Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 2, Fj-Fris.djvu/157

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suivi S. M. l’empereur Napoléon et sa famille seront tenus, s’ils ne veulent pas perdre leur qualité de Français, de rentrer en France dans le terme de trois ans, à moins qu’ils ne soient compris dans les exceptions que le gouvernement français se réserve d’accorder après l’expiration de ce terme.

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» Art. 20. Les hautes puissances alliées garantissent l’exécution de tous les articles du présent traité. Elles s’engagent à obtenir qu’ils soient adoptés et garantis par la France. •

Les articles que nous avons passés sous silence ne contiennent que des stipulations de détail et d’intérêt secondaire.

Le traité, daté de Paris 11 avril 1814, était signé : pour Napoléon, par Caulaincourt, duc de Vicence ; le maréchal Macdonald, duc de Tarente ; le maréchal Ney, duc d’Elchingen ; pour l’Autriche, par le prince de Mettemieh ; pour la Russie, par le comte de Nesselrode ; pour la Prusse, par le baron de Hardenberg ; pour le gouvernement provisoire, par le prince de Bénévent, Dalberg, Jaucourt, Beurnonville, Montesquiou. L’Angleterre donna son consentement pur et simple, par l’entremise de lord Castlereagh ; enfin, le prince de Bénévent ratifia le traité le 31 mai suivant, au nom de Louis XVIII lui-même.

FONTAINE-BONNELEAU, village et comm. de France (Oise), cant. de Crèvecœur, arrond. et à 47 kilom. de Clermont ; 537 hab. Eaux minérales froides ferro-crénatées ; trois sources, débitant de 4,000 à 4,500 litres par jour. Carrières. Découverte de sarcophages. Église du xve siècle, renfermant des lambris sculptés de la même époque. Souterrains-refuges.

FONTAINE-LE-COMTE, village et comm. de France (Vienne), cant. S., arrond. et à 8 kilom. de Poitiers ; 717 hab. L’église, classée au nombre des monuments historiques, est celle d’une ancienne abbaye fondée par Guillaume X, duc d’Aquitaine.

FONTAINE-LES-CORNUS ou LES-CORPS-NUDS, village et comm. de France (Oise), cant. de Nantcuil, arrond. et à 9 kilom. de Senlis ; 399 hab. En 1136, Louis le Gros fonda sur le territoire de cette commune l’abbaye de Chaalis, à laquelle Louis VII donna une charte et qui devint dans la suite une des plus considérables de France. Les moines de Chaalis jouissaient de revenus énormes, ce qui ne les empêcha pas de laisser, au moment de la Révolution, 600,000 livres de dettes. L’église et une partie des bâtiments du monastère ont été détruits. L’église, magnifique, dit-on, était décorée de tableaux précieux, de statues finement sculptées et renfermait de curieux monuments funéraires, notamment les tombeaux des évèques de Senlis. Le transsept N. et le mur latéral de la nef du côté des cloîtres sont à peu près tout ce qui reste de cet antique édifice. À peu de distance de ces ruines se voit une charmante chapelle bien conservée et qui porte le nom de chapelle de l’Abbé.

FONTAINE-DANIEL, hameau de France (Mayenne), comm. de Saint-Georges-Buttavent, cant. et arrond. de Mayenne ; 300 hab. Ruines d’une abbaye fondée au commencement du xiiie siècle. La salle capitulaire, divisée en deux nefs, les cuisines et une salle appelée salle de la Cacaudière sont tout ce qui subsiste des constructions primitives. Les autres bâtiments, dans lesquels a été établie une filature de coton, datent du xviie et du xviiie siècle. Près de l’abbaye se voient deux fontaines-réservoirs du xive siècle, voûtées en ogives.

FONTAINE-LÈS-DIJON, village et comm. de France (Côte-d’Or), cant. N., arrond. et à 3 kilom. de Dijon, sur une montagne de 365 mètres d’altitude ; 457 hab. Église romane-gothique. Maison où est né saint Bernard.

FONTAINE-LE-DUN, bourg de France (Seine-Inférieure), ch.-l. de cant., arrond. et à 25 kilom. N.-E. d’Yvetot, près de la source du Dun ; pop. aggl., 550 hab. — pop. tot., 606 hab. Commerce de chevaux, vaches et moutons. L’église, du XIIe et du XIIIe siècle, renferme, des fonts baptismaux en pierre, richement sculptés.

