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Phrygie. Il fut assassiné par un de ses favoris.

MITHRIDATE VII, Eupator, dit aussi Mithridate le Grand, l’un des plus implacables ennemis de la domination romaine. On l’a souvent comparé au grand Annibtil, mais il lui fut évidemment intérieur. Il avait, il est vrai, les vastes projets et l’indomptable volonté du chef des mercenaires, mais non son génie stratégique. Sa gloire fut d’être pendant quarante ans, pour les barbares des bords du l’ont-Euxin, ce qu’Annibal avait été pour ceux de l’Espagne, de l’Afrique et de la Gaule, une sorte d’intermédiaire et d’instructeur, sous les auspices duquel ils envahissaient l’empire. Mais ces hordes, tirées du Caucase, de la Crimée et des bords du Danube, sans discipline et sans organisation, ne pouvaient lutter contre les redoutables légions romaines, et Mithridate, malgré son énergie et ia puissance de sa haine, devait à 3a fin succomber dans cette lutte grandiose. Il était fils de Mithridate VI et il lui succéda vers 123 av. J.-C. Il n’avait alors que treize ans et il se retira dans la solitude pour échapper aux complots quU’environnaient. Il n’eut pour ainsi dire pas d’enfance, car l’histoire nous le montre préoccupé dès ce moment de sa destinée future, et s’y préparant par de longues études et par les plus violents exercices corporels, s’accoutumant par degrés à toutes les sortes de poisons, afin d’être à l’abri des tentatives de ses ennemis, parcourant les pays voisins afin d’en étudier les forces, développant enfin son corps et son esprit pour les luttes qu’il prévoyait. Dés son début dans le gouvernement, ce terrible adolescent montra qu’il était bien de la trempe des despotes que l’Orient craint et vénère : il fit mettre à mort sa mère et ses tuteurs, puis sa femme, qui était en même temps sa sœur. Il conquit ensuite le Bosphore Cimmérien, la Galatie, la Phrygie, la Cappadoce et plusieurs autres provinces. Mais les Romains, inquiets de ses progrès, le forcèrent à abandonner une partie de ses conquêtes (99 av. J.-C). Mithridate voue alors à ces puissants ennemis une haine mortelle, se prépare en silence, attire plusieurs princes dans son alliance, rassemble une armée formidable et se jette sur les provinces de l’Asie Mineure ; il se présente partout comme un libérateur, favorise le soulèvement des peuples contre l’odieux, despotisme des Romains, et, par des ordres secrets envoyés dans les villes, fait égorger en un jour 100, 000 chevaliers, publicains, usuriers, marchands d’esclaves, dignes représentants de l’avidité romaine (88). Maître de l’Asie, il envoie une armée en Grèce et s’empare de toutes les îles de la mer Egée. Puis, pour mieux, cimenter son alliance avec les Grecs, il se rend à Éphèse et épouse une Grecque, l’infortunée Monime, dont Racine a immortalisé le nom. Mais Sylla accourt de Rome, et, vainqueur à Athènes (87), à Cheronée et à Orchomêne, écrase ou corrompt les lieutenants de Mithridate, passe en Asie, et, après une suite de victoires, force le roi de Pont à demander la paix et à abandonner ses conquêtes (85). Cette paix ne fut qu’une trêve, pendant laquelle Mithridate répara ses pertes, fit de nouvelles alliances, soumit plusieurs peuples de la Coichide et du Bosphore et rassembla une nouvelle armée. En 75, il envahit la Bithynie et va mottre le siège devant Cyzique. Lueullus le chasse successivement de toutes ses positions, le poursuit jusqu’en Arménie, où il avait trouvé auprès du roi Tigrane, son gendre, de nouvelles forces pour combattre les Romains, l’écrase de nouveau, lui et ses ulliés, et l’aurait ruiné sans ressource, si lui-même n’eût été rappelé à Rome par un décret. L’infatigable Mithridate profite de cette absence pour reconquérir son royaume (67). Deux ans plus tard, Pompée, l’homme des victoires faciles, vint achever l’œuvre de Lucullus en terrassant ce formidable ennemi sur les bords de l’Euphrate ; il n’osa pourtant le poursuivre dans ses repaires du Caucase et du Bosphore. Dans sa fuite même, le héros barbare conçoit Je gigantesque projet de précipiter les hordes seythiques sur l’Italie ; mais ses sujets s’épouvantent d’une telle entreprise et son fils Pharnace le trahit. Brisé par là fortune, le vieux roi veut s’empoisonner, et, ne pouvant y parvenir, par l’habitude qu’il avait des poisons les plus violents, il se fait tuer par un soldat gaulois (63). Son souvenir est resté vivant parmi les tribus des côtes de la mer Noire, et aujourd’hui encore on montre, non loin d’Odessa, un rocher battu par la mer, qu’on nomme le Trône de Mithridate.

