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snus lequel on désigne des leviers en forme de balance qui servent à faire mouvoir les lisses, dans le métier à tisser.

S/VUVAGAGI s. m. (sô-va-ga-ji). Comm-Tuila de colon blanche des Indes orientales SAUVAGE îidj. (sô-vaje — du latin silvaticu.- ; de situa, sylua, forêt ; proprement qui su t ent diuis les forêts, qui est propre, aux forêts, etc. Dans l’ancienne langue, salvage, sauvage signifiait simplement qui habite les forêts :

À un moine de sainte vie,

Chrestien ermite mlvage,

Religios, saint home e sage,

L’ala retraire en sa chapele.

(Chronique des ducs de Normandie.) Le latin sylvuticus avait le même sens. Le latin sylva correspond évidemment au grec ulê, : orét. Pictet cherche àrattucherces deux formes au sanscrit sala, arbre. Un dérivé, sâlava, signifierait qui a des arbres ; mais le changement de la voyelle offre quelque difficulté. On pourrait admettre que, dans le grec ulê pour salle, l’influence rétroactive du j digamma disparu a contribué à la contraction il de sut ; mais cette explication semble faire défaut pour syloa, où le v est resté. Cepeml mt, comme Yy témoigne d’une relation ] directe avec le grec, le mot pourrait prove- ! nir di l’époque où la transition de salle kulê était en voie seulement de s’accomplir). Qui vit dms les bois, les déserts et loin des habitat ons des hommes : Les lions, les tigres, ■ les panthères sont des animaux sauvages et cariussiers. Les cerfs, les daims, les sangliers sont lies animaux sauvages. (Acad.) Le serval est uiijnli quadrupède, mais sauvage et vorace. (L. Aidant. ;

— 3ui n’est point apprivoisé : Les animaux sauvages et les animaux domestiques. Canard SAUVAGE. Chat SAUVAGE. Oie sauvage. Oa ne peut inuter que les animaux actuellement domestiques n’aient été sauvages auparavant. (Buti’.J On trouve encore des chevaux, des ânes et des taureaux sauvages. (Buff.) La chair des animaux sauvages est plus nourrissante que cette deî uiiimuax privés. (Maquel.)

— Qui s’effarouche facilement : Le merle est plus sauvage que le geai et la pie. Le lièvre eu un animai fort peureux et fort sauvage. (Acad.)

— Qui vient naturellement, sans culture, sans qu’on en prenne soin : Olivier sauvage. Fiyuiv sauvage. Pommier sauvage. Laitue Sauvage. Prunes sauvages. Us se nourrirent un mcis entier de fruits sauvages. (Volt.) Le jardin était un pittoresque et délicieux fouitlis de. plantes sauvages. (H. Berilioud.) est le temps où nos aïeux sautaient de joie quand ils avaient trouvé quelque prunier sauvages (H. de Sl-P.)

— I iculte et inhabité, en parlant des lieux. : Pays sauvage. Ile Sauvage. Lieux Sauvages. Asped sauvage. Nature sauvage. Ce heu solitaire formait un réduit sauvage et désert. (J.-J. liouss.) Les grands Jieuves on : ordinairement roi lit profond et des bords escarpés qui leur donnent un aspect sauvage. (J. de Maistie.) C’est un instinct commun à tous les êtres sensibles et souffrants de se réfugier dans les lie ix les plus sauvages et les plus déserts. (B. de Si-K)

La campagne la plus sauvage

Porte le calme dans nos sens.

Bernis.

— Peu fréquenté : Ce drapeau français flottait sur notre tète, tandis que nous regardions une mtr sauvage et les côtes sombres de l’île de Terre-ÎSeuve. (Chateaub.)

— En parlant de l’homme, Qui vit dans les bois, suis habitation fixe, sans lois et flans jouir d’aucun des avantages de la civilisation : Peuples sauvages. L’homjjie sauvage est de tous tes animaux le ptus singulier. (Butf.) On a trouvé dans les forêts des hommes sauvaCES ; tout les fait trembler, tout les fait fuir, (irlouiesq.) Il n’y a que les peuplades entièrement sauvages qui puissent prospérer dans le. solitude et l’isolement. (Alibert.) Les races suâges sont toujours restées en dehors des révolutions fécondes qui sont le signe de nobtess "i des peuples civilises.(Renan.) L’homme sauvage u est point l’homme primitif, mais l’homme dégénéré. (B : illunche.) Pas un sauvage ne s est fait Européen, et plusieurs Europieusse sont faits sauvages. (Chateaub.) Cites t< !3 pupulations très-sauvages, aucune cérémonie ne consacre d’ordinaire ta naissance ou le mariage. (Maury.)

