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l’énergie a-vec laquelle le chancelier de Paris et les réformateurs orthodoxes du concile de Constance ont attaqué les désordres de l’Église, la simonie, la vente des indulgences, le trafic des dignités ecclésiastiques, le luxe de3 prélats, etc., n’a pas été dépassée ipar les protestants du xviB siècle. L’Église repoussa la réforme catholique, et cent ans plus tard, par une sorte d’expiation, elle fut déchirée par la réforme hérétique. Du reste, nous ferions mal connaître Gerson, si nous laissions supposer que son ardeur pour la réforme lui était inspirée par le sentiment de lajiistiee absolue. Esprit clairvoyant, il sentait que la corruption de l’Église était pour elle une cause certaine de décomposition, et, s’il voulait innover, c’était par un esprit bien entendu de conservation. La "moindre idée libérale serait absurde k supposer.dans la tête d’un catholique de ce temps ; et s’il nou3 fallait démontrer que Gerson n’était ni plus ni moins fanatique que les autres Pères du concile, nous en trouverions immédiatement une preuve sanglante. Dans une de ses sessions, le concile avait condamné et livré au bras séculier l’hérésiarque Jean Huss et son disciple Jérôme de Prague. Gerson fut un des plus ardents à poursuivre la condamnation et le supplice de ces malheureux. Le concile se sépara en 1418, sans avoir résolu la plupart des questions pour lesquelles Gerson luitait dépuis tant d’années. Triste, découragé par tant de débats stériles, ne pouvant.revenir à Paris, où dominait alors la faction du duc de Bourgogne, il prit le chemin de l’exil, erra à pied k travers les montagnes de la Bavière et du Tyrol, se retira en Autriche, et ne rentra en France qu’à la mort de ses ennemis (U19). Mais sa carrière militante était terminée. Brisé par les déceptions, il embrassa la vie ascétique et méditative, et passa les dix dernières années de son existence dans un couvent de célestins, à Lyon. C’est dans cet asile qu’il composa le plus grand nombre de ses traités mystiques. La latinité de Gerson porte l’empreinte de la barbarie du temps ; son style est hérissé de gallicismes et de solécismes ; mais il est souvent plein d’énergie et de couleur, au milieu de ses subtilités scolastiques et de ses métaphores ampoulées.

Ses écrits français n’ont pas une grande valeur littéraire. Ses poésies, notamment, ne supportent pas la lecture. Mais celui de tous ses écrits qui l’a recommandé le plus à l’admiration des dévots, c’est l’Imitation de JésusChrist. Nous n’avons pas k le juger ici. Pendant longtemps, le véritable auteur de ce livre célèbre est resté inconnu. Certains critiques l’ont considéré comme une œuvre impersonnelle, comme l’épopée intérieure de la vie monastique, écrite par plusieurs mains et à différentes époques. D’autres l’ont attribué à Thomas à Kempis, dont le nom se lit sur plusieurs manuscrits ; quelques-uns, k un certain moine italien, Jean Gersen, dont l’existence même est un problème, et dont le nom pourrait bien être une altération de celui de Gerson, Enfin, et sans qu’on puisse se pronnoncer d’une manière absolue sur cette.

question qui a enfanté tant de volumes, des autorités considérables en ont fait honneur à Gerson. Cette dernière opinion paraît assez généralement admise aujourd’hui.

