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MAUD

{1097, 2’ vol. iii-Jî) ; Méditations sur uneretraite ecclésiastique (in-12, ulus. édit.) ; les Psaumes de David, trad. en français.

MAUDU1T (Israël), publioiste anglais, né à Bermondseyen 1708, mort en 1787. Il descendait d’une famille protestante française qui avait cherché un refuge en Angleterre. Mauduit se fit avantageusement connaître par la publication de divers ouvrages politiques : Considérations sur la guerre présente d’Allemagne (Londres 1760) ; Mémoire sur les finances et le commerce d’Angleterre (Londres, 1769) ; Aperçu sur l’histoire des colonies de la Nouvelle-A nglelerre ; Histoire de la colonie de la baie de Massachusetts (mi).

MAUDUIT (Antoine-René), géomètre distingué, professeurau Collège de Franco, né à Paris en 1731, mort en 1815. Il s’est fait remarquer par ses luttes contre les innovations dans les sciences, et par l’opposition obstinée qu’il fit au système métrique. On lui doit néanmoins de bons ouvrages sur les mathé-, rhatiques. Ses Éléments des sections coniques (1757, in-8o) sont regardés par Lalande comme un livre excellent. Nous citerons parmi Ses autres ouvragés : Principes d’astronomie sphérique ou Traité complet de trigonométrie sphirique (1765, in-8o) ; Leçons de géométrie théorique et pratique (1772) ; Leçons élémentaires de mathématiques(1780), etc.

MAUDUIT (Antoine-François), architecte français, membre correspondant de l’Institut, né à Paris en 1765, mort en 1854. Il servit dans le génie pendant les campagnes de la Révolution, passa en Russie, devint architecte de l’empereur Alexandre IL’r, construisit, entre autres édifices, le Grand-Théâtre de Saint-Pétersbourg, prit part, en 1814-1815, aux travaux de la commission chargée de consolider les fondements du Panthéon, et fat, de 1830 à 1835, secrétaire bibliothécaire de l’Académie de France à Rome. Les résultats d’un voyage qu’il fit en Orient ont été publiés sous ce titre * Découvertes dans la Troade 0840-1841, 2 vol. in-4<>). Outre cet ouvrage, dont Raoul Roehette fit une vive critique, on a de lui : ^Proposition pour l’achèvement des Tuileries au Louvre ; Mémoire adressé au citoyen Bonaparte et à l’Assemblée constituante szir la nécessité d’arrêter un pro, grainme de travaux d’intérêt général (Paris,

1849).

MAUDUIT (Hippolyte-Hyacinthe de), écrivain militaire français, né vers 1800. En sortant de l’Ëcoie Saint-Cyr, il entra dans l’infanterie, et parvint au grade de capitaine. l’artisan de la monarchie dite légitime, il donna sa démission après la révolution de juillet 1830, pour ne pas prêter serment au gouvernement nouveau, et fonda quelque temps après la Sentinelle de l’armée, qu’il a rédigée pendant de longues années. Après la révolution de 1848, M. de Mauduit dut suspendre la publication de son journal, qu’il put faire reparaître quelque temps après, grâce à des souscriptions lournies par des membres du parti légitimiste Après le coup d’Etat du 2 décembre 1851, M. de Mauduit passa avec armes et bagages dans le camp bonapartiste, et publia sur cet odieux attentat un ouvrage qui n’est qu’un long panégyrique : la dévolution militaire du 2 décembre 1851, précédée de la vérité quand même à tous les partis, et de curieux entretiens de l’auteur avec le prince Louis-Napoléon (1852, in-12). Outre divers opuscules sur des questions concernant l’armée, M. de Mauduit a publié aussi : Derniers jours de la grande armée (Paris, 1847-1848, 2 vol. in-8").

MAUDUIT DD PLBSS1S (Thomas-Antoine, chevalier de), voyageur et officier français, né à Hennebon (Morbihan) en 1753, mort au Port-au-Prince en 1791. À peine âgé de douze ans, poussé par la passion des voyages, il s’évada de l’École d’artillerie de Grenoble, se rendità Marseille, s’embarqua comme mousse, visita les échelles du Levant, Alexandrie, Constantinôple, d’où il revint’en France, suivit par la suite Rochambeau en Amérique pour combattre contre les Anglais en faveur de l’indépendance-des États-Unis, reçut le grade de major, et devint en 1787 coinmanniandant du régiment du Port-au-Prince.