FONTAINE - ÉTOUPPEFOUR, village et comm. de France (Calvados), cant. d’Evrecy, arrond. et à 8 kilom. de Caen, sur l’Odon ; 628 hab. « Le château, dit M. de Caumont, est l’un des plus intéressants de l’arrondissement de Caen. L’ancienne entrée surtout, avec son pavillon d’un effet si pittoresque, est d’une très-grande élégance. La porte de ce pavillon était précédée d’un pont-levis. Deux étages, éclairés par des fenêtres à croisées de pierre, surmontent cette porte et sont flanqués de deux élégantes tourelles surmontées de clochetons coniques ornés de crochets. Un fronton pyramidal, portant des ornements semblables, s’élève entre ces deux tourelles et termine élégamment la façade du pavillon. » Cette belle habitation est précédée de splendides avenues.

FONTAINE-L’ÉVÈQUE, ville de Belgique, prov. de Hainaut, arrond. et à 10 kilom. O. de Charleroi, sur la Bablone ; 3,018 hab. Clouterie ; carrières de pierres bleues, fours à chaux, raffinerie de sel, brasserie, distillerie d’eau-de-vie. Commerce assez considérable des produits de son industrie.

FONTAINE-FRANÇAISE, bourg de France (Côte-d’Or), ch.-l, de cant., arrond. et à 38 kilom. de Dijon ; pop. aggl., 1,051 hab. — pop. tôt., 1,108 hab. Fontaine-Française était au moyen âge une seigneurie importante, qui, après avoir longtemps appartenu aux sires de Vergy, passa, au xive siècle, dans la maison de Longwy, puis dans celle des Chabot, par le mariage de Françoise de Longwy avec Philibert Chabot, maréchal de France. D’autres familles de moindre importance la possédèrent jusqu’à la Révolution. Fontaine-Française est surtout célèbre par la bataille qu’y livra, le 5 juin 1595, Henri IV contre les troupes de la Ligue, commandées par le duc de Mayenne (v. ci-dessous). Le monument érigé pour perpétuer le souvenir de cette grande bataille est aujourd’hui en ruine. Quant au château, c’est un édifice du xviiie siècle, qui n’offre, au double point de vue architectural et historique, rien de particulièrement intéressant.