Du reste, Gerson n’était pas fait, selon nous, pour les luttes au milieu desquelles il a été jeté par les circonstances. Gerson était né mystique. Son tempérament comportait tous les excès et tous les égarements dont le mysticisme est le résumé. On dirait que l’exaltation mystique de Gerson n’a fait que s’enliammer au contact des événements auxquels il fut obligé de prendre part. L’expérience du monde s’allié chez lui aux effusions les plus désordonnées de l’extase. Il appartient à la famille des Scot Erigàjie, des saint Bernard, des Hugues de Saint-Victor, des saint François d’Assise et des saint Bonaventure. Mais il a sa physionomie a part, dans cette nébuleuse galerie de mystiques. Il a su dégager, le mysticisme, de ses formes abruptes, symboliques ou incompréhensibles, pour en faire, si l’on’peut s’exprimer ainsi, unéphilosophie à l’usage des gens du monde. D’après Gerson, il y a deux sortes de théologie : l’une, qu’on pourrait appeler théologie séculière ou dogmatique, s’explique par voie de raisonnement : la raison, guidée par l’autorité ou la tradition, en est l’arbitre ; l’autre, la théologie mystique, n’a aucun rapport avec la raison ; elle est le fruit d’une autre faculté, l’amour. Or l’on sait que tout amour, mais l’amour mystique surtout, est un fruit de l’imagination exallée, c’est-à-dire une simple variété de la folie. Gerson en fait un aveu qui ne per met aucune espèce de doute. La théologie mystique, selon lui, n’a rien à faire, ni avec les sens, ni avec la raison, ni avec l’entendement. Elle a pour fondement exclusif la

force affective. À ce propos, il entre dans des détails psychologiques analogues à ceux qu’on rencontre dans les livres de l’école d’Alexandrie. Il y a ceci de particulier dans la force affective, qu’elle n’est pas susceptible, comme la raison, d’être soumise à des règles rixes : elle échappe souvent à l’analyse, et puis elle est trop mobile pour qu’on puisse l’incarner, pour ainsi dire, dans une logique régulière. Mais elle est plus féconde et plus nécessaire pour vivre que la force rationnelle ; on ne meurt pas de la privation de cette dernière, on n’est qu’idiot, mais on meurt de la privation de la torce affective ; car cette privation s’ap GERS

pelle le désespofr, et quand le désespoir est arrivé à un certain degré d’intensité, il amène nécessairement la mort.

Ces principes posés, Gerson examine comment la force affective, dont la théologie mystique est le code, se développe dans l’homme. Il parle d’abord des moyens surnaturels employés par Dieu pour nous attirer de son côté. Ces moyens surnaturels se réduisent à une question de tempérament. A moins d’une maladie spéciale, c’est-à-dire d’un événement moral tout particulier, ce tempérament mystique no s’acquiert pas du premier coup ; il faut plusieurs générations pour développer dans les individus et les sociétés cette disposition ou sensibilité qui donne lieu à la grâce surnaturelle. Les moyens ordinaires sont l’abstraction et la foi. En détinitive, ils rentrent dans les moyens précédents et sont le fruit de l’habitude. Quand cette habitude est contractée, et que l’homme est parvenu à loger Dieu en soi, et que, constamment replié sur lui-même, inditférentau monde extérieur, il se renferme tout entier dans sa conscience comme dans un monde à travers lequel la pensée chemine sans distraction, dès lors, il a atteint le plus haut degré du mysticisme. C’est l’état des derviches ^ de l’Inde et des illuminés de tous les temps ; c’est l’ascétisme tel que l’ont pratiqué les ermites et les saints du christianisme ; c’est l’idiotisme le plus déploraMe, un idiotisme conscient et satisfait, c’est la folie de la croix.

La morale de Gerson est conforme à ces principes. Pour lui, le bien et le mal’nJont pas d’existence réelle. C’est la volonté de Dieu seule qui caractérise les actions des hommes : « Si Dieu, dit-il, veut certaines actions, ce n’est pas parce qu’elles sont bonnes ; mais elles sont bonnes parce qu’il les veut, de même que d’autres sont mauvaises parce qu’il les défend. »

De même*pour la vérité : elle n’a pas d’existence objective. « La droite raison ne précède pas la volonté, et Dieu ne se décide pas à donner des lois à la créature raisonnable pour avoir vu d’abord dans-sa sagesse qu’il devait les donner ; c’est plutôt le contraire qui a lieu... Les choses étant bonnes (vraies), parce que Dieu veut qu’elles soient telles, il ne les voudrait plus ou les voudrait autrement, que cela même deviendrait le bien » et le vrai. C’est la pure doctrine du christianisme, déjà attaquée au moyen âge par saint Thomas d’Acquin, l’un des fondateurs du rationalisme en Europe. Gerson s’y prenait trop tard pour constituer une école philosophique.

