Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 2, part. 2, Be-Bi.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

648

BETH

des murs et s’élève en dôme, pour porter un toit qui n’a jamais été achevé. Cette charpente, qui date du xviio siècle, est remarquable par son élégance et sa légèreté. Des mosaïques à fond d’or et d’élégantes peintures byzantines du xnc siècle couvraient autrefois les colonnes et la partie supérieure des murs de la nef centrale. Ces ouvrages, précieux par le choix des matériaux et le soin de l’exécution, ont été en partie détruits par les Grecs, vers 1842. Un mur de clôture, élevé à la naissance de la croisée, sépare les trois branches supérieures du pied de la croix, qui n’est plus qu une sorte de vestibule où les gens de toutes les communions, aussi bien que les Turcs et les Arabes, viennent causer et fumer. Toute l’harmonie des lignes architecturales est rompue par cette cloison. Les Grecs occupent toute la partie supérieure de la croix et le bras droit de la croisée ; au bas du maîtreautel, orné avec plus de luxe que de goût, on remarque une étoile de marbre qui, suivant la tradition, correspond au point du ciel où s’arrêta l’étoile miraculeuse par laquelle furent guidés les mages. L’endroit de la grotte où naquit le Sauveur se trouve perpendiculairement au-dessous de cette étoile. L’autel des Arméniens est placé dans le bras gauche du transsept, à l’endroit où l’on prétend que s’arrêtèrent les chameaux des mages. Les Latins n’ont pas d’autel dans l’église, supérieure, mais ils possèdent toute la Grotte de la Nativité’, à laquelle conduisent deux escaliers tournants, composés chacun de quinze degrés. Cette grotte est de forme irrégulière ; elle mesure 12 m. de long sur 5 de large et 3 de haut. Les parois du roc et le sol sont entièrement revêtus de marbres précieux. Un grandnombre de lampes, sans cesse allumées, éclairent ce sanctuaire vénéré. Tout au fond est l’endroit où la Vierge mit au monde le Messie : cette place est marquée par un bloc de marbre blanc, incrusté de jaspe et entouré d’un cercle d’argent, radié en forme de soleil ; on lit ces mots alentour : Hic de Virgine Maria Jésus Christus natus eOt (1717). À droite, au midi, on montre la crèche, dont le niveau est un peu inférieur à celui de la grotte ; un bloc de marbre, creusé en forme de berceau, indique l’endroit même où le divin Enfant fut couché sur la paille. Un voyageur, M. de Laborde, s’est demandé comment les animaux, le bœuf et l’àne, avaient fait pour pénétrer dans cet enfoncement ténébreux... Nous ne rapporterons pas les nombreuses légendes qui se rattachent à chaque recoin de ce sanctuaire célèbre ; le voyageur que nous venons de nommer a remarqué sur l’une des colonnes de l’église cinq petits trous disposés en forme de croix, et qui passent pour être l’empreinte des doigts de la Vierge 1 Plusieurs corridors souterrains, taillés dans le roc, conduisent à la Grotte da la Nativité : on y montre l’endroit où saint Jérôme passa la plus grande partie de sa vie, son tombeau, celui de saint Eusèbe de Crémone, ceux de sainte Paule et de sa fille sainte Eustochie, ceux mèine des vingt mille Innocents, mis à mort par Hérode ! Il II y avait encore en Palestine, dans la tribu de Zabulon une autre ville du nom de Bethléem, dont il ne reste aucune trace.

BETHLÉEM (ordhe de), ordre militaire institué en 1459 pour s’opposer aux déprédations "des Turcs. La principale demeure des —chevaliers était à Lemnos. Après la prise de cette île par les mahométans, cet ordre fut aboli.

BETHLÉEM, ville des États-Unis d’Amérique, dans la Pensylvanie, à 84 kil. N. de Philadelphie ; 4,728 h. Communauté de frères moraves, avec pensionnat renommé. Il Ville des États-Unis d’Amérique, dans l’État de New-York, sur l’Hudson, à 12 kil. S.-O. d’Albany ; 6,787 hab.

BETHLÉÉMITE OU BETHLÉHÉMITE S. et adj. (bè-tlé-é-mi-to — rad. Bethléem). Habitant do Bethléem ; qui appartient à cette ville ou à ses habitants : La population bethléémite. Les Bethléémitks se dépouillèrent et se plongèrent dans le Jourdain. (Chateaub.)

