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générant la langue, les dons qui jusque-là lui avaient manqué. Certes, une telle tentative était honorable et glorieuse.

Le manifeste de la nouvelle école, écrit par Joachim Du Bellay, sous l’inspiration de Ronsard, Y Illustration de la langue française (1549), est resté comme un modèle d’éloquence ardente et colorée. Du Bellay y affirmait la puissance et l’énergie de notre idiome et invitait les poëtes à l’enrichir des dépouilles de l’antiquité grecque et latine : « Là doncques, François, disait-il, marchez courageusement vers cette superbe cité romaine, et des serves dépouilles d’elle (comme vous avez fait plus d’une fois) ornez vos temples et vos autels. Ne craignez plus ces oies criardes, ce fier Manlie et ce traître Camille qui, sous ombre de bonne foi, vous surprennent tout nus, comptant la rançon du Capitule ; donnez en cette Grèce menteuse et y semez encore un coup la fameuse nation des Gallo-Grecs. Pillez-moi sans conscience les sacrés trésors de ce temple delphique, ainsi que vous avez fait autrefois, et ne craignez plus ce muet Apollon, ses faux oracles, ni ses flèches rebouchées. Vous souvienne de votre ancienne Marseille, seconde Athènes, et de votre Hercule gallique tirant les peuples après ltii par leurs oreilles, avec une chaîne attachée a sa langue ! ■

On sait si Ronsard, à qui Boileau plus tard reproche d’avoir parlé grec et latin en français, suivit ces conseils qu’il avait donnés. Trois ans après le manifeste de Du Bellay, il publia ses quatre premiers livres d’Odes, puis les Sotinets à Cassandre. Le tout fut accueilli par !a jeunesse lettrée de l’époque avec un enthousiasme qui tenait du délire. Ces Odes, dites pindariques, d’une tournure laborieuse et savante, divisées en strophes, antistrophes et épodes, à la mode grecque, hérissées de néologismes helléniques et d’une enflure extraordinaire, pèchent.par la complication et l’obscurité ; mais elles ont un souffle inconnu jusqu’alors au vers français, une harmonie puissante et une incroyable variété de rhyihme. Le Bocage, les Amours et le cinquième livre d’Odes, qui succédèrent aux Sonnets (1552), se font remarquer par un large sentiment de la nature, le paysage associé à la passion humaine, la grandeur et l’éclat des images servant à rendre des idées et des émotions dont la sublimité était ignorée de la vieille lyre indigène. Non pas, cependant, que cette dernière soit méprisée par la nouvelle muse ; te trait naïf, la grâce familière, le tour rapide de la poésie gauloise sa retrouvent dans Ronsard, mais toujours avec une nuance de noblesse qui est le cachet indélébile de toute son école. Nous mentionnerons l’Amour mouillé, VAmour captif, YOde à la fontaine Bellerie et la chanson :

Mignonne, allons voir si la rose., ..,

qui est son chef-d’œuvre en ce genre.. Les Hymnes (1555-1556, 2 livres) mirent le sceau à la’réputation du chef de la Pléiade. De son école, les jeunes poètes s’élancèrent, disent les contemporains, comme du cheval de Troie, pleins d’un enthousiasme sacré. « Ce fut une belle guerre que l’on entreprit alors contre l’ignorance 1 • s’écrie Étienne Pasquier dans ses Itecherehes. Il se réchauffe à ce souvenir. Il nous montre Ronsard, Pontus de Thiard, Remi Belleau, Étienne Jodelle, Jean-Antoine de Baîf s’avançant en ■ brigade > et formant le gros de la bataille, chacun d’eux ayant sa maîtresse qu’il ■ magnifiait, » et chacun se promettant une immortalité de nom par ses vers. « Vous eussiez dit que ce tempslà étoit du tout consacré aux Muses 1 •

Toutefois, la vieille école, celle de Marot, comptait encore beaucoup de partisans. Elle avait alors pour chef te vieux Mellin de Saint-Gelais, poète de quelque mérite, dont il reste de spirituelles épigrammes. • Ces grenouilles courtisanesques, ! comme les appelle Colleiet, croassaient au lever du nouveau soleil. Mellin se moque fort devant le roi du style ampoulé et des obscurités de l’émule de l’indure, et il est perinis.de croire que notre poète, un moment, n’eut pas tous les rieurs de son côté. Les mignons a crêtes de coq, dit Muret, lui reprochaient, l’un de se trop louer, l’autre d’écrire trop obscurément, l’autre d’être trop audacieux k faire de nouveaux mots, et ces critiques ne portaient pas toutes à faux.