Mithridate est un des princes de l’Orient qui ont exercé le plus de prestige et laissé les plus fortes traces dans l’histoire. Brave autant qu’agile et fort, il était le meilleur soldat de son armée et il dirigeait sans peine trente-deux chevaux dans leur course. Agé de soixante-dix ans, il continuait à combattre et son corps était couvert d’autant de cicatrices qu’il avait livré de batailles. Par la pompe dont il aimait à, s’entourer, par son mépris pour la vie humaine, c’était un roi de l’Asie ; par son indomptable courage, un chef barbare ; par son goût pour les lettres, les sciences, les médailles, c était un prince grec. Il avait appris les idiomes de tous les peuples de l’Asie et pouvait parler vingt-deux langues et s’entretenir sans interprète avec autant de nations à demi barbares. Il a été


ainsi jugé par Montesquieu : « De tous les rois que les Romains attaquèrent, Mithridate seul se défendit avec courage et les mit en péril… Les proscriptions, dont la coutume commença dans ces temps-là, obligèrent plusieurs Romains de quitter leur patrie. Mithridate les reçut à bras ouverts ; il forma des légions où il les fit entrer, et qui furent ses meilleures troupes. D’un autre côté, Rome, travaillée par ses dissensions civiles, occupée de maux plus pressants, négligea les affaires d’Asie et laissa Mithridate poursuivre ses victoires ou respirer après ses défaites. Rien n’avait plus contribué à perdre la plupart des rois que le désir manifeste qu’ils témoignaient de la paix ; ils avaient détourné par là tous les autres peuples de partager avec eus un péril dont ils voulaient tant sortir eux-mêmes. Mais Mithridate fit d’abord sentir à toute la terre qu’il était ennemi des Romains et qu’il le serait toujours… Cette disposition des choses produisit trois grandes guerres, qui forment un des beaux morceaux de l’histoire romaine, parce qu’on n’y voit pas des princes déjà vaincus par les délices et l’orgueil, comme Antiochus et Tigrane, ou par la crainte, comme Philippe, Persée et Jugurtha, mais un roi magnanime, qui, dans les adversités, te ! qu’un lion qui regarde ses blessures, n’en était que plus indigné. » Malheureusement, toutes ces brillantes qualités ont été ternies par sa perfidie et sa cruauté.

Cette faculté précieuse que possédait Mithridate dé rester insensible aux effets du poison, à cause de l’habitude qu’il en ava.it contractée dans sa jeunesse, est demeurée proverbiale, et il y est fait de fréquentes allusions en littérature :

« L’histoire, ma fille, l’histoire ! il faut bien que je t’en donne. Et je te la donnerai franche et forte, simple, vraie, amère, comme elle est ; ne crains pas que, par tendresse, je l’édulcore d’un miel faux. Mais il ne m’est pas imposé, pauvre enfant, de te faire boire tout, de te prodiguer à flots ce terrible fortifiant où dominent les poisons, de te donner jusqu’à la lie la coupe de Mithridate. » ». Michelet.

1 II existe beaucoup d’hommes qui se sont habitués aux sentiments bas, comme on dit que Mithridate s’était habitué au poison  ; leur souplesse est extrême, ils adoptent tous les masques, ils affectent toutes les vertus pour atteindre le but qu’ils se proposent. »

(Galerie de littérature.) Au temps de majeunesse, ah ! l’admirable chosel Quand on prenait l’amour, c’était a faible dosa, Et, comme ce bon prince aux poisons aguerri, On avait tant aimé, qu’on en était guéri.

L. Bouilhet.

« Montrant Mazarin habile à tirer parti de l’excès même des accusations et des haines, à les neutraliser et à les tournera son profit : 0 Le cardinal Mazarin, dit Mme de Motteville, avait fait des injures ce que Mithri- date avait-fait du poison, qui, au lieu de le tuer, Vint enfin, par la coutume, à lui servir de nourriture. »

Sainte-Beuve.