D’autres voies s’ouvraient déjà à l’humanité, et les efforts de Gerson furent impuissants k l’en détourner. On a cependant, de nos jours encore, conservé l’innocente manie d’admirer Gerson, mais on a perdu heureusement l’habitude de le lire. Comme tant d’autres, il vit de sa réputation.

Une collection des œuvres de Gerson a été imprimée à Strasbourg en 1488. La meilleure édition est celle de Dupin : Recueil des ouvrages de Gerson (Hollande, 1706, 5 vol. in : fol.).

Consultez sur Gerson : Oudin, Comment, de scriptoribus Ecclesiie (Leipzig, 1782. in-fol.) ; Lécuy, Vie. de Gerson (Paris, 1832, 2 vol. in-8o) ; Charles Schinidt, lissai sur Jean Gerson (Strasbourg, 1839, in-8o) ; Engelhardt, De Gersonio mystico (Erlangen, 1823, in-4o) ;, Jourdain, Doctriita Joli. Gersonii de theologia mystica (Paris, 1838, in-8o) ; Dupré Lassalle, Éloge de Gerson, ouvrage couronné par l’Académie française en 1838 ; Prosper Paugère, Éloge de Gerson, ouvrage couronné par 1 Académie française en 1838 ; Itevue des DeuxMondes, article de Saint - Marc Girardin, (15 août 1840) ; Histoire du concile de Conslnntiiwple(t. 1er) ; J. Launoy, Histoire du collège de Navarre (t. II) ; Edmond Richer, Vie de Gerson, dans son Apologie^ Jacques Lenfant, Histoire des conciles de Pise et de Constantinnple ; Antoine Pereira, Compendio da Vida da veneravel J. Gerson (Lisbonne, 1769) ; R. Thomassy, Jean Gerson (Paris, 1843, in-lG) ; Religieux de Saint-Denis (édit. Bellaguel) (passim) ; J. Juvénal des Ursins (passim). Pour In question de VImitation : Ch. Labitte, France littéraire (janvier 1836) ; C. Schinidt, Essai sur Gerson (Strasbourg, 1839, in-8o) ; Vert, Eludes historiques et critiques sur l’Imitation de Jésus- Christ (Paris, in-16 ; Toulouse, in-32).

GERSON (Jean), théologien français, frère du précédent, né à Gerson près de Rethelen 1384, mort en 1134. Il entra dans l’ordre des célestins et mourut prieur de la maison de Lyon. C’est dans ce couvent qu’il donna asile à son frère. On a de lui : Epislolaad li. P. Auselmum ccelestinum de operibus Joannis cancellarii, insérée dans les Œuvres du chancelier Gerson.

— Thomas Gerson, chanoine de la Sainte-Chapelle de Paris, mort en 1475. Il était neveu du précédent. D’après une note datée de 1493 et trouvée sur une ancienne traduction française de l’Imitation de Jésus-Christ, Thomas Gerson aurait traduit en français l’Imitation et transcrit, en 1472, le beau manuscrit in-fol. de l’Imitation, que de Launoy a décrit et qui porte en tête l’effigie du chancelier. On lui attribue une traduction des Vies desPères du désert, de saint Jérôme, et un ouvrage intitulé : Des sept paroles du Sauveur sur l’arbre de la croix (1538, in-8o).