— Hist. relig. Religieux ou religieuse d’un ordre fondé vers 1680, à Guatemala, par Pierre de Béthencourt, pour soigner les malades, il Religieux d’une autre congrégation, appelés aussi porte-étoile, qui existaient en Angleterre, vers l’an 1257, et dont l’habit, semblablo à celui des frères prêcheurs, no s’en distinguait que par une étoile rouge, rappelant l’étoile qui apparut aux mages.

BETHLEN (Gabriel), plus connu sous le nom de Bcihien Gabor, prince de Transylvanie, né en 1580, mort en 1629. Fils d’un gen ■tilhomme transylvain protestant, il profita des troubles qui agitaient la Hongrie pour-se faire des partisans, et, grâce à l’appui d’une armée turque, il chassa son bienfaiteur, le waïvode Gabriel Battori, puis se fit proclamer à sa place (1613). S’étant allié ; en 1619, avec les États de Bohême, révoltés contre l’Autriche, il entra en Hongrie et se fit proclamer roi de ce pays en 1620. L’empereur Ferdinand II envoya contre lui le comte do Tilly, qui le contraignit à demander la paix et à renoncer au titre de roi. En 1623, Bethlen recommença les hostilités contre l’Autriche, pénétra en Moravie avec une armée de 60,000 hommes, conclut de nouveau la paix (16 ?J), et mourut sans laisser d’enfants. Bethlun, qui aimait les sciences, les lettres et

■les arts, fut le protecteur des savants et dei

BETH

qi

Weissembourg, où il réunit des professeurs éminents, Opitz, Piscator, etc.

BETHLEN- BETHLEN (Jean, comte nu), chancelier de Transylvanie, né en 1613, mort en 1678. On a de lui une histoire de la Transylvanie, de 1629 à 1663, sous le titre de : Herum Transylvaniœ libri quatuor (Amsterdam, 1664).

BETHLEN -BETHLEN (Niklas), comte de), fils du précédent, né en 1642, mort à Vienne en 1716. Il voyagea en Angleterre, en France et en Italie, cultiva les lettres et la linguistique, s’attira la faveur de l’empereur Léopold, qui lui confia plusieurs postes importants, et s’attira la haine d’un grand nombre de ses compatriotes, au sujet des négociations qui eurent lieu pour faire passer la Transylvanie sous la domination autrichienne. On a de lui deux ouvrages inédits : le Récit des événements de sa vie, et Sudores et eruorcs Nicolai Bethlen.

BETHLEN-BETHLEN fWolfgang, comte de), chancelier de Transylvanie, né en 1648, mort en 1679. Il avait écrit une histoire de Transylvanie, qu’il faisait imprimer dans son château de Kreusch, lorsque les Tartares envahirent la contrée. Bethlen, pour préserver son ouvrage, le déposa dans un caveau muré. Peu de temps après, les Tartares attaquèrent et, pillèrent le château, et Bethlen, fait prisonnier, fut massacré. Un siècle après, environ, un descendant de Bethlen, en faisant faire des fouilles, découvrit les feuilles de l’ouvrage, pour la plupart détériorées. On parvint néanmoins à former des exemplaires de l'Historiarum Pannonico-Dacicarnm libri X (in-fol.) ; cet ouvrage a été imprimé de nouveau en 1796.

Beihiy, opéra italien en deux actes, paroles et musique de Donizotti, représenté pour la première fois à Naples en 1836, et à Paris, d’après la traduction en- français de M. Hippolyte Lucas, sur le théâtre de l’Opéra, le 27 décembre 1853. Donizetti abusa souvent de sa prodigieuse facilité. Quelques-uns de ses ouvrages sont acquis à la postérité ; les autres sont déjà oubliés. Parmi ces derniers, on peut citer, sans crainte d’être taxé de sévérité, l’opéra de Belhly, qui ne produisit qu’un médiocre effet à l’Académie de musique, lors de son apparition en 1853, moins de cinq ans après la mort du chantre délicieux de Lu’cia. Bornons-nous donc à citer pour mémoire cette œuvre assez faible, que la voix séduisante de Mme Bosio ne put sauver du naufrage. Donizetti, qui unissait facilement le talent de poète à celui de musicien, avait traduit lui-même le livret de Bcthly sur le Chalet de Scribe et Mélesville, mis en musique par Adolphe Adam (1834). Ajoutons que Donizetti n’avait rien pris, ou fort peu de chose, aux arrangeurs français. Ceux-ci s’étaient bornés, en somme, à convertir en opéra-comique le Bethly de Goethe, qui remettait en lumière Daphnis et Alcimadura, pastorale de Mondonville, imitée elle-même de l’Opéra de Frousilignan, pièce languedocienne.