Mithridate, tragédie de Racine, en cinq actes et en vers, représentée en 1673. Le sujet de cette pièce est l’amour de Monime et de Xipharès, traversé par la jalousie de Mithridate. Mais, au-dessus de cette intrigue, Racine a voulu dessiner un de ces grands caractères de l’antiquité, d’autant plus difficile à bien peindre que l’histoire en a donné une plus haute idée. L’auteur de Britannicus fit voir une fois de plus dans cette pièce avec quelle énergie et quelle fidélité il savait saisir tous les traits de ressemblance d’un modèle historique. On petrouve chez lui Mithridate tout entier, son implacable haine pour les Romains, sa fermeté et ses ressources dans le malheur,.son audace infatigable, sa dissimulation profonde et cruelle, ses soupçons, ses jalousies, ses défiances qui l’armèrent si souvent contre ses proches, ses enfants, ses maîtresses. Il n’y a pas jusqu’à son amour pour Monime qui ne soit conforme, dans tous les détails, à ce que les historiens nous ont appris.

On sait que plus d’une fois, au moment d’un danger ou d’une défaite, Mithridate fit périr celles de ses femmes qu’il aimait le plus, de peur qu’elles ne tombassent au pouvoir du vainqueur. L’amour de Mithridate a non-seulement le mérite d’être conforme aux mœurs et à l’histoire, il est encore tel que l’auteur de l’Art poétique désire qu’il soit dans une tragédie :

Et que l’amour, souvent de remords combattu,

Paraisse une faiblesse, et non une vertu.

Avec quelle force Mithridate se reproche le penchant malheureux qui l’entraîne vers Monime, à l’instant où sa défaite l’oblige à chercher un asile dans une de ses forteresses du Bosphore 1 et combien de circonstances se réunissent pour rendre excusable cette passion qui, par elle-même, n’est pas faite pour son âge ! C’est dans le temps de ses prospérités qu’il a envoyé le bandeau royal à Monime ; et depuis ce temps la %uerre l’a toujours éloigné d’elle. Il était alors glorieux et triomphant ; il est malheureux et vaincu. C’est dans un semblable moment qu’il est cruel de


perdre ce qu’on aimait, parce que alors cette perte semble une insulte faite au malheur.

C’est avec la même vérité, et avec plus de force encore, que l’auteur a su peindre cette haine furieuse qui, depuis quarante ans, avait armé le roi de Pont contre les Romains. lamais te pinceau de Racine ne parut plus mâle et plus fier, et ce rôle est celui où il se rapproche le plus de ia vigueur de Corneille, surtout dans la scène fameuse où il expose à ses deux fils son projet de porter la guerre en Italie. Cette scène a encore un autre mérite : en montrant le héros dans toute son élévation, elle montre aussi sa jalousie artificieuse, puisqu’elle a pour objet de pénétrer ce qui se passe dans le cœur de Pharnace. Cette situation met dans tout son jour le contraste des deux jeunes princes, qui soutiennent également leur caractère.

Le rôle de Monime présente un autre genre de perfection. Elle respire cette modestie noble, cette retenue, cette décence que l’éducation inspirait aux filles grecques, et qui ajoutent un intérêt particulier à l’expression de son amour pour Xipharès. Ce rôle est dans son genre un véritable chef-d’œuvre ; il y en a sans doute d’un plus vif intérêt et d’un effet plus saisissant ; il y a des passions plus fortes et des situations plus déchirantes ; mais il n’est point au théâtre de caractère plus parfaitement mené. Le soin qu’a eu le poëte de supposer que Monime et Xipharès’s’aimaient avant que le roi de Pont eût pensé h la mettre au rang de ses épouses écarte de ces deux amants jusqu’à 1 ombre du reproche, La marche de la pièce est graduée avec art, par les alternatives d’espérance et de crainte que font naître d’abord la fausse nouvelle de la mort de Mithridate, ensuite l’offre simulée faite par Mithridate à Monime de l’unir à Xipharès, enfin le péril des deux amants, dont l’un est menacé de la vengeance de son père, et l’autre est prête à boire le poison que son époux lui envoie. Le dênoûment est régulier et agréable. Mithridate meurt en héros et rend justice, en.mourant, à Xipharès et à Monime. Tous deux sont unis et, à l’égard de Pharnace, si sa punition est différée, on sait qu’elle est sûre, et l’auteur s’est fié avec raison à la connaissance que tout le monde a de cette histoire, lorsqu’il fait dire à Mithridate : Tôt ou tard il faudra que Pharnace périsse : Fiez-vous aux Romains du choix de son supplice.