GERSON (Albert), peintre polonais, né à Varsovie en 1831. Il étudia de 1845 à 1850 à

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l’école des beaux-arts de sa ville natale, "et fut

ensuite envoyé, aux frais.de cette dernière, à l’Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg, où il travailla de 1853 à 1855. Il partit pour’Paris en 1856 et y passa deux années, pendant lesquelles il suivit de préférence les leçons de Coignet.. Ce fut dans l’atelier de ce maître qu’il peignit un de ses plus beaux tableaux : l’Enterrement du serf. De retour a Varsovie, il fut nommé professeur de dessin à l’école des sourds-muets de cette ville. Pendant ses dernières années d’études, il avait fait de nombreuses excursions dans différentes parties de la Pologne, s’oecupant surtout de recueillir des types nationaux, qui ont été gravés et publiés en 1855, sous le titre de Costumes du peuple polonais (14 planches). Parmi les toiles de cet artiste, qui ont figuré aux salons de Varsovie, nous citerons : le Montagnard en voyage (1857) ; la Pauvre fille sans asile (1859) ; Sainte Hedwidge faisant l’aumône (1861). Il a publié un recueil de portraits de guerriers polonais, sous ce titre : les Iletmans polonais (avec texte de J. Bartoszewiez). On trouve de ses dessins dans la plupart des publications périodiques illustrées qui paraissent en Pologne, telles quel’ Hebdomadaire illustré de Varsovie, l’Ami des enfants, etc.

GERSON1E s. f. Cér-so-nl — de Gerson, nom d’homme). Bot. Syn. de bolbophylle.

GERSTAECKER (Charles - Frédéric -Guillaume), jurisconsulte allemand, né à Zwickau (Saxe) en 1773. Il s’établit comme avocat à Leipzig, en 1797, puis devint suppléant à la Faculté de droit de cette ville. On lui doit plusieurs ouvrages estimables, notamment : Essai d’une déduction générale de la notion du droit (Ijreslau, 1801, ’in-8°) ; Métaphysique du droit (Erfurt, 1802) ; Système de l’administration publique intérieure et de la politique légale (Leipzig, 1818-1819, 3 parties, in-8o), livre remarquable.

GERSTAECKER (Frédéric), chanteur allemand, né en 1787, mort à Cassel en 1825. Son père le destinait à la profession médicale, mais son goùtdécidé pour lamusique le poussa résolument dans la carrière artistique. En sa qualité d’élève du collège de Sainte-Croix à Dresde, il chanta dans les chœurs du théâtre italien, et put étudier de près les différentes méthodes employées par les illustrations vocales qui se faisaient entendre à ce théâtre. Doué d’une belle voix de ténor, étendue et flexible, d’un extérieur distingué, il débuta au théâtre de Chemnitz, puis se fit entendre à Freiberg. Quand il eut acquis une certaine notoriété sur les scènes de second ordre, il revint k Dresde et s’y posa en chanteur de premier ordre. Mais c’est à Leipzig qu’il remporta ses plus éclatants triomphes. Dans tout le nord de l’Europe, sa renommée avait acquis un immense développement, quand la mort vint le saisir dans toute la maturité de son talent.

GERSTAECKER (Frédéric), voyageur et romancier allemand, fils du précédent, né à Hambourg en 1816. Il fut destiné dès son enfance au commerce ; mais il abandonna bientôt cette carrière, et, poussé par son esprit aventureux, il s’embarqua pour l’Amérique où,

pendant deux ans (1835-1837), il étudia l’agriculture pratique dans une ferme. De 1837 à 1843, il parcourut les États-Un>s, et fut, selon les besoins du moment, chauffeur abord d’un steamer da Mississipi, matelot, colporteur, orfèvre, bûcheron, aubergiste et trappeur dans le3 prairies de l’Ouest. À Son retour en Allemagne, un éditeur s’offrit k publier son journal de voyage et l’engagea k se lancer dans la littérature. C’est ainsi qu’il publia ses Excursions et chasses à travers les États-Unis de l’Amérique du Nord (Dresde, 1844) ; les Tableaux du Mississipi (Dresde, 1847) ; les Tablenux des forêts et des fleuves américains (Leipzig, 1849), et des romans : les Régulateurs en Arkansas (1846) et les Pirates du Mississipi (Leipzig, 1848). De 1849 à 1852, M. Gerstaecker entreprit, sous les auspices du gouvernement et du libraire Cotta, un voyage