— Qui a rapport h ce genre de vie ; Le passage se l’état sauvage a l’état social est une énigme dont aucun fuit historique ne donne la •i’itulioi. (B. Consi.) L’élut sauvage n’est pas l’étal d". nature, mais bien plutôt l’état contre ntituri-. (A. Jlurlin.) Les Français s’Iia’jituent facilement a la vie sauvage. (Chateaub.) Il tiy a pas d’exemple qu’un peuple civilise soit retourne a l’élut Sauvage. (Jouffroy.) Il y a moins toin qu on ne pourrait te croire de la fausse civilisation de certaines contrées à l’état SAUVAGi. (Lameiiii.) La vie sauvage développe rxrlauu sens qui s’émoussent dans lu vie civilisée. (Maury.)

— Pi.r anal. Qui se plaît à vivre seul, soit par biz irrei’ie, soit pur timniité : HommeSAV- vage. iia femme ne voit aucune société ; elle est trop sauvage. (Acad.) Votre misanthropie est une vertu fuible qui est mêlée d’un chagrin de tempérament ; vous êtes plus sauvage que

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détaché. (Fén.) Il faut vivre avec les dames pour ne pas devenir sauvage. (J. de Maistre.) J’ai toujours été sauvage et cherchant la solitude. (Alex. Dum.)

— Qui a quelque chose de rude, de farouche, en parlant des qualités des personnes ; Air sauvage. Manières sauvages. Mœurs Sauvages. Souvent, dans la solitude, on contracte une humeur sauvage. (Kléch.) Un procédé honnête peut apprivoiser les esprits les plus sauvages. (Beli.) Les savants de profession ont, dans leurs manières, quelque chose de Sauvage et de grossier. (Bell.) Je trouve votre vertu un peu trop sauvage. (Le Sage.)

D’une vertu sauvage on craint le dur empire.

P. Corneille.

Vous maniez avec plus de souplesse Des passions la sauvage rudesse.

Delille.

Ce chagrin philosophe est un peu trop sauvage. ^ Molière.

Mais pourquoi, dira-t-on, cette vertu sauvage. Qui court à l’hôpital et n’est plus en usage ?

Boileau.

Ne demande donc plus par quelle humeur sauvage. Tout l’été, loin de toi, demeurant au village, J’y passe obstinément les ardeurs du Lion.

Boileau.

Il S’emploie d’une manière analogue, en parlant des animaux : Les animaux inutiles à l’homme retiennent toujours leur naturel sauvage. (Chateaub.) La chèvre a quelque chose de tremblant et de sauvage dans la voix. (Chateaub.) Il Se dit de même en parlant des choses : Les mathématiques et la physique sont épineuses, sauvages et d’un accès difficile. (Fontanelle.) De doux roucoulements remplissent ces déserts d’une tendre et sauvage harmonie. (Chateaub.) Les courts et brusques dessins de Tupffer sont relevés d’une saveur alpestre et d’un caractère fruste et sauvage. (Ste-Beuve.) La campagne ainsi abandonnée avait vu caractère de grandeur sauvage qui s’appropriait à notre situation, (Vital.) Home a eu des commencements rudes et Sauvages, mais à la fin on y a vu toute la politesse des Grecs. (Fieoh.) Ce n’est plus le charme agreste, c’est le règne sauvage qui a sa beauté. (Ste-Beuve.)

Flore embellit des champs l’aridité sauvage.

Voltaire.

— Apre, amer, désagréable au goût, en parlant de certains fruits ou de leur produit : Goût sauvage d’un fruit. Huile sauvage.

— Contraire à l’usage : Façon de parler sauvage. Procédé sauvage.

Chicorée sauvage, Espèce de chicorée qui, quoique cultivée, reste toujours verte et aiiierc.

Eau sauvage, Eau de pluie répandue sur la terre et que n’a recueillie aucun lit.

Filon sauvage, Filon formé de substances dures, pierreuses.

— Pop. Feu sauvage, Sorte de gale qui attaque le visage des enfants.