Fontaine - Française (bataille de). Philippe II ne se lassait pas d’entretenir en France le trouble et la discorde, car il savait que ces agitations mêmes faisaient la tranquillité de l’Espagne. On était en 1595, et Henri IV, malgré son adresse et son activité, n’avait pu réussir encore à écraser complètement la Ligue, dont les conseils et l’or du monarque espagnol soutenaient les derniers efforts. L’orgueilleux Philippe, voyant cependant le Béarnais sur le point de vaincre tous les obstacles et asseoir chaque jour son pouvoir plus solidement, en conçut une sorte de rage et enjoignit à ses lieutenants d’arrêter à tout prix ses progrès. Fernand de Velasco, gouverneur du Milanais et connétable de Castille, franchit les Alpes à la tête de 10,000 hommes et marcha sur la Franche-Comté pour donner la main au duc de Mayenne, que le maréchal de Biron venait d’expulser de son gouvernement de Bourgogne. À cette nouvelle, Henri IV courut défendre la frontière. À Troyes, il apprit que Velasco et Mayenne étaient rentrés dans Vesoul, occupé par les Lorrains, et que le connétable de Castille ne parlait que de tout mettre à feu et à sang en France. C’était plus aisé à dire qu’à faire en présence du Béarnais ; mais on sait que les rodomontades font partie essentielle du caractère castillan. Le roi, pour porter plus promptement des secours à Biron, qui assiégeait Dijon, se sépara de son infanterie à Troyes et prit les devants avec sa cavalerie, forte d’environ 2,000 hommes, et il arriva à Dijon avant que Velasco eût passé la Saône à Gray. Le sur lendemain (6 juin), il s’avança avec le maréchal de Biron jusqu’à Luz, petite ville entre Dijon et Gray, fit reposer ses troupes et leur, donna rendez-vous pour trois heures de l’après-midi à Fontaine-Française, renouvelant ainsi l’héroïque témérité d’Aumale, car il risquait de se heurter, avec quelques centaines de chevaux seulement, contre toute l’armée ennemie. À peine, en effet, s’était-il mis en marche avec ses cavaliers d’élite, que le marquis de Mirabeau, qu’il avait envoyé à la découverte avec 100 hommes environ, revient vers lui au galop et lui apprend que les ennemis arrivent en ordre de bataille sur ses pas, au nombre de 2,000 cavaliers et de 10,000 fantassins de pied. Biron s’élance aussitôt en avant avec 300 chevaux, et rencontre d’abord une garde avancée qu’il dissipe. Mais, voyant accourir. à sa rencontre des forces supérieures, suivies de toute l’armée ennemie, il divise sa troupe en trois petits corps, deux pour tenir en échec les Espagnols, et le troisième pour porter du secours où le besoin s’en ferait sentir. Bientôt 900 cavaliers se joignent aux premiers ennemis et attaquent Biron de tous côtés. Le maréchal résista vaillamment ; mais, craignant de se voir bientôt enveloppé, en voyant croître continuellement le nombre des ennemis, il battit en retraite. Ce mouvement en arrière ne se fit pas sans désordre, et le danger devint d’autant plus grand que Biron reçut presque en même temps un coup de sabre sur la tête et un coup de lance dans le bas-ventre. À cette vue, le roi lui envoya 100 chevaux pour le secourir ; puis, devant l’imminence du péril, il s’élança lui-même avec tout ce qui lui restait de troupes disponibles. Ralliant autour de lui tous les principaux officiers : « À moi ! mes amis, leur cria-t-il, et faites comme vous m’allez voir faire ! » Et il chargea à fond de train les ennemis avec une telle furie qu’il renversa les premiers escadrons sur ceux qui s’avançaient pour les soutenir. La mêlée fut terrible, et quelques soldats commencèrent à prendre la fuite. Henri commanda alors à Antoine de Roquelaure de courir après eux pour les ramener au combat. « Je m’en garderai bien, répondit spirituellement cet officier ; on croirait que je fuis aussi. Je ne vous quitterai point, et je combattrai à vos côtés. » En ce moment, l’intrépide Biron, que l’on croyait hors de combat parce qu’il paraissait aveuglé par le sang qui jaillissait de sa blessure a la tête, reparut tout à coup avec 120 chevaux qu’il avait ralliés, et, chargeant de concert avec le roi, qui risqua dix fois sa vie dans cette circonstance, culbuta successivement trois ou quatre corps de cavalerie. Vainement Mayenne pressa le connétable de Castille d’engager à fond toute sa cavalerie ; Velasco, devant cette résistance désespérée, crut qu’il allait avoir toute l’armée française sur les bras, et il battit en retraite, uniquement préoccupé du soin de défendre la Franche-Comté.

Quelques historiens ont, légèrement peut-être, accusé Henri IV de s’être imprudemment exposé dans cette mêlée ; mais ils n’ont pas réfléchi qu’il y fut pour ainsi dire forcé par les circonstances. D’un côté, il ne pouvait abandonner à lui-même le maréchal de Biron, qui avait résolument engagé l’action contre des forces dix fois supérieures ; de l’autre, la fuite était aussi dangereuse que le combat et laissait aux Espagnols tous les avantages de la victoire sans leur en faire courir les dangers. Ainsi la loyauté, l’honneur, le courage et son propre intérêt l’inspirèrent mieux que les conseils timides de quelques-uns de ses officiers, et il eut la gloire et le bonheur d’arrêter, avec 900 chevaux seulement, une armée de 12,000 hommes et de la forcer à reculer.

Mais ce qui fait mieux connaîtra encore le caractère de ce grand prince, dont toutes les témérités étaient calculées, c’est qu’au plus fort de la mêlée et des dangers qu’il courait, il conservait assez de sang-froid et de présence d’esprit pour veiller sur la salut des hommes dévoués qui combattaient pour lui. « Garde ! La Curée, » cria-t-il d’une voix retentissante à l’un de ses officiers prêt à être percé par un Espagnol. À la voix du roi, La Curée se retourne, voit le péril et jette l’ennemi à terre d’un coup de son épée. Le soir de cette bataille acharnée, malgré ses proportions restreintes, le Béarnais disait à ses amis : « Dans d’autres occasions, j’ai combattu pour la victoire ; mais, dans celle-ci, j’ai combattu pour la vie. » En même temps, il écrivait à sa sœur : « Peu s’en est fallu que vous n’ayez été mon héritière. »

La victoire de Fontaine-Française ne procura à Henri IV aucun avantage immédiat, car il revint sur ses pas après avoir parcouru et ravagé pendant deux mois la Franche-Comté ; mais elle prouva à la Ligue que son règne était passé, et à Philippe II qu’il fallait abandonner les rêves de suprématie européenne qu’il avait caressés si longtemps et pour la réalisation desquels il avait a jamais compromis la prospérité et la force de l’Espagne.