autour du monde, afin de recueillir des renseignements pour les émigrants allemands et

de iiouvea’ux matériaux pour ses livres. 11 parcourut ainsi les deux Amériques et une partie de l’Océanie. Le compte rendu de ce voyage a été publié par fragments dans le journal l’Étranger, dans la Gazette d’Augsbourg, et ces divers articles ont été réunis en volumes, sous le titre de Voyages (Stuttgard etTubingue, 1853-1854), et traduitsen anglais. M. Gerstaecker a de nouveau entrepris, en 1860, un voyage dans l’Amérique du Sud, et accompagne, en 1862, le duc Ernest de Gotha en Égypte et en Abyssinie. Outre les ouvrages que nous avons déjà cités, on a de lui : la traduction d’un roman américain intitulé la Ville des’ quakers et ses mystères (1846) ; Voyages autour du monde (Leipzig, 1847-1848) ; Aventures des émigrants allemands (Leipzig, 1847) ; les Echos des forêts vierges (Leipzig, 1847) ; Taïti (1854, 4 vol.) ; En mer (1855) ; Dans les deux Amériques (1855) ; En Amérique (1855) ; les Deux galériens (1856) ; Esquisses sur la Californie (1856) ; l’Or (1858, 3 vol.) ; la Vieille maison (1857) ; Clair et sombre (1859, 2 vol.) ; le Monde insulaire (1860) ; Sous l’équateur (1861,3, vol.) ; une Histoire mystérieuse (1862,2 vol.) ; Dix-huit mois dans l’Amérique du Sud (1862) ; Mon journal (1863) ; Bouquets (1864) ; le Sauvage, drame (1864) ; le Monde

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en petit pour le petit monde (1866), etc. La plupart des romans de Gerstaecker ont été traduits en anglais et en français.

GERSTEN (Chrétien-Louis), astronome et mathématicien allemand, né k Giessen (Hesse-Dannsladt) en 1701, mort en 1762. Il professait les mathématiques dans sa ville natale lorsque, à la suite d’un procès qu’il eut avec son beau-frère, il quitta Giessen, se rendit à Altona, puis k Saint Pétersbourg, où il chercha vainement k utiliser ses talents, retourna en Allemagne et fut arrêté k Francfort, en 1748, pour avoir écrit en termes inconvenants au landgrave de Hesse-Darmstadt. Rendu à, la liberté en 1760, il mourut, deux ans plus tard, à Francfort, dans un état voisin de l’indigence. Gersten, mathématicien de premier

ordre, avait inventé, en 1722, une machine à calculer fort ingénieuse, dont on trouve la description dans le numéro 438 des Transactions philosophiques. Il a laissé plusieurs ouvrages, entre autres : Tentamina systematis novi ad mûlationes barometri ex nutura elateris aeri demonstrandas (Francfort, 1733) ; Meihodus nova ad.eclipses terrx et appulsus lunB ad stellas supputandas (1740) ; Exercitationes recentiares circa roris meteora (1748).