Ronsard les méprisait superbement ; traitant ces détracteurs d’ignorants, il les comparait, dit un de ses disuiples, ■ k des chiens qui mordent des cailloux, de rage de se pouvoir les avaler ; » il les considérait i comme un aigle royal regarde, du plus haut des nues, des geais et des pies qui caquettent sur les basses bruyères. ■ Toute son école professait pour cette tourbe grossière le dédain le plus transcendant. Michel de L’Hospital était un des plus chauds partisans de Ronsard, qu’il mettait au niveau de Virgile ; il finit par entraîner Henri II, dont le suffrage était fort ambitionné par notre poète, et la paix entre les sectes poétiques rivales fut signée au moment où la querelle commençait à s’envenimer singulièrement ; la satire de Du Bellay contre Saint-Gelais, le Poète courtisan, avait ouvert le feu. Mellin fit sa soumission au chef de la Pléiade, échangea avec lui des éloges hyperboliques et se réfugia dans les vers latins. Le roi gagné, tous les courtisans suivirent son exemple, et la gloire de Ronsard brilla dès lors sans contestation. Il reçut de

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tons les princes et de tous les souverains les plus grandes marques de faveur. Le roi de France, la reine d’Angleterre, la reine d’Ecosse le comblèrent de présents, de pensions, de bénéfices ; le pape lui envoya des félicitations publiques ; les Académies inventèrent de nouveaux prix pour lui ; le Tasse vint lui montrer quelques chants de sa Jérusalem et demander son approbation ; Scaliger l’appela t le prince des poôtes ; > Scévole de Sainte-Marthe le nomma « le prodige de la nature, le miracle de l’art. • Donner un soufflet à Ronsard devint un proverbe signifiant : faire une faute contre la pureté duTangage. Pierre Lescot sculpta sa muse sur la façade du Louvre ; enfin Charles IX, le distinguant au milieu de la foule des courtisans, le fit asseoir près de lui sur le trône royal. Les œuvres du poète étaient lues publiquement et expliquées dans les écoles de France, d’Angleterre, de Pologne et même d’Allemagne.

C’est alors que Ronsard entreprit de donner à la France une épopée et commença la Franciade, poëme auquel il travailla pendant vingt-cinq ans et qu’il laissa inachevé, au grand désappointement des doctes, aux yeux de qui la littérature française, sans une Iliade ou une Enéide, restait toujours une littérature d’ordre inférieur. Cette œuvre avorta et devait avorter ; Ronsard s’était imposé une tâche et n’avait point obéi k son inspiration en entreprenant cette épopée ; il n’avait pas foi en son œuvre. D’ailleurs, comme I a remarqué Sainte-Beuve dans le beau livre qu’il a consacré à la poésie du xvic siècle, il était impossible, à cette époque, de puiser aux véritables sources de la poésie épique ; « la tradition du moyen âge était dispersée et rompue ; ces grands poèmes et chansons de geste qui reparaissent aujourd’hui un k un dans leur vrai texte, grâce à un labeur méritoire, étaient tous en manuscrit, enfouis dans les bibliothèques et complètement oubliés ; on n’aurait trouvé personne pour les déchiffrer et les lire. « Ronsard s’épuisa k ce labeur, qui n’aboutit qu’à la publication de quatre chants aussi lourds et aussi ennuyeux que possible.

Le moment de la grande vogue de Ronsard fut sous Charles IX. Ce prince était grand amateur de poésie ; on connaît la jolie pièce qu’il adressa à Ronsard, et qui est probablement de son précepteur Amyot :

L’art de faire des vers, dût-on s’en indigner. Doit être à plus haut prix que celui rte régner. Tous deux également nous portons des couronnes ; Mois roi, je la reçois ; poète, tu la donnes.

L’authenticité de cette pièce est peut-être contestable ; mais il n’en, est pas inoins certain que Charles IX avait notre poète en grande affection ; il l’emmenait partout avec lui ; Ronsard, avec Jodelle, était l’ordonnateur de toutes les fêtes. C’est lui qui faisait les couplets, les cartels pour les mascarades, les épitaphes pour cha.que tombe. Ce prince des poètes, comme on l’a dit de quelques autres, était aussi le poète des princes. C’est là, malheureusement, un des traits caractéristiques de toute l’école de la Pléiade, école essentiellement aristocratique. • Les poëtes, dit Binet, ont je ne sais quelle sympathie pour la grandeur des rois. • Le principal devoir de la poésie, à leurs yeux, était de célébrer la gloire du souverain et de la transmettre à la postérité, et, en échange de l’immortalité donnée par leurs vers, ils ne se faisaient pas scrupule de demander des récompenses qu’ils considéraient comme une

chose due.