Mithridate, opéra italien en trois actes, livret de Zeno, musique de Mozart ; représenté à Milan le 26 décembre 1770. Mozart écrivit cet ouvrage vers la fin du mois d’octobre, à Milan. Il n’avait alors que quatorze ans et venait de recevoir à Vérone, à Mantoue, à Bologne, à Naples, à Rome même, l’accueil le plus empressé. Nul doute que, si sa vie se fût écoulée en Italie, il eût joui d’une existence aussi heureuse et aussi paisible qu’elle a été précaire, agitée et douloureuse dans son propre pays. Mithridate eut vingt-di ; ux représentations consécutives.

MITHRIDATE Ier, surnommé 1 » Grand, mort en 139 av. J.-C. Il peut être regardé comme le véritable fondateur de la monarchie arsaeide des Parthes, qu’il affranchit pour jamais de la domination des Grecs. Il succéda, l’an 164 av. J.-C, à son frère Phraate, enleva aux Grecs de la Bactriane plusieurs de leurs provinces, subjugua la Médie, la Babylonie, la Mésopotamie et toutesles nations entre l’Euphrate et l’Indus. Du côté de l’Occident, il dépouilla les Séleueides de leurs possessions et plaça un de ses frères sur le trône d’Arménie. Ayant fait prisonnier Démétrius II, roi de Syrie, il le traita généreusement et lui donna sa fille Rodogune en mariage. Il mourut empoisonné par un de ses frères. Son fils Phraate II lui succéda.

MITHRIDATE II, neveu du précédent, roi des Parthes de 126 à 86 av. J.-C. Il rit une guerre glorieuse aux nations seythiques, combattit les Arméniens et rétablit sur le trône de Syrie Autiochus Eusêbe. Il fut tué dans une nouvelle guerre contre Tigrane, roi d’Arménie.

MITHRIDATE III, roi des Parthes, fils de Pharate III, mort en 53 av. J.-C. Il monta sur le trône (61 av. J.-C.) par l’assassinat de son père. Chassé de ses États par son frère Orodes, il implora vainement le secours do Gabinius, lieutenant de Pompée et gouverneur de Syrie, entraîna les Arabes dans son parti et s’empara de Séleucie et de Babylone ; assiégé dans cette dernière ville, il fut vaincu et massacré par ordre de son frère.

MITHRIDATE, roi de Pergame, mort vers 45 avant notre ère. Il fut élevé à la cour de Mithridate le Grand, roi de Pont, dont il passait pour être le fils naturel ; grâce à son puissant protecteur, il devint en 64 roi de Pergame, où il était né. César, dont il s’était concilié la faveur, le chargea en 48 de lui amener en Égypte des troupes levées en Syrie et en Ciîicie. Arrivé près du Nil, Mithridate se trouva en présence d’une armée égyptienne et il était dans la situation la plus critique, lorsque César accourut à son secours et battit complètement les Égyptiens. Selon toute vraisemblance, Mithridate accompagna César dans la guerre que ce dernier fit à pharnace, car il reçut du dictateur romain les titres de roi du Bosphore et de tétrarquo de Galatie. C’est en voulant se rendre maître de ces États qu’il trouva la mort.


MITHRIDATE, roi d’Arménie de 35 à 52 a’f.. J.-C. Il était frère du roi de Géorgie, Pharasmanos. Par ses intrigues, il fît assassiner le roi d’Arménie Arsace Ier, puis envahit ce pays, se rendit maître d’Ataxata, la capitale, se "fit proclamer roi et obtint de Tibère le droit de conserver sa conquête. L’empereur Caligula le manda à Rome, où il resta jusque vers 47. À cette époque, il retourna en Arménie, se maintint sur le trône, grâce à l’appui dès Romains, et fut mis à mort par son neveu Rhadamiste.

MITHRIDATE, roi du Bosphore, descendant d u grand Mithridate. Il vivait dans le 1er siècle de notre ère. En 41 après J.-C, l’empereur Claude Je désigna pour succéder à Polémon II ; mais, peu après, il fut remplacé par son frère Cotys. Pour attirer les Romains hors du Bosphore, il envahit avec une troupe de mercenaires le pays des Dandariens et, aussitôt que les troupes romaines furent arrivées dans ce pays, il gagna son ancien royaume ; mais il ne put reconquérir son trôna et tomba entre les mains des Romains.