— S. Homme, femme sauvage : Un Sauvage. Une sauvage. Vivre parmi les sauvages. Les sauvages d’A mérique. Les sauvages obligent leurs femmes à travailler continuellement. (Buff.) Le sauvâge dételle le bœuf que les missionnaires viennent de lui confier et le fait cuire avec te bois de la charrue. (J. de ùiaistre.) Ce qui caractérise les sauvages, c’est la paresse et la férocité. (J. Dioz.) Les sauvages, très-insensibles au grand spectacle de la nature, très-indifférents pour toutes ses merveilles, n’ont été saisis d’étonnement qu’à la vue des perroquets et des singes. (Butï.) Les Sauvages repoussent la civilisation quand on lu leur pi ésenle. (B. Conat.) L’obésité ne se trouve jamais ni chez les sauvages ni dans les classes de la société où on travaille pour manger et où on ne mange que pour vivre. (Brilu-Sav.) Les sauvages sont tous, comme tes héros d’Homère, des médecins, des cuisiniers et des charpentiers. (Chateaub.) Un sauvage tient plus à sa hutte qu’un prince à son palais. (Chateaub.) Les Sauvages divisent l’année en douze lunes. (Chateaub.) La vertu de prédilection des sauvages est la patience. (Chateaub.) Le sauvage, qui dispute sa vie aux animaux et subsiste des produits de sa pêche ou de sa chasse, est un composé de force et de ruse, plein de sens et d’imagination. (Lemoiiiey.) Les Français ne cherchent point à civiliser les sauvages, cela coûte trop de soins. (Chateaub.) Dans l’esprit du droit divin, le serf, le vilain et le roturier sont toujours le Sauvage que l’intérêt de la civilisation commande de traiter en bêtes de somme. (Proudh.) Il ne faut pus dire absolument que le sauvage soit l’homme primitif. (Renan.) Les sauvages se montrent curieux de savoir le nom des objets qui leur sont inconnus. (Renan.) En Irlande, on ne voit guère que des paysans plus malheureux que des Sauvages. (Beyle.) liien n est moins simple qu’un sauvage. (V. Hugo.) Le sauvage dompte ia femme avec la même cruauté que la bêle de la forêt. (E. Pelletan.)

— Par anal. Celui qui aime la solitude, qui ne veut pas fréquenter la société : Ce jeune homme est un sauvage qui ne se montre jamais dans te monde. (Acud.) Je m’étais imaginé que Vous étiez un sauvage qu’on ne pouvait apprivoiser. (St-Evrem.) M. de Chateaubriand a fait de René un mélancolique et presque un Sauvage. (St-Marc, Girard.) Voltaire était

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homme du monde, comme Jean-Jacques était un sauvage, (a. Houssaye.)

Oui, je suis un pauvre sauvage.

Errant dans la société.

Béranger.

— Blas. Meuble de l’écu qui représente un homme nu, ceint de feuillage et appuyé sur une massue.

— Syn. Sauvage, farouche, V. FAROUCHE.

— Sauvage, démert, inhabité, etc. V. DESERT.

— Encycl. Il serait difficile de poser une ligne de démarcation bien nette entre les peuples sauvages et les peuples barbares. Chacun reconnaît que les barbares sont supérieurs aux sauvages, sans pouvoir dire en quoi précisément réside cette supériorité. L’épithëte sauvage laisse habituellement dans l’esprit l’idée de peuplades sans cohésion, vivant île lit chasse dans les forêts ou de la pêche et mangeant leur proie presque crue comme les animaux. On l’applique cependant aussi à des peuplades qui, comme celles de plusieurs lies de 1 Océanie ou comme certains nègres de l’Afrique, jouissent déjà d’une civilisation assez avancée. Il serait facile de citer des sauvages industriellement et moralement su I périeurs aux barbares de l’Asie centrale, qui vivent de pillage, répugnent à toute culture et à tout travail régulier.

D’après Cook, les habitants de Tahiti avaient atteint le plus haut degré de civilisation qui soit possible tans la connaissance des métaux. Rien, d’autre part, ne peut donner une idée de l’état misérable dans lequel vivent les habitants de la Terre-de-Feu, les indigènes du Brésil, ceux des lies Andatnan ou A/imopies, les Australiens, les tribus refoulées dans les montagnes de l’Inde, qui, avec les Mimopies et avec les tribus du centre de Bornéo, semblent être les débris d’une ancienne race, les négritos.