GEUSTENRERG (Henri-Guillaume de), poëte et critique allemand, né à Tœndern (Slesvig) en 1737, mort en 1823. Il servit dans l’armée danoise, et fut successivement résident k Lubeck (1775), et directeur de la loterie d’Altona (1783-1812). Ses chansons bachiques et guerrières le rendirent populaire en Allemagne. Il ne s’est pas acquis une moins grande réputation dans la haute poésie et au théâtre, par les Ballades d’un scalde (1700) ; les poSines d’Ariane à Naxos (1767) et la tragédie d’Ugolin (1708), qui s’est maintenue longtemps sur la scène. Ami de Cramer, de Schlogel et de Klopstock, il a travaillé avec eux à la rénovation littéraire de sa patrie. Son journal, Y Hypocondriaque, publié avec Schmidt 0767-1784, 2 vol.) et les Lettres sur les curiosités littéraires (1766-1770) l’ont placé au nombre des critiques les plus caustiques et les plus originaux de son temps. Outre les ouvrages dont nous venons de parler, nous citerons de cet écrivain distingué : Poèmes en prose (Altona, 1759), suite de récits fort agréables ; Bagatelles (Altona, 1759), recueil de chansons, de contes anacréontiques ; la Fiancée (1759) ; Minona ou les Anglo-Suxons (1785), tragédie qui manque d’action, mais dont les caractères sont vigoureusement tracés ; la Théorie des catégories développée et éclaircie (1795), sur la philosophie de Kant ; Mélanges (1815), etc.

GERSTENBERGER (Weygand), historien allemand, né k Frankenberg (liesse) en 1457, mort en 1522. U fut chapelain du landgrave Guillaume, et composa en allemand une chronique de sa ville natale (1619, in-fol.) et une chronique des pays de Messe et de Thuringe qu’Ayrmann a publiée dans son Syllogéanecaotarum.

GE11STI.AC11ER (Charles-Frédéric), jurisconsulte allemand, né à Boblingen (Wurtemberg) en 1-732, mort en 1795. Il quitta l’université deTubingue, où il professait le droit, pour devenir assesseur au tribunal de Carlsruhe, puis assesseur à la cour suprême de Bade, et reçut le titre de conseiller privé. Ses principaux ouvrages sont : Spécimen juris publici de majore statuum imperii mtate antiquissima, antiqua et hodierim (1755, in-4<>) ; Corpus juris germanici et privali (1783-1789, 4 vol. in-8o).

GERSTNER (François-Joseph), savant allemand, né à Koinotau (Bo..ême) en 1756,

mort en 1832. Très-versé dans la connaissance des sciences mathématiques, il fut d’abord ingénieur, puis se rendit à Vienne et s’occupa quelque temps d’astronomie k l’observatoire de cette ville. Bientôt Gcrstner prit part aux observations cadastrales de la Bohême En U787, il devint professeur k l’université da Prague, fut nommé, en 1795, membre de la commission de réorganisation des études dans l’empire d’Autriche, et c’est grâce à ses efforts que fut fondé l’Institut technologique de Prague, qui se trouva en pleine activité en 1807, et où il professa les mathématiques et la mécanique. Chargé par une compagnie, la Société hydroteohinque, d’étudier un ancien projet ayant pour objet de relier par un canal le Danube k la Moldau, Gerstner conclut à l’abandon de cette idée et proposa d’unir les deux cours d’eau par une voie terrée allnnt de Dudweis k Linz, de façon à relier en même temps la mer du Nord k la mer Noire et à la Méditerranée. Ce savant garda jusqu’il la fin de sa vie la direction de l’Institut technologie que, dont il avait été le véritable créateur. Il a publié plusieurs ouvrages, dont les principaux sont : Introduction à l’art de bâtir (1789) ; Théorie des ondes (1801) ; Traité des roues hydrauliques (1809) ; Objet du cours de géométrie pratique à l’Institut technologique (1819) ; Manuel de mécanique (1831-1832). . GERSTNER (François-Antoinel, ingénieur allemand, fils du précédent, né à Prague en. 1795, mort k New-York en 1840. Il acheva ses études sous la direction de son père à l’Institut technologique de Prague, et fut nommé, k l’âge de vingt-trois ans, professeur de géométrie pratique kVienne. Lorsque, en 1822, son père proposa de relier par un chemin de fer le Danube à la Moldau, Antoine Gerstner Ht plusieurs voyages en Angleterre pour y étudier le système de construction employé pour les voies ferrées, commença le chemin de fer