. BETHMANN (Frédérique-Auguste-Conradine), actrice allemande, née à Gotha en 1766, morte à Berlin en 1814. Fille d’un régisseur du duc de Saxe-Gotha, nommé Flistner, elle entra au théâtre, se maria avec Unzelmann, excellent acteur comique, et débuta dans l’opéra. Elle s’y fit remarquer, non-seulement par sa fraîche et jolie voix, mais encore, et surtout, par l’expression de son jeu. Engagée au théâtre de Berlin, elle abandonna bientôt le chant pour la tragédie et la comédie, et s’acquit aussitôt la réputation d’une des actrices les plus éminentes de l’Allemagne. Délicate et frêle, ayant la physionomie la plus expressive, une voix qui allait au cœur, une grâce sans rivale, un enjouement plein de décence, cette remarquable actrice obtint des succès complets dans les rôles les plus divers ; mais elle excellait surtout dans le rple d’ingénue. En 1803, elle se sépara de Unzelmann et se maria avec l’acteur Bethmann, sur

!e nom duquel elle a jeté un si vif éclat.

BETHMANN (Philippe - Henri - Maurice-Alexandre, baron), banquier allemand, chef de l’importante maison de Francfort-sur-Ie-Mein, connue sous la raison sociale Bethmann frères. Il est né en 1811 et fils aîné de Simon-Maurice Bethmann, qui fut anobli par l’empereur d’Autriche, et qu’Alexandre, empereur de Russie, nomma conseiller d’État et consul général. Dans ces derniers temps, M. Bethmann était lui-même consul général de Prusse à Francfort.

BETHMANN-HOLLWEG (Maurice-Auguste de), jurisconsulte allemand, né en 1795, à Francfort-sur-le-Mein, fut reçu docteur en droit en 1818, et, sur les conseils de l’illustre légiste Savigny, l’un de ses maîtres, se voua à l’enseignement du droit civil et de la procédure. Il obtint bientôt une place de professeur à l’université de Bonn. Nommé conseiller d’État en 1845, il fut élu, en 1849, à la première chambre prussienne, et chargé, peu après, du ministère des cultes. M. Bethmann, qui appartient au parti constitutionnel modéré, fit preuve, dans ce poste, d’un esprit de rare tolérance ; il s’occupa beaucoup del instruction publique, et donna sa démission de ministre en 1862, ne voulant pas contic-signer l’ordonnance qui prononçait la dissolution de la Chambre des députés. Ses principaux travaux comme jurisconsulte sont : Éléments de pro-

BETH

cédure civile (3^ édit., 1832) ; Essais sur quelques parties de la procédure civile (1834 ; ; la Constitution judiciaire et la procédure dans l’empire romain, à l’époque de la décadence (l’834) ; Origine des libertés des communes lombardes (1846). Il a été anobli, en 1840, à l’avènement de Frédéric-Guillaume IV.

BETH-MAON, ville de la Palestine, dans la tribu de Ruben, au pays des Moabites.

BETH-MERON, ville de la Palestine, dans la tribu de Nephtali, à 12 kil. N.-O. de Capharnaûm.

BETH-NABR1S, ville de la Palestine, située au delà du lac de Génézareth, dans la demitribu de Manassé, à 8 kil. N. de Bethsaïde. Elle fut prise et détruite par Vespasien.

BETHMONT (Eugène), avocat et homme politique, né à Pans en 1804, mort en 1860. Il fut élevé à Jullly, comme M. Berryer, étudia le droit à l’école de Paris et fut reçu avocat vers la fin du" règne de Charles X. Dès les premières années du gouvernement de Juillet, il fonda sa belle réputation en plaidant un grand nombre de causes politiques et en défendant les journaux et les accusés du parti républicain. En 1842, les électeurs de Paris l’envoyèrent à la Chambre des députés. Il siégea à l’extrême gauche et combattit, non sans éclat, toutes les mesures rétrogrades qui signalèrent les dernières années de ce règne : l’indemnité Pritchard, la corruption électorale et parlementaire, l’envahissement de la chambre par les fonctionnaires publics, etc., enmême temps qu’il prenait une part active à la solution d’une foule de questions spéciale : !, sur les brevets d’inventions, sur les prison :, les chemins de fer, lès irrigations, les caisses d’épargne, etc. À la veille de la révolution de Février, il signa la mise en accusation du ministère Guizot, devançant de vingt-quatre heures la justice du peuple, fut nommé par le gouvernement provisoire ministre de [’agriculture et du commerce, puis ministre de la justice après M. Crémieux. Honoré du mandat de trois départements, il siégea à l’Assemblée constituante parmi les républicains modérés, et fut nommé vice-président. Sa santé chancelante l’obligea à donner sa démission après le vote de la constitution. Mais l’estime que son caractère et ses talents inspiraient le fît élire par l’assemblée membre du conseil d’État. Fidèle à ses devoirs et à ses convictions, il protesta contre l’acte du 2 décembre, se renferma dès lors dans l’exercice do sa profession d’avocat et fut bâtonnier du barreau do Paris de 1854 à 1856. M. Bethmont, dont les opinions étaient très-modérées, mais très-fermes, était un des talents les plus sympathiques et l’un des caractères les plus honorables de notre temps.