Les prétendus sauvages polynésiens, généralement si bien conformés et d’une nature si sociable, n’avaient de commun avec ces derniers, dont la sauvagerie est restée indomptable, qu’une égale ignorance de l’emploi des métaux.

Il est vrai que l’utilité des métaux dans l’œuvre de la civilisation est telle que l’on a cru pouvoir ranger parmi les sauvages tous les peuples qui ne les possédaient pas. Leur ignorance à cet égard les met, en effet, hors d’état de lutter aveu tout autre peuple. Elle est un obstacle infranchissable pour le progrès.

Si défectueux que semble ce critérium, il est cependant préférable à celui qu’on pourrait tirer du caractère moral, soumis à toutes les fluctuations des appréciations individuelles, bien que les peuplades paisibles, hospitalières de l’extrême Nord nous paraissent moralement supérieures aux Arabes pillards qui exploitent les populations nègres de l’Afrique, c’est avec raison qu’on les placera au-dessous de ces derniers ; car, à l’absence des métaux viendront se joindre, pour démontrer leur infériorité, l’extrême pauvreté du vocabulaire et l’imperfection grammaticale de la langue.

Quand on a commencé à parler des sauvages, on se les représentait comme une espèce d’hommes nus, couverts de poils, vivant dans les bois comme des bêles et se distinguant de l’homme ordinaire par quelques particularités de conformation naturelle, comme ces hommes à queue à l’existence desquels on a cru si longtemps. D’après Gemelli Carrari (Giro det mondo), les jésuites en avaient vu aux lies Philippines et en avaient converti quelques-uns à ia foi chrétienne. Aldrovandi croyait qu’il en existait en Chine (De quadrupedibus, 1645) ; Struys, k Formose (Voyages, Rouen, 1719), et l’illustre Harvey dans l’intérieur de l’île de Bornéo, De nos jours même, il s’est trouvé des écrivains pour faire revivre cette antique croyance. Un sait, d’ailleurs, que Linné lui accordait quelque crédit, puisque, dans son genre homo, à côté de l’homo nocturnus, il a placé l’homo caudutus. La croyance aux Blemmyes de Pline, aux hommes sans tête, fut moins répandue et moins persistante-, Walter Raleigh (Discavery of Guianu, 1595) en avait décrit comme habitant sur les rivt-s de la Caora, affluent de l’Urénoque. Les voyages multiplies dans toutes les régions du globe ont eutin dissipé ces erreurs ; et ce n’est plus qu’à un nombre de plus en plus restreint de peuplades que peut s’appliquer l’épithete de sauvages dans le sens d’hommes qu’on peut presque confondre avec des brutes.

Peu à peu s’est fait jour l’analogie fondamentale ne l’esprit des sauvages avec le nôtre, ainsi que les affinités profondes da leur nature avec certains côies de la notre, malgré de grandes, de très-grandes différences sur plusieurs points, différences de degié toutelois plutôt que d’espeye. Cependant on admettait toujours l’opinion fondée sur le dogme religieux un péché originel et l’on regardait l’état sauvage comme une décadence et mie dégradation. Aujourd’hui, cette opinion est complètement abandonnée par tous les savants que n’aveugle pas le préjugé religieux. Lyell et surtout sir John Lubbock ont réuni et signalé quelques-uns des points les plus propres à la faire abandonner. Nous ne pouvons les reproduire tous, mais du moins nous indiquerons les principaux de ceux que fuit

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valoir sir Lubbock dans son récent ouvrée sur les Origines de la civilisation : 1« l’absence chez les sauvages de tout fragment de poterie ; or, l’art du potier une fois connu est indestructible ; 2° 1 absence chez certains d’entre eux d’outils rudimentaires, tels que l’arc, dont la connaissance une fois acquise ne peut plus se perdre ; 3° l’absence chez d’autres de toute religion, ce qui implique qu’ils n’en ont jamais eu, car on suit avec quelle puissance la religion une fois formée s’empare de l’homme et avec que.le ardeur certaine classe intéressée s’applique à la maintenir ; 40 la pauvreté du langage. « Il me semble bien difficile de croire, dit sir John Lubbock, qu’un peuple qui aurait su compter jusqu’à dix ait jamais pu oublier une scienco

; si facile et si utile. Or, il y a relativement

| bien peu de sauvages qui sachent compter jusque-là. s Enrtu, comment supposer un seul instant que des hommes aient pu oublier des mots exprimant des idées abstraites aussi simples que celles de couleur, son, etc. ? C’est ce qu’il faudrait cependant admettre si l’état actuel des sauvages était le résultat d’une décadence.