Tout n’est pas que complaisance, pourtant, dans les vers de Ronsard ; si la muse doit magnifier les rois, son devoir est aussi de les conseiller et de les avertir ; le poète l’a fait quelquefois d’une façon mâle et fière, comme dans son Institution au roi Charles IX : Sire, ce n’est pas tout que d’être roi de France... Et l’on ne peut disconvenir qu’au milieu des guerres de religion qui alors déchiraient la France, il sut prendre le rôle le plus digne, faire de constants et énergiques appels à la conciliation. Pour ce poète voué au culte de la muse antique, devenu grec et païen dans la compagnie d’Homère, de Pindare et d’Anacréon, c’était une atrocité coupable que de s’entre-tuer pour dès dogmes incompréhensibles. Non qu’il inclinât vers la Réforme ; pour lui, les ministres protestants étaient de3 fanatiques et il désapprouvait tout changement, moins en croyant qu’en sceptique : De tant de nouveautés je ne suis curieux ; Il me platt d’imiter le train de mes aïeux ; Je crois qu’au paradis ils vivent à leur aise.

Le sentiment qui domine chez lui, celui qui revient à chaque instant dans ses pièces politiques : Discours sur les misères-du temps, Remontrances au peuple de France, c’est une compassion profonde pour ce pauvre pays désolé et ravagé. La patrie en pleurs lui apparaît, comme à d’Aubigné, défigurée et meurtrie par ses enfants, livrée par eux aux fureurs des aventuriers anglais et allemands. Alors il s’élève avec indignation contre ces réformateurs d’où lui semble venir tout le mal, contre ces fous furieux qui s’en vont prêchant

. Une doctrine armée,

Un Christ empiitollé de sang et de fumée ; Qui, comme un Méhémet, va, portant à la main Un large coutelas rouge de sang humain I

Sa douleur va quelquefois si loin, que lui,

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la poëte courtisan, il a l’audace d’accuser les princes et les rois :

Vous, princes, et vous, rois, la faute avez commise Pour laquelle aujourd’hui souffre toute l’Église.

Il demande la paix ; si la religion chrétienne doit amener de tels malheurs, qu’on revienne plutôt au paganisme ! qu’on adore la blonde Cèrès, le Soleil, Bacchus et Jupiter I Dans son indignation, il ne se contente pas de frapper sur les protestants ; il tire aussi, et à bon droit, sur les catholiques ; il reproche aux prêtres leur avarice et leur luxe, et il leur crie :

Sojez-moi de vertus, non de soie habillés I

Ronsard, on le voit, était dans le même courant d’idées que son illustre ami le chancelier de L’Hospital, que Montaigne et La Bofitie ; une réforme pacifique lui semblait nécessaire ; mais, au fond, assez indifférent sur la question elle-même, ce qu’il redoutait avant tout, c’était la guerre, ses horreurs et toutes les misères qui en résultent. Il prêcha la paix et la toléra.nce à cette époque de fanatisme ; ce fut un noble rôle et assez rare pour qu’on lui en fasse honneur.

La dernière partie de la vie de Ronsard fut triste et sombre. Après la mort de Charles IX, le vide se fit autour de lui. Henri III lui préférait Desportes. En vain il lui adresse ses plus beaux vers, Y Equité des vieux Gaulois, les Muses délogées, le Bocage, il ne peut triompher de son indifférence. Catherine de Médicis, cependant, et quelques seigneurs se souvinrent encore de lui ; m ; iis ces témoignages d’estime ne suffisaient plus au poète que Charles IX et Marie Stuart avaient, comme Henri II, appelé i leur nourriture, • Il finit par se retirer de la cour, découragé. Alors s’ouvrit une nouvelle phase de son talent (1574-1585). On entendit sortir de sa lyre des sons graves, tristes et sévères qu’on ne lui connaissait pas. < Après l’écolier, dit Pascal, après le courtisan, voici l’homme. » Désabusé, dégrisé de la gloire, il n’a plus de ces vanités d’autrefois ; il semble craindre que son renom ne lui survive pas :

Nous devons à la mort et nous et nos ouvrages ; Nous mourrons les premiers ; le long replis des âges, En roulant, engloutit nos œuvres à la fin. Ainsi veut la nature et le puissant Destin. Dieu seul est éternel.