BETHMONT (Paul), avocat du barreau de Paris, fils du précédent, est entré, en 1865, dans la vie politique, en se présentant, comme candidat de l’opposition au Corps législatif, dans la Charente-Inférieure. Nommé député, et quelques, mois après, membre du conseil général dans le même département, M. Paul Bethmont est un de nos représentants les plus actifs et les plus laborieux. En dehors des questions générales, sur lesquelles il a voté avec l’opposition, il a présenté des amendements plus ou moins importants sur les lois d’affaires discutées dans le cours de cette session, notamment sur les droits de succession, le taux de l’intérêt et du courtage, les chèques, le contingent, les-associations syndicales et la confection des routes agricoles. Il marche vaillamment sur les traces de son glorieux père.

BETH-NEMRA, ville de la Palestine, dans la tribu de Gad, au delà du Jourdain, à 23 kil. N. de Béthanie.

BETHOGABRIS. V. Bëthgabara.

BETH-ONER, lieu de la Palestine, dan ; ; la demi-tribu de Manassé, en deçà du Jourdain, à 25 kil. E. de Césarée, D’après Eusèbe et saint Jérôme, il y avait en cet endroit des bains d’eaux thermales, très-salutaires pour la santé.

BETH-ON1M, ville de la Palestine, dans la tribu de Gad, à 27 kil. S.-O. de Ramoth.

DETHORON, nom de deux villes de l’ancienne Palestine, dans la tribu d’EnhrE.ïm. Josué battit les rois chananéens dans le voisinage de ces deux villes, et Judas Macha.bée y défit les généraux syriens Séron et Nicanor.

BETH-PHAGÉ, bourg9ela Palestine, dans la tribu de Benjamin, à 3 kil. E. de Jérusalem, entre cotte ville et Béthanie. C’est à Bjth-Phagé que Jésus-Christ, revenant de Béthanie, demanda un âne pour monture à ses disciples, afin de faire son entrée triomphale à J ôrusalem.

BETH-PHALETH, ville de la Palestine, dans la partie la plus méridionale de la tribu de Jucla. Elle fut cédée à la tribu de Siméon.

BETH-PHOGQR, ville de la Palestine, dans la tribu de Ruben, au pays des Moabites, à 4 kil. N.-E. de la mer Morte. Elle était ainsi appelée à cause du dieu Phogor, qu’on y adorais.

HET11SABEE, femme israélite, remarquable par sa beauté, épouse d’Urie, officier du roi David, vivait vers l’an 1056 av. J.-C. David, l’ayant aperçue un jour, au moment où elle se baignait, fut tellement frappé de l’éclat de ses

BETH

charmes, qu’il conçut soudain pour elle une passion violente. Il apprit qu elle était la femme d’un de ses officiers, qui se trouvait en ce moment à l’armée. Profitant de cette circonstance, David la manda dans son palais, et la fit consentir à un adultère, qui devait entraîner ce prince à un plus grand crime. Bientôt après, Bethsabée fit savoir à son royal séducteur qu’elle était enceinte. Voulant jeter un voile sur l’opprobre de celle qu’il aimait, David fit venir Urie, afin de lui procurer l’occasion de s’approcher de sa femme. Mais celui-ci, qui soupçonnait sans doute l’infidélité de Bethsabée, ne daigna pas se rendre dans sa maison ; il passa la nuit autour du palais du roi, et, au lever du jour, il repartit pour l’armée, qui assiégeait alors Rabba, ville des Ammonites. David, ayant échoué dans son projet hypocrite, écrivit à Joab une lettre, dans laquelle il lui ordonnait de livrer un assaut, de placer Urie dans l’endroit le plus périlleux et de faire en sorte qu’il y périt : te sont là jeux de princes. Les ordres criminels du roi furent exécutés, et Urie resta sur le champ de bataille. Peut-être le brave officier ne demandait-il lui-même qu’à mourir, une fin glorieuse lui paraissant préférable à une vie empoisonnée.