Lorsque éclata la Révolution, Mu’iduit s’en déclara un adversaire acharné, se prononça avec énergie contre l’émancipation ’des esclaves, lui qui pourtant avait pris une part si active à l’affranchissement des citoyens des États-Unis, refusa, dé concert avec le comte de Blanohelande, gouverneur de la colonie, de promulger les décrets venus de France, désarma la garde nationale, forma des corps de volontaires royaux, connus sous le nom de pompons blancs^ Ut arrêter les membres du comité colonial, dissoudre l’assemblée de Saint-Marc, at provoqua par un système de sanglante compression une insurrection générale. Le î mars 1791, arrivèrent de Franpe, aux cris de Vive la liberté/ les régiments d’Artois et de Normandie, qui fraternisèrent aveu la population, et démontrèrent aux troupes de Port-au-Prince que leur colonel les (rompait par de faux ordres qu’il prétendait venir de 1a métropole. L’indignation excitée

Jiar la conduite de Mauduit provoqua contre ni un soulèvement pendant lequel il fut massacré par ses propres grenadiers.

MAUDUIT DE LA VARENNB (Pierre-JeanÉtienne), médecin et naturaliste français, mort dans un âge avancé en 1792. Il acquit

MAUG

la réputation d’un praticien distingué, devint membre de la Société royale de médecine, et collabora à l’Histoire des oiseaux de Bufïon. Il a publié : Extrait des journaux de médecine tenus pour 82 malades qui ont été électrisés (1779, in-4o) ; Mémoire sur les différentes manières d’administrer l’électricité (Paris, in-4o) ; Discours préliminaire et plan du dictionnaire des insectes de la Nouvelle encyclopédie méthodique (Paris, 1789, 2 vol in-8").

MAUFAIT s. m. (mo-fè — du lat. malus, mauvais, et de faire, celui qui fait le mal). Ancien nom du diable. D On écrivait aussi

MAUFE.

MAUGARD (Antoine), généalogiste et humaniste français, né à Châteauvoué, près de Metz, en 1739, mort en 1817. Lorsqu’il eut fait son droit, il devint commissaire du roi pour la vérification des anciens monuments de droit et d’histoire, se rendit à Paris en 1787, embrassa les idées de la Révolution, fonda en 1790 un journal intitulé les Annales de France, et fut compris en 1795 dans la liste des savants a qui la Convention accorda des récompenses nationales. Nous citerons de lui : Remarques sur la noblesse (Paris, 1787) ; Code de la noblesse (Paris 1789) ; Correspondance d’un, homme d’État avec un publiciste (Paris, 1789) ; Traité de prosodie française (1812), etc. ; enfin celui de ses ouvrages qui a eu -la plus de succès, son Cours de langue française il de langue latine comparées (1809-1812, il vol. in-8»), qui contient la traduction interlinôaire de Cornélius Nepos et de Phèdre.

MAUGE s. f. (mo-je). Mar. Morceau de cuir cloué au-dessus des dalots de l’avant les plus rapprochés de la mer, pour en fermer 1 ouverture, il Conduit de cuir ou de toile goudronnée, par où l’eau s’écoule du vaisseau dans la mer. Il On dit aussi maugèrk.

MAUGÙR, dit Marai, révolutionnaire français, né en 1763, mort à Paris en 1793. Il ressemblait beaucoup à Marat, dont il adopta le nom, se signala dans les clubs par une certaine éloquence, fut envoyé en mission à Troyes. puis à Nancy par le comité de Salut public en 1793, se mit à la tête de la société populaire de cette dernière ville et fut arrêté

Kar la municipalité de Nancy. Rendu à la berté par ordre de la Convention, Mauger se rendit à Rouen. Arrêté de nouveau sur le rapport de Faure et emprisonné a la Conciergerie, il y mourut fou.

MAUGÉRARD (Jean-Baptiste), érudit français, né à Aureviile (Lorraine) en 1740, mort à Metz en 1815. Il éntra dans l’ordre des bénédictins, devint successivement professeur a Metz, bibliothécaire de l’évêque de cette ville, doyen de l’abbaye de Cbimay et chanoine honoraire de Metz. Maugerard èmigra au commencement de la Révolution et rentra en France sous le Consulat. On a de lui quelques écrits insérés dans le