Toutes les pièces datées de cette période sont dans ce ton mélancolique. Le temps est passé des illusions et des glorioles ; la sève de ses jeunes années s’est tarie, cette sève qui bouillonnait

Comme on voit en septembre, aux tonneaux angevins, Bouillir en écumant la jeunesse des vins.

Malgré beaucoup de défaillances, pourtant, cette poésie automnale offre des passages d’une beauté profondément touchante. Parmi ses sonnets à Hélène, qui sont de cette époque, il en est un fort beau et qui est souvent cité :

Quand vous serez bien vieille, au soir, a ta chandelle...

Ronsard vivait alors profondément retiré, tantôt dans l’une, tantôt dans l’autre des opulentes abbayes qu’il tenait de la munificence royale, les abbayes de Croix-Val et Bellozune, les prieurés de Saint-Côme-en-1’Isle, près de Tours, d’Evailles, etc. On a dit qu’il était prêtre ; c’est une erreur ; il touchait seulement le revenu de ces bénéfices et se contentait d’être un de ces abbés commendataires qu’on appelait plaisamment comëdataires. Mais s’il ne fut pas prêtre, dans les dernières années de sa vie il devint dévot ; sa tristesse, les malheurs du temps, sa mauvaise santé l’avaient ramené aux pratiques de la religion. Ses dernières poésies, qui contrastent avec celles de sa jeunesse et de son âge mûr, sont k demi mystiques, et l’on a de lui deux sonnets à Jésus-Christ qu’il dicta peu d’instants avant de mourir. Il fut enterré dans l’église du prieuré de Saint-Côme, où son ami La Chétardie lui fit élever, en 1609, un superbe mausolée, surmonté de sa statue en marbre.

Lorsque la nouvelle se fut répandue que le grand poste dont la gloire avait rempli le monde n’était plus, tout l’enthousiasme qu’il avait excité autrefois parut se réveiller. Une cérémonie funèbre pleine d’éclat fut célébrée à Paris, en son honneur, dans la chapelle du collège de Boncourt. Le roi y envoya sa musique ; la cour et le parlement y assistèrent, et l’oraison funèbre fut prononcée par l’évêque de Dreux, Du Perron, plus tard cardinal, qui s’écria que « la nature, en ce jour, avait pris le deuil comme après la mort de l’an ! >

La postérité n’a pas complètement ratifié la vogue immense dont Ronsard jouit de son vivant ; par une réaction aussi injuste que l’admiration avait été exagérée et exclusive, dès l’époque de Louis XIII, c’est-à-dire vingt ou vingt-cinq ans seulement après sa mort, le poète était tombé dans un complet discrédit. Sa langue pittoresque et brillante était abandonnée ; à peine avait-il gardé quelques admirateurs dans l’Université, dans les parlements, surtout ceux de province, et parmi les gentilshommes campagnards. Un autre soleil s’était levé : c’était Malherbe I Le versificateur avait éclipsé le poète.

On raconte qu’un jour Malherbe, ayant rencontré sous sa main un exemplaire de Ronsard, se mit à le biffer vers par vers. Quelqu’un lui faisant remarquer qu’il en oubliait plusieurs, il reprit la plume et biffa

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tout. Voilà le cas que tirent le xvir» et le xvnto siècle du père de lu poésie lyrique en France ! Après Malherbe vint Boileau, qui, probablement sans avoir jamais lu Ronsard, l’exclut brutalement du Parnasse, et dont l’arrêt eut force de loi jusqu’au moment où l’on s’aperçut que notre langue, à force d’être corrigée, amendée et régentée, était devenue absolument impropre k la poésie lyrique. Alors s’opéra un travail analogue k celui qu’avait tenté la Pléiade. On chercha, comme auxvie siècle, à enrichir la langue, à lui donner de la variété, de l’éclat, de la grandeur, à trouver des rhythmes nouveaux ; alors le poste recouvert de la poussière et du dédain de deux siècles reparut à la lumière et remonta à la place glorieuse que, malgré ses défauts, il mérite d’occuper dans l’histoire de notre littérature. Suinte-Beuve, dans son Tableau de la poésie française au xvi« siècle, semble avoir définitivement fixé cette place et dit le dernier mot sur cette gloire qui eut une si étrange fortune.