Ainsi donc, loin d’être les débris de nations dégénérées, les sauvages sont les témoins d’une phase écoulée de notre propre développement. Pendant que les ancêtres des nations civilisées progressaient, ils sont restés à peu prés stalionnaires. Leur organisation physique a subi le même arrêt. Les traces d’infériorité observées sur les ossements fossiles s’observent encore sur leurs propres ossements. Des crânes du diluvium et des temps néolithiques ou de la pierre polie se sont trouvés entièrement semblables aux crânes de certains d’entre eux. C’est ainsi que les Australiens de Port-Western reproduisent presque complètement le type crânien de l’homme si ancien de Néanderthal.

Ce sont donc surtout les recherches préhistoriques qui nous ont fixé définitivement

sur la vraie nature des sauvages et sur la place qu’ils doivent occuper dans l’histoire du développement humain. Jusqu’aux découvertes des Nilsson, Boucher de l’erthes, Morlot, Tylor, Lartet, Christy, Lubbock, etc., tout le monde considérait les mœurs des sauvages comme indignes de fixer l’attention des savants. Aujourd’hui, les mœurs des peuplades les plus

obscures de l’Océanie et de l’Afrique sont, au contraire, étudiées avec soin comme pouvant fournir la clef de certains problèmes historiques. C’est la présence chez quelquesunes d’entre elles d’outils en silex groSîièrement taillé qui nous donne la certitude absolue que les silex du diluvium et du terrain pliocène supérieur ont été taillés de main d’homme. C’est leur propre manière de vivre qui nous a permis de décrire à l’aide de quelques débris celle de nos ancêtres les plus reculés. Le caractère, les mœurs de ceux-ci seraient restés à peu près indéchiffrables sans la connaissance que nous avons acquise du caractère et des mœurs de ceux-là. D’autre part, sans la découverte de l’homme préhistorique, le sauvage serait resté pour nous une énigme autour de laquelle se seraient élevées des hypothèses inconciliables. On a unanimement reconnu une analogie profonde entre l’intelligence des sauvages et celle des enfants. M. Bourien dit, en parlant des tribus sauvages qui habitent la péninsule de la Malaisie :

  • Le fonds de leur caractère se coinpose

d’inconstance, de crainte, de timidité et de défiance ; ils semblent toujours penser qu’ils seraient mieux, dans tout autre endroit que celui qu’ils occupent. Comme chez les enfants, leurs actions semblent rarement le résultat de la réflexion et ils agissent presque roujourssous l’impulsion du moment. » Le capitaine Cook rapporte qu’à Tahiti, Oblerca, la reine, etTootahah, un des principaux chefs, jouaient avec deux grandes poupées. D’Urville raconte qu’à la Nouvelle-Zélande un chef pleurait comme un enfant parce que les matelots avaient sali son manteau favori. A Viti, hommes et femmes se mettent souvent à pleurer pour la moindre cause, etc. La tendance à répéter les syllabes, qui est si caractéristique chez les enfants, existe aussi chez les sauvages. Ils aiment beaucoup les animaux apprivoisés. Ce qui est un jouet pour nos enfants est le plus souvent un objet sacré pour les sauvages.

Cette analogie étroite entre les idées, le langage, les habitudes, le caractère des sauvages et des enfants confirme une fois de plus ce que nous avons déjà dit, que les sauvages sont les témoins des temps préhistoriques. L’enfance est la période ne l’existence humaine où la civilisation et sessuites n’ont pas encore altéré le caractère naturel de l’homme. Qui ne sait avec quelle insensibilité les enfants torturent un animal ? Cette cruauté se retrouve chez le sauvuge. Le sauvage, à vrai dire, n’est qu’un enfant qui reste enfant toute sa vie. Il n acquiert avec l’âge qu’une demimaturité d’esprit et ressemble tmijours à un enfant, parce que ui son expérience personnelle ni le peu que lui enseignent ses parents et ses compagnons ne suffisent pour l’élever à un degré de civilisation plus avancé. La similitude du caractère du sauvage et de celui de l’enfant confirme cette loi : que le développement de l’individu est le résumé de celui de l’espèce.

Il est tellement vrai que les peuples civilisés ont tous passé par la phase de l’état sauvage, que certaines passions, certains iiv-