avait pris la forme ; le Lion de Némée ; l’Ecrevisse ou Cancer, que Junon avait envoyé pour mordre Hercule

pied tandis qu’il combattait l’hydre de L

les Poissons, qui portèrent Vénus et so

delà de l’Euphrate, lorsque cette c

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fuyait les poursuites du géant Typhon.

On sait que les animaux furent honorés d’un culte particulier en Égypte ; aussi les voyonsnous figurer non-seulement dans les hiéroglyphes, mais, comme emblèmes, dans les sculptures des temples, dans les peintures des hypogées, sur les cercueils des momies ; plusieurs eurent leurs statues. Le bœuf Apis est la plus fameuse de ces divinités. Le dieu Anubis avait une tête de chien.

Parmi les animaux qui jouent un rôle dans les récits bibliques, nous citerons : le serpent tentateur, la colombe de Noé, le corbeau de l’arche, le bélier d’Isaac, regardé comme la figure de l’humanité de Jésus-Christ immolée sur la croix ; la baleine de Jonas, emblème de la résurrection ; l’ânesse de Balaiim ; le chien du jeune Tobie ; les lions, au milieu desquels fut jeté Daniel ; le veau d’or, le serpent d’ai La plupart des autres peuples de l’antiquité, notamment les Assyriens, les Persans, les Indiens offrent des exemples d’animaux divinisés ou -pris pour attributs des dieux. Un grand nombre de villes avaient choisi des animaux pour symboles, pour armoiries. La louve romaine est célèbre ; Athènes avait adopté un hibou, l’oiseau de Minerve ; Éphèse, des abeilles ; Egine, une tortue ; Rhegiuin, un mulet ; Messine, un lièvre ; Agrigente, des aigles fondant sur un lièvre, etc. De nos jours encore, on sait que la ville de Berne a adopté l’ours.

L’allégorisme chrétien a eu fréquemment recours à l’emploi des animaux. (V. Allécoriks.) Jésus-Christ a été représenté sous les figures symboliques de l’agneau (victime innocente), du lion (la force), du pélican (la charité), du poisson. À propos de cette dernière figure, Raoul Roehette fait remarquer qu’elle était devenue, dans les premiers siècles de l’Église, d’un usage universel, à raison de la circonstance toute- fortuite qui faisait que le mot grec i.cfi. Tii.u.s, poisson, offrait, par les lettres dont il se compose, les initiales des mots lesous Christos Theou Uios Sôter, qui signilient : Jésus Christ fils de Dieu Sauveur. Grâce à cette circonstance, le nom aussi bien que l’image du poisson était devenu, et cela par un procédé analogue à celui des anciens Égyptiens, une sorte de signe phonétique, propre ù exprimer toute une série de motsconsacrés. ■ Cet emblème, qu’on rencontre sur plusieurs pierres tombales des catacombes et dont on fit même une sorte d’amulette ou de tessère, fut aussi employé pour désigner le chrétien régénéré par les eaux du baptême. Les catéchumènes, ceux qui aspiraient a boire à la source de vie, furent représentés par des brebis, des cerfs, des oiseaux venant se désaltérer dans une fontaine.^ Parmi les autres animaux figures sur les monuments primitifs de l’art chrétien, quelques-uns, comme le paon et l’aigle, sont des symboles d’éternité et d’apothéose renouvelés du paganisme ; le phénix est l’emblème de la résurrection des morts ; le cheval courant vers une palme est une allusion au cours de la vie humaine heureusement accompli. Quelquefois, l’image de tel ou tel animal placée sur un sarcophage n’a pas d’autre but que d’indiquer le nom du défunt : c’est ainsi qu’on voit figurer un âne sur la pierre sépulcrale d’un certain Onager, un dragon sur celle d’un Dracontius, ’une petite truie sur celle d’une femme nommée Porcella, une ancre et des poissons sur celle d’une autre femme appelée Maritima. Plus tard, le lion, emblème du courage, fut représenté sous les pieds des chevaliers, et le chien, symbole delà fidélité, sous ceux des femmes.