Devenue veuve, Bethsabée fut amenée dans le palais de David, qui l’épousa. Il y avait près d’un an que ce prince jouissait en paix du succès de son odieuse machination, lorsque le prophète Nathan vint lui annoncer qu’il allait être frappé par la colère divine, et lui parla ainsi : o 11 y avait dans une ville deux hommes, l’un riche, l’autre pauvre. Le riche possédait un grand nombre de brebis et do bœufs ; le pauvre n’avait pour tout bien

?u’une petite brebis, qu’il élevait avec ses enants.

Il la nourrissait de son pain, la faisait boire dans sa coupe et dormir sur son sein ; il la chérissait comme sa fille. Un étranger étant venu loger chez le riche, celui-ci no voulut point toucher à ses brebis et à ses bœufs pour lui donner à souper, mais il prit la brebis du pauvre et la servit à son hôte.-Cet homme mérite la mort, s’écria David avec indignation. — Tu es cet homme, tu es Me vir, reprit Nathan ; tu as méconnu la parole de Dieu, qui t’a fait roi ; le Seigneur te punira. » Bientôt après, en effet, l’enfant que David avait eu de Bethsabée tomba malade, et le fruit de l’adultère mourut au bout de sept jours. David se rendit alors près de Bethsabée pour la consoler, et elle conçut un fils, qui fut Salomon (1054 av. J.-C.) Bien que David eût déjà plusieurs enfants de ses différentes femmes, il promit à Bethsabée que son fils Salomon lui succéderait sur le trône. Vingt ans plus tard, Bethsabée rappela à David cette promesse. Voici à quelle occasion : Adonias, fils aîné du roi, avait un parti puissant parmi les principaux officiers de la cour et ne doutait point que son père ne lui laissât sa couronne. Il menait, en conséquence, une vie fastueuse qui ne pouvait convenir qu’à un héritier du trône. Un jour, il donna, auprès de la fontaine de Rogel, une fête brillante, où so trouvaient tous ses frères, à l’exception de Salomon, et à laquelle il n’avait point invité le prophète Nathan. Bethsabée, instruite par ce dernier de ce qui se passait, se rendit près de David, lui demanda Je se prononcer solennellement sur le choix de son successeur, et ( ajouta : « Vous avez juré à votre servante par le Seigneur votre Dieu que Salomon régnera après vous. » En ce moment, le prophète Nathan entra, annonça à David que la salle du festin de Rogel retentissait des cris de vive le roi Adonias/ et lui demanda si "c’était par son ordre. David, à ces paroles, ordonna de conduire sur-le-champ Salomon à Gihon et de le faire sacrer roi d’Israël par le grand prêtre Sadoc.

Après la mort de David, il est encore une lois question de Bethsabée dans la Bible. Adonias, déshérité, vint supplier Bethsabée d’obtenir de Salomon qu’il lui laissât prendre pour épouse Abisag de Sunam. Bethsabée consentit à faire cette demande au roi son fils ; mais celui-ci, loin d’accorder ce qu’on lui demandait, donna l’ordre d’arrêter Adonias et le fit mettre à mort. Outre Salomon, Bethsabée avait eu de David trois fils, Siman, Sorab et Nathan.

Rciiisuiico au Imin, tableau de Raphaël, gravé par Fantetti. La-belle Juive, demi-nue, est assise près, d’un bassin, sur une haute terrasse ; elle peigne les longues boucles de sa chevelure. Au fond, à droite, David, placé Sur le balcon de son palais, contemple Bethsabée. Des soldats, armés do piques et de boucliers, passent dans la rue, entre la terrasse et le balcon ; seraient-ce par hasard les messagers que le roi envoya pour enlever cette femme si « belle à voir », suivant l’Écriture, et dont il était devenu éperdument amoureux ?

Bctlisnbéc un imin, tableau de Palma le Vieux, au musée do l’Académie de Saint-Luc, à Rome. Bethsabée, assise au premier plan, une jambe sur l’autre, se retourne pour recevoir un premier vêtement. Dans le fond, le vieux roi, coiffé d’un turban, so penche à son balcon pour regarder l’imprudente baigneuse. « David est indiscret, dit M. Lavice, mais il est bien loin, et elle est si belle. Plus heureux, nous la voyons de près et sans crime. Son corps est bien modelé, bien éclairé, et de ce ton chaud particulier aux Vénitiens. » Cotte toile est ordinairement cachée par un rideau ;