FONTAINE-GUÉRIN, village et comm. de France (Maine-et-Loire), cant. de Beaufort, arrond. et à 12 kilom. de Baugé, sur la rive gauche du Couasnon ; 1,133 hab. Nombreuses usines. Beau dolmen de la Pierre-Couverte, formé de trois pierres, dont l’une a 3 mètres de longueur sur 2 mètres de largeur. Débris d’un autre dolmen près du château de la Tour-du-Pin. Motte féodale. Église du xie siècle, avec lambris entièrement peints.

FONTAINE-HENRI, village et comm. de France (Calvados), cant. de Crevilly, arrond. et à 13 kilom. de Caen, sur la rive gauche de la Mue ; 406 hab. Ce village est célèbre par son beau château de la Renaissance, très-bien conservé. « Les fenêtres de la partie droite, dit le savant M. de Caumont, sont surmontées d’arcades en forme d’accolade et ornées de panaches et de feuillages frisés. Deux tours carrées rompent la monotonie des lignes horizontales. L’une est surtout remarquable par ses moulures ; l’autre paraît plus ancienne que tout le reste et semble dater de la fin du xve siècle. À partir de la première tour, le style change complètement. Des arabesques, des rinceaux de la plus grande finesse couvrent les murs avec profusion. Les combles extrêmement élevés de cette aile et sa cheminée colossale dominent tout l’édifice. La grande cheminée n’est guère moins considérable que celles de Chambord. Sur un des angles du pavillon se dresse une élégante tourelle à pans coupés, ornée de moulures et de médaillons. Une tour plus élevée, et au long toit conique, garnit l’angle opposé du même pavillon. Plusieurs têtes en bas-relief décorent la partie supérieure des fenêtres, » Le parc, planté d’arbres magnifiques, arrosé de belles eaux, renferme des rochers pittoresques et de curieuses carrières. À côté du château s’élève une jolie chapelle du xiiie siècle. La porte latérale de l’église paroissiale est très-richement ornée.

FONTAINE-LE-PORT, village et comm. de France (Seine-et-Marne), cant. du Châtelet, arrond. et à 12 kilom. de Melun, sur la rive droite de la Seine ; 267 hab. Ruines d’une abbaye qui, sous le premier Empire, fut momentanément convertie en maison d’éducation pour les orphelines de la Légion d’honneur.

FONTAINE-SUR-SOMME, village et comm. de France (Somme), cant. d’Hallencourt, arrond. et à 14 kilom. d’Abbeville ; 1,277 hab. L’église, monument historique, est surmontée d’une élégante flèche. Le portail latéral de gauche est couvert de riches sculptures aux armes de Louis XII et de François Ier. On remarque à l’intérieur des restes de vitraux, des clefs de voûte sculptées et des fonts baptismaux de 1590.

FONTAINE-LA-SORET, village et comm. de France(Eure), cant. de Beaumont-le-Roger, arrond. et à 13 kilom. de Beinay, sur la Rille ; 544 hab. L’église, en partie romane, est flanquée d’une tour carrée et décorée d’un beau vitrail représentant Saint Jean-Baptiste. Dans les environs, ruines du château de la Rivière-Thibouville, dont la chapelle existe encore, et magnifique château d’Epremesnil, bâti peu de temps avant la Révolution.

FONTAINE-LA-VAGANNE, village et comm, de France (Oise), cant. de Marseille-le-Petit, arrond. et à 25 kilom. N.-O. de Beauvais ; 522 hab. Fabrique de bonneterie. Ce village a pris son nom d’une famille Wagan, qui en était propriétaire dès le xiie siècle. On y voit des restes très-importants d’un ancien château fort du xive siècle. C’est une construction élevée, très-solide, en silex et en grès, avec des meurtrières et deux tours à mâchicoulis. Il reste quelques-unes des très-petites croisées du premier temps. On a percé des ouvertures modernes dans les murs, qui n’ont pas moins de 2m,33 d’épaisseur. Une partie des fossés de la place, garnis d’une contrescarpe muraillée, existe encore.