MITHRIDATIQUE adj. (mi-tri-da-ti-ke). Hist. Qui a rapport à Mithridate : Guerres mithridatiques.

MITHRIDATIUM, place forte de l’ancienne Asie Mineure, dans le pays des Trocmes, sur lus frontières de la Galatie et du Pont. Elle faisait d’abord partie de ce royaume, dont elle fut séparée et donnée à Dejotarus par Pompée. Le bourg turc d’Hussein-Abad s’élève, dit-on, sur l’emplacement de cette ancienne ville.

MITIDJAH, vaste plaine de l’Algérie. V. Metidjah.

MITIGATIF, IVE adj. (mi-ti-ga-tiff, i-verad. mitiger). Qui mitigé, qui adoucit : Expli- caiî’ûHMiTiQATivE. || Peu usité.

MITIGATION s. f. (m’i-U-ga-si-on — rad. mitiger). Action de mitiger, adoucissement : Quelques mitigations que l’on établisse dans les ordres religieux, on n’a. jamais prétendu dispenser personne de la sainteté de son état. (Kancé.)

MITIGÉ, ÉE (mi-ti-jé) part, passé du v. Mitiger. Adouci, tempéré : L’impatience est une colère mitigée. (Théry.) Je ne puis me persuader qu’en portant si légèrement à ses lèvres la coupe du romantisme mitigék par son goût naturel, Casimir Delavigne se soit empoisonné. (H. Rigault.) Il Dont le caractère, les qualités, les opinions sont tempérées, adoucies, affaiblies :

Cynique mitigé, je jouis de In vie.

Begnabd.

— Relâché : Morale mitigée. Il y eut de tout temps une religion mitigée à l’usage des grands. (LemoiHey.)

— Hist. relig. Luthériens mitigés, Luthériens dont les doctrines se rapprochent du catholicisme. Il Ordres mitigés, Ordres religieux dont la règle jugée trop austère a été adoucie.

— s. m. Hist. Juste-milieu, modéré du temps de la Fronde ; Les mitigés étaient eu horreur aux deux partis.

MITIGER v. a. ou tr. (mi-ti-jé — lat. mitigare ; de mitis, doux, et igare, fréquentatif de agere, faire. Delâtre regarde le latin mitis comme une contraction du sanscrit mnhitas, de la racine mah, Croître et nourrir, d’où aussi mahar, grand, grec megas, latin magmis ; mais on ne saisit pas facilement la transition du sens de croître, grandir à celui de douceur. Prend un e après le g devant a et o ; Je mitigeai ; nous mitigeons). Adoucir, tempérer, modérer : Mitiger une loi. Mitigbb un ordre. Mitiger une règle monastique, (l Modifier, corriger pour adoucir : Mitiger une proposition, une assertion.

Se mitiger v. pr. Être mitigé, adouci, tempéré, modifié : Dans la nature, les tempéraments se combinent et se mitigent de cent manières différentes. (Cabanis.)

— Syn. Mitiger, adoucir, modérer, tempérer. V. ADOUCIK.

MITILÈNE s. m. (mi-ti-lè-ne). Ornith, Espèce de bruant, u V. métilene.

MITINE s. f. (mi-ti-ne — du lut. mitis, doux). Bot. Espèce de carline chez laquelle les écailles du périanthe sont dépourvues d’épines sur le côté.

MITIS s. m. (mi-tiss. — V. mite). Nom donné à un chat par La Fontaine : Notre maître milis,

Pour la seconde fois, les trompe et les affiine. La Fontaine.

MITIVIÉ (Jules-Etienne-Frumenthal), médecin français, né à Castres (Tarn) en 1796. Il vint étudier la médecine à Paris, où il se fit recevoir docteur en 1S20. Neveu du célèbre aliéniste Esquirol, il s’adonna spécialement à l’étude des maladies mentales et fut attaché comme médecin à la maison de santô fondée vers 1S20 par son oncle à Ivry, près de Paris. En 1831, le docteur Mitivié fut nommé médecin des aliénés à l’hospice de la Salpêtrière, et en IS46, à la mort d’Esquirol, il lui succéda comme directeur delà maison d’Ivry, regardée comme un modèle du genre. Peu après, il s’adjoignit le docteur Baillarger pour l’aider à diriger cet établissement et, par la suite, il le céda à ce savant aliéniste et au docteur Moroau de Tours. On