Les œuvres de Ronsard comprennent : trois livres d’Amours, cinq livres d Odes, la Franciade, avec une longue préface sur le poema héroïque ; le Bocage royal, recueil de poésies diverses ; les Egtogues, les Mascarades, les Elégies, deux livres d’Hymnes, deux livres de Poèmes, les Sonnets, les Gaietés, discours sur les misères du temps, et les Epitaphes. Tous les genres, k peu près, ont été abordés par ce fécond poste. Voici la date des principales éditions de ses œuvres complètes : édition de 1567, imprimée sous les yeux du poète (4 vol. tn-*o) ; nouvelle édition, dus aux soins de Claude Binet (1537,10 vol. in-12), augmentée d’une Vie de Ronsard, par Binet, et de YOraison funèbre du poète, prononcée par le cardinal Du Perron ; édition de Jean Galland (Paris, 1604, 10 vol. in-12) ; édition de 1609 (2 vol. in-fol.) ; édition de Richelet, avec commentaires (Paris, 1633, 2 vol. infol.) ; édition de 1629-1G30 (5 vol. in-12). Citons enfin la dernière, qui a paru dans la belle collection Jantiet (1859, 4 vol. in-12), avec commentaires de Prosper Blanchemain. Divers Choix des œuvres poétiques de Ronsard ont été publiés à notre époque, l’un par Paul Lacroix (1840, gr. in-18) ; un autre par M. Blancheinain (1855, in-16), le plus récent par M. Becq de Fouquières (1873, in-16).

Une staïue en bronze a été élevée à Ronsard sur la principale place de Vendôme en 1872 ; elle due à M. Irvoy.


RONSARDISER v. d. ou intr. (ron-sar-dizé). Ftun. Écrire à la façon de Ronsard, en style dur, en termes grecs et latins francisés : Vous le voyez, mon ami, en ce temps, je RONSardisais, pour me servir d’un mot de Malherbe. (Gér. de Nerv.) n Vieux mot. tl On a dit aussi ronsardiniser.

RONSARDISME s. m. (ron-sar-di-sme). Emploi de mots grecs et latins francisés : Cetart est une utile réaction contre les faiseurs de ronsardisme. (Champfleury.)

RONSARDISTE s. m. (ron-sar-di-ste). Littér. Écrivain de l’école de Ronsard : Natures mal dirigées qui, au lieu de se désaltérer un peu en buvant de ces boissons étrangères, s’en gorgeaient et passaient leur temps comme les ROnsardistks, sans se dégriser. (Champfleury.)

RONSDORF. ville des États prussiens (province du Rhin), à 36 kilom. E. de Dusseldorf, sur une montagne et sur la Morsbach ; 7,000 hab. Fabrique de coutellerie ; manufactures d’étoffes de coton et de soie, de rubans et de toiles.


RONSIN (Charles-Philippe), auteur dramatique et révolutionnaire français, né à Soissons en 1752, décapité à Paris le 24 mars 1794. Il fit de bonnes études et débuta dans la littérature par une traduction en vers de la Chute de Ruffin, poëme de Claudien, publiée à Bouillon en 1780 (in-8°). En 1786 parut son Théâtre (1 vol. in-12), imprimé au profit de sa belle-mère et renfermant trois tragédies, Sédécias, Isabelle de Valois, Hëcube et Polyxène, et une comédie en un acte, le Fils cru ingrat. Ces pièces ne paraissent pas avoir été représentées. Lorsque la Révolution éclata, Ronsin l’accueillit avec enthousiasme. Il fut nommé capitaine d’honneur de la garde nationale parisienne et se signala par son exaltation au club des Cordeliers. Il donna au théâtre, en 1790, Louis XII, père du peuple, tragédie dédiée à la garde nationale, et une comédie ayant pour titre la Fête de la liberté. La Ligue des fanatiques et des tyrans, tragédie en trois actes et en vers, qu’il fit représenter en juillet 1791, eut un succès prodigieux ; les prêtres et les rois y sont voués à l’exécration des peuples. Chose digne de remarque, le Moniteur fit un compte rendu avantageux de la pièce. Ce journal donna aussi beaucoup d’éloges à une autre tragédie révolutionnaire du même auteur, Arétophile ou le Tyran de Cyrène, jouée au Théâtre-Français au mois d’octobre 1793. Ronsin, reconnu dans une loge, lors de la première représentation, fut salué des bravos unanimes des nombreux spectateurs qui remplissaient la salle. Il avait été nommé, le 18 avril précédent, adjoint au ministre de la guerre, Bouchotte ; peu de temps après, la Convention l’avait mis à la tête de l’armée révolutionnaire, dont elle venait de décréter la formation. Employé dans la Vendée et à