Le château de Fontaine joua un rôle important dans les guerres du xve siècle contre les Anglais et pendant les troubles de la Ligue. Après la prise de Rouen, de Gournay et de Gisors, les Anglais, incommodés par le château de Fontaine qu’ils n’avaient jamais pu enlever, l’assiégèrent régulièrement avec une armée de 3,000 hommes et forcèrent la place, épuisée par trois semaines de blocus, à accepter une capitulation honorable. En 1589, les ligueurs d’Amiens s’emparèrent de cette place et y furent assiégés par l’armée royaliste, qui finit par s’en rendre maîtresse. Dans ces dernières attaques, l’édifice éprouva de grands dommages qui ne furent réparés qu’en 1678.

FONTAINES (Pierre des), jurisconsulte et magistrat français, né dans le Vermandois au xiiie siècle. Il fut maître (conseiller) du parlement sous saint Louis, qui, d’après Joinville, le chargea fréquemment de remplir les fonctions de juge, et devint un des conseillers de la cour du roi, en 1259, lors d’un procès relatif à la garde de Saint-Remy de Reims. Il composa, sous le titre de : Conseil que Pierre de Fontaines donna à son ami, un ouvrage dans lequel « il trace, dit Laferrière, les règles à suivre dans les relations civiles et s’efforce d’adoucir la rude empreinte de la féodalité par la sagesse des lois romaines. » Par cet ouvrage, le premier qui ait été écrit sur ce sujet, des Fontaines entra dans les vues de saint Louis, qui s’efforçait de transformer notre législation, en substituant les formes du droit romain aux pratiques barbares du temps. Le Conseil, publié pour la première fois par Du Cange à la suite de l’Histoire de saint Louis, de Joinville (Paris, 1668, in-fol.), a été réédité par M. Marnier (Paris, 1846, in-8o).

FONTAINES (Mlle de), en religion : sœur Madeleine de Saint-Joseph, première grande prieure d’un couvent de carmélites en France, née en 1578, morte en 1637. Elle avait vingt-cinq ans, lorsque le cardinal de Bérulle la rencontra à Tours ; ayant reconnu en elle les qualités propres à la vie monastique, il la conduisit au couvent des carmélites de la rue Saint-Jacques.

Le cardinal de Bérulle avait bien jugé Mlle de Fontaines, une vraie sainte Thérèse. Cependant, quand elle dut monter dans la voiture qui allait à jamais la séparer de sa famille, elle hésita. « Le carrosse qui me mena aux Carmélites, a-t-elle dit plus tard, me parut semblable à la charrette qui conduit les criminels au supplice. » Toutefois, ses larmes se séchèrent vite ; entrée au couvent en 1604, elle fait profession en 1605. Bientôt sa piété ardente, passionnée, extatique, la fit nommer sous-prieure, puis grande prieure. Après sa mort, il s’en faudra de peu qu’elle ne soit canonisée. M. Eugène Deschanel, ayant à parler de Sapho, fait entre la célèbre poètesse de Lesbos et la réorganisatrice de l’ordre du Carmel un rapprochement que quelques-uns pourront trouver irrévérencieux, profane. « Qui sait ce que Sapho chrétienne eût été ? Peut-être elle eût été sainte Thérèse. L’hystérie et le mysticisme ont des rapports cachés, mais réels ; l’un et l’autre parlent quelquefois la même langue et produisent des phénomènes presque pareils… Sous le ciel de l’Espagne, plein de soleil, comme sous ciel de l’Eolide, dans cet air doux et parfumé, soit après les banquets couronnés de roses, ou l’on s’enivrait de vin de Lesbos, au milieu des chansons et des lyres, ou après ces jeûnes du cloître, qui affaiblissaient le cerveau, excité ensuite par les chants de l’orgue ou par le silence, soit dans ces belles îles de la mer Egée et de la mer Ionienne, toutes verdoyantes, comme le disent les poètes, d’épais ombrages ennemis de l’innocence, ou dans ces couvents d’Avila et d’Alba, aux ombrages mystérieux aussi, aux préaux solitaires pleins de rêverie, aux cellules discrètes, comment défendre son âme ou ses sens contre la passion, érotique ou séraphique, et contre les dards enflammés ? »

Ainsi de Mlle de Fontaines, qui peut-être eût été une Sapho, si elle n’eut, rencontré le cardinal de Bérulle. Il lui fit une vocation, et elle devint une sainte, la sainte Thérèse de France, comme on l’a appelée. Même amour chez Mlle de Fontaines que chez le modèle qu’elle s’était choisi et dont elle avait pris la devise : « Souffrir et mourir. » Même ardeur, même transport, même agitation nerveuse ; elle eut ses extases, elle eut ses visions.

Le couvent de la rue Saint-Jacques possède un portrait de Melle de Fontaines, qui a été