L’art chrétien eut, comme l’art grec, ses bêtes fantastiques : les quatre animaux, ayant chacun six ailes et couverts d’yeux, placés par l’apocalypse aux quatre angles du trône ne Dieu ; les quatr- "’ j -«

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l’aigle à saint Jean, le bœuf à saint Lue, l’homme ailé à saint Mathieu ; la licorne, emblème de la virginité de Marie ; la tarasque de sainte Marthe, la gargouille de saint Romain, le dragon de saint Georges et celui de saint Victor, etc. L’imagination des artistes du moyen âge et, en particulier, des sculpteurs romans, multiplia à l’infini ces créations étranges que saint Bernard a condamnées en ces termes : « À quoi bon ces ridicules monstruosités, ces admirables beautés difformes, ou ces difformités si belles ? Que font là ces figures de singes immondes, de lions féroces, de monstrueux centaures, de moitiés d’hommes, de tigres tachetés, de guerriers combattants, de chasseurs sonnant de la trompette ? Vous pourriez y voir plusieurs corps sur une seule tête, puis plusieurs têtes sur un seul corps ; là un quadrupède avec une queue de serpent, ici un poisson avec une tète de quadrupède : là une béte affreuse, cheval par devant, chèvre par derrière ; ici un animal à cornes qui porte la croupe d’un cheval. C’est enfin une telle variété de formes bizarres et merveilleuses, qu’on a plus de plaisir à lire dans les marbres que dans les livres, et à passer tout le jour à ces œuvres singulières qu’à méditer la loi divine. » Ainsi, même en les réprouvant, le célèbre abbé de Citeaux avouait son admiration pour ces compositions singulières auxquelles, du reste, s attachait toujours un sens symbolique.

Les modernes ont abandonné toute cette zoologie fantastique, mais ils ont conservé l’habitude de donner des animaux pour attributs à divers saints. Ces emblèmes sont expliqués aux noms mêmes des animaux ou à ceux des personnages auxquels ils se rapportent ; nous nous bornerons a signaler ici ceux qui ont été le plus souvent employés. La figure de la colombe est celle sous laquelle on représente ordinairement le Saint-Esprit ; c’est aussi l’attribut de saint Grégoire le Grand, de sainte Scolastique et de saint Rémi ; le coq est l’attribut de saint Pierre ; le corbeau, de saint Paul ermite, de saint Antoine et de saint Benoît ; le cochon, de saint Antoine ; le chien, de saint Biaise, de saint Roch, de saint Dominique, de saint Godefroy ; le cerf crucifère, de saint Hubert et de saint Eustache ; les abeilles, de saint Ambroise ; l’âne, de saint Antoine de Padoue et de saint Philibert ; l’agneau, de sainte Agnès ; les rats et les loirs, de sainte Gertrude ; les poissons, de saint André, de saint Pierre, de saint Qdon, de saint Ulric ; le lion, de saint Jérôme, etc.

— Peintres et sculpteurs <J’

peinture d’animaux ne parait pas avoir été cultivée d’une façon spéciale par les artistes de " " " vouèrent surtout à la

des dieux ou des héros. Nous savons seulement que ceux-d’entre eux qui introduisirent des animaux dans leurs compositions, s’efforcèrent de leur donner l’apparence de la nature vivante. De nombreux témoignages semblent attester qu’ils y réussirent. C’est ainsi qu’Apelle, si nous en croyons Pline, représenta une cavale si parfaite de ressemblance, que des chevaux hennirent à la vue de cette peinture. Les portraits équestres d’Alexandre et de ses généraux, exécutés par le même artiste, excitèrent la plus grande admiration. Pausias, condisciple et émule d’Apelle, peignit de face un bœuf entièrement noir, tour de force nui révèle chez ce maître une science profonde des raccourcis et de la dégradation des couleurs. Bien avant Apelle et Pausias, les sculpteurs s’étaient appliqués avec succès à représenter les animaux, principalement le cheval, ce noble compagnon des. travaux et des victoires de l’homme. On fit des figures iconigues d’après de beaux chevaux, comme d’après de beaux athlètes. Olympie, la ville des combats de chars, était peuplée de coursiers de marbre et do bronze, dus au ciseau des plus habiles statuaires : on y voyait entre autres, selon Pausanias, un cheval sculpté par Dyonisius, d’Argos. Ce bronze offrait une imitation si fidèle de la nature et produisait sur les chevaux vivants une illusion si vive qu’on soupçonna l’artiste d’y avoir renfermé un philtre propre à irriter leur ardeur. Un Chien, du même artiste, était considéré encore comme un chef-d’œuvre de vérité. Peu d’ouvrages ont été plus vantés que la vache d^airain, sculptée par Myron : Rome l’enleva à la Grèce vaincue et la conserva jusqu’au vie siècle. Nous pouvons juger par nous-mêmes du degré de perfection auquel avaient atteint les sculpteurs de l’antiquit’ dans la représentation des animaux. Indépendamment des chevaux, que le ciseau de

Phidias a sculptés sur les métopes du Parthénon, le temps a respecté bon nombre de figures d’animaux divers, traitées avec une habileté, une science, un goût que les modernes n’ont pas dépassés. Le Vatican possède, en ce genre, une collection unique au monde, toute une ménagerie de bronze et de marbre, où l’on distingue, entre autres sujets : un aigle qui prend son essor, un lièvre oui fuit, un chat qui a peur, une vache qui broute, une autre qui allaite son veau, un taureau attaqué par un ours, une chèVre attaquée par un tigre, un aigle tenant un lièvre sous sa serre, une cigogne défendant une chèvre contre deux serpents, un lévrier courant, un cerf saisi par des chiens, un tigre furieux, un tigre couché, une truie et ses petits, une panthère dont le pelage est imité d’une façon merveilleuse, un cavalier aux prises avec un lion, un berger

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endormi (Endymion) au milieu de son troupeau de chèvres, etc. Plusieurs de ces ouvrages sont de la belle époque romaine. L’art grec, transplanté à Rome vers la fin de la République, s’y développa sous les Césars, et y produisit une foule de chefs-d’œuvre. II était même réservé aux Romains, nouvellement initiés aux règles de la peinture, de prendre pour sujet exclusif de certains tableaux ce qui jusqu alors n’avait été que l’accessoire. Lorsque Ludius, contemporain d’Auguste, eut imaginé de peindre les murailles ùr. ses appartements, on vit naître, sous le pinceau des décorateurs de son école, non-seulement des animaux isolés, des fleurs, des fruits, mais des paysages tout entiers animés par la présence d’oiseaux et de quadrupèdes les plus variés. L’exhumation de Pompéi a amené la découverte d’un grand nombre de spécimens de cette peinture décorative : mais si la plupart de ces ouvrages ne se ressentent que trop de la rapidité de l’exécution, il se trouve parmi eux quelques morceaux, — des animaux domestiques, des volailles, des bêtes féroces, des poissons, des crustacés, — traités avec une remarquable entente de la réalité.

Au moyen âge, l’art retombe dans l’enfance et finit par s’immobiliser dans les types byzantins ; l’imitation de la nature n’est pour rien dans les allégories obscures dont la religion est le prétexte. Les animaux fantastiques créés par le ciseau des sculpteurs romans se reproduisent avec les variantes les plus capricieuses et les plus bizarres dans les miniatures qui ornent les manuscrits. On peut voir, dans" le magnifique album publié par M, de Bastard, de curieux échantillons de l’alphabet zoomorphe (V. ce mot), imaginé par les enlu La grande et admirable école desVanEyck, qui s’appliqua avec un soin particulier à imiter la réalité, n’a pas produit d’artistes qui aient adopté pour spécialité la peinture d’animaux ; mais ses principaux maîtres, notamment Jean Von Eyck et Memling, se sont montrés pleins d’exactitude lorsqu’ils ont eu l’occasion d’en placer dans leurs compositions. En Allemagne, Mans Holbein le vieux et Stephan Lochner peignirent les oiseaux avec une habileté surprenante. Un peu plus tard, Albert Durer apporta à la représentationdes animaux d’espèces diverses sa science profonde du dessin et son amour de la vérité : il réussit particulièrement à dessiner les chevaux, témoin ceux qui figurent dans ses estampes célèbres : le Chevalier et la Mort) la Légende de saint Eustache, le Char de Maximilten. Mais déjà l’Italie comptait quelques maîtres renommés dans le même genre : Facio, qui écrivait au xve siècle, dit que Vittore Pisanello, de Vérone, peignait les chevaux et les autres animaux de manière à les faire paraître vivants. Paolo Uccello ne fut pas moins habile : le musée Napoléon III a de lui une Bataille où l’on voit des chevaux dessinés avec une réelle supériorité, entre autres un cheval noir qui se cabre. Francesco Monsignori, élève de Mantegna, fut l’Apelle de

que le Milanais Bernazzano, élève de Léonard de Vinci, ayant exposé au soleil un tableau où il avait représenté des oiseaux occupés à chercher à’ terre leur nourriture, de véritables oiseaux accoururent comme pour rejoindre leurs compagnons. Vasari dit que Francesco Ubertino, dit le Bachiacca, peignait les plantes et les oiseaux d’une manière divine. Andréa del Sarto a reçu aussi les plus grands éloges pour un tableau où il avait représenté César, assis sur son trône, et recevant, comme tribut de ses victoires, une multitude variée de bêtes sauvages et d’oiseaux exotiques. On cite encore comme de bons peintres d’animaux au xvis siècle : Jean d’Udine, le Florentin Antonio Mazzieri, Giovanni Neri, surnommé degli uccelli, à cause de son aptitude particulière pour figurer les oiseaux ; le Cremonini et César Baglione, tous deux de Bologne. Mais Jacopo Ponte, plus connu sous le nom do Bassan, surpassa tous ses rivaux par la facilité et l’exactitude avec laquelle il imita les animaux de diverses espèces, particulièrement les moutons, leschèvreSj les bœufs, tes ânes, les chevaux, les chiens, la volaille et les poissons ; il fit véritablement sa spécialité de ce genre, car parmi les sujets religieux auxquels le goût de l’époque l’astreignait, il choisit toujours ceux qui lui fournissaient l’occasion de grouper des quadrupèdes, des oiseaux : c’est ainsi que ses tableaux du Louvre : l’Entrée dans l’arche, le Frappement du rocher, Y Adoration des bergers et les Noces de Cana, sont peuplés d’animaux, aussi bien que les Travaux de la moisson et les Travaux de la vendange, deux compositions du genre rustique. Le Bassan fut imité, avec succès, par son fils Francesco Bassan, dont le Louvre possède un Marché aux poissons, et par son petit-fils Leandro.


x maîtres néerlandais, que

rang dans un genre où le principal mérito consiste à reproduire fidèlement la nature. Rubens, le roi de l’école-flamande, réussit, par la hardiesse de son dessin et la puissance de sa couleur, k donner l’aspect de la vie et l’intérêt d’une scène dramatique aux tableaux d’animaux ; il peignit avec un égal talent des chevaux, des chiens, des loups, des renards, des sangliers, des cerfs, et surtout les bêtes féroces, les lions, les tigres, les panthères, qu’il

aimait à représenter en lutte avec l’homme : la Chasse aux lions, de la galerie de Dresde ; celle du musée de Munich : la Chasse aux cerfs, du musée de Berlin ; la Chasse aux loups, de la collection de lord Ashburton, et la Chasse au sanglier de Calydon, du musée de Vienne, valent pour l’énergie et le pittoresque de la composition, pour la vérité et la magie do l’effet, les meilleurs tableaux historiques ou religieux du maître. Frans Snyders, qui servit souvent de collaborateur à Rubens, l’égala dans la peinture d’animaux à laquelle il s’adonna exclusivement ; il aimait aussi à représenter les bêtes fauves luttant entre elles ou traquées par l’homme, comme dans sa Chasse au cerf et dans sa Chasse au sanglier, du Louvre ; dans son Combat d’ours et de chiens, du musée de Berlin ; dans ses Lionnes poursuivant une gazelle, de la pinacothèque de Munich. Ses Chiens dans un garde-manger (Louvre) ne sont pas moins fidèlementobservés et rendus. Waagen dit qu’il apprit l’art de grouper les animaux d’une façon pittoresque pendant son séjour en Italie et surtout à Rome. Il eutpour imitateur son beau-frère Paul de Vos, dont le musée de Caen possède un Cheval dévoré par les loups, et le musée de Madrid, un curieux Combat de chats. Breughel de Velours, dans les paysages duquel Rubens plaça souvent des figures, fut très-habile lui-même à représenter les animaux, mais dans de petites dimensions : il réussit particulièrement à imiter le plumage brillant des oiseaux qu’il met quelquefois par centaines dans le même tableau, comme dans celui du Louvre, intitulé : l’Air. Il fut imité par son neveu Van Kessel. La Chasse au héron, qui figure au Louvre sous le nom de Téniers, suffirait pour prouver que ce maître ne le céda point aux précédents dans l’imitation scrupuleuse de la nature vivante ; mais la véritable originalité de cet artiste consiste à avoir donné aux animaux les mœurs, les passions et jusqu’aux vêtementsde l’homme. Son Biner de singes et son Concert de singes et de chats, du musée de Munich, sont des morceaux où la finesse de l’exécution le dispute à la verve humoristique de la conception. Le dernier, qui a été gravé par Quiryn Boel, représente une table ronde sur laquelle six chats, entourant un livre de musique, miaulent en chœur ; au premier plan, des singes habillés accompagnent le chant sur des instruments. Après Snyders, le plus habile maître qui ait fait sa spécialité de la peinture d’animaux, qst Jean Fyt : il a fait des Chasses (galerie de Munich) pleines d’animation, mais il peignaitde préférence les lévriers et le gibier mort, apportant dans le rendu de la plume et du poil un fini et une vérité extraordinaires. Nommons encore Pierre Boel et Van Duynen, d’Anvers ; le premier, imitateur de Snyders ; le second, excellent peintre de poissons.

Au lieu de figurer isolément les animaux, les Hollandais se bornèrent le plus souvent à les employer pour étoffer leurs paysages, leurs intérieurs : ils atteignirent en ce genre à la perfection. Les chevaux que Wouwermaii place dans ses Jiatailles, dans ses Chasses, sont peints avec beaucoup d’art, dans les attitudes les plus variées ; le Cheval qu’il a gravé" à l’eau-forte est une admirable étude. D’autres maîtres représentèrent les bestiaux, les moutons, les chèvres et les chiens, tantôt dans l’étable, tantôt en plein air, au milieu des grasses prairies du pays natal. A leur tête so place Paul Potter, un des peirttres qui ont approché le plus près de la vérité par la science du dessin, la puissance du modelé, le soin extrême des détails, l’harmonie de la couleur, . Ses animaux sontordinairementde proportion ? restreintes : il faut en excepter le célèbre Taureau, du musée de La Haye, peint de grandeur naturelle, h côté d’une vache couchée, de quelques moutons et d’un berger. La description des œuvres principales do cet illustre artiste devant trouver place dans ce dictionnajre, nous n’insisterons pas ici sur leurs mérites éminents.

À côté de PÔtter vient se placer Adrien Van de Velde, qui lui’est inférieur en énergie, mais qui le", surpasse par la variété de ses compositions : le Louvre a de lui un Paysage avec trois vaches, des moutons et des chèvres (no 538), et un autre Paysage avec des bœufs pataugeant dans une rivière, et d’autres bestiaux sur la rive (n° 539), deux chefs-d’œuvre de délicatesse et d’harmonie." Adrien Van de Velde eut l’honneur d’étotrer de ses charmants animaux les paysages de Wynants, d’Hobbema, de Van der Heyden, de Moucheron, etc. Albert Cuyp a sacrifié le plus souvent à la beauté de ses’paysages les animaux qu’il y plaçait : toutefois son tableau du Louvre, intitulé la Promenade, nous oll’re des chevaux d’une excellente couleur. On a beaucoup vanté les paysages avec^ animaux de Nicolas Berghem, mais si on les’compare à ceux des maîtres que nous venoris-de nommer, on remarque que ces animaux sont rarement peints d’après nature, et que, s’ils sont groupés avec goût, ils affectent des tournures uniformes et conventionnelles. Karel du Jardin est plus vrai et aussi plus varié : il peint avec beaucoup d’es Srit et de justesse les ânes, les mulets chargés g leur bât, et les rosses poussivesf attelées à do méchantes carrioles. JeanWeemx s’est fait une réputation bien méritée en peignant le gibier mort, principalement les lièvres, dont il imite le pelage avec une merveilleuse exactitude. Michel Hondekoeter n’a guère de rivaui pour représenter les oiseaux vivants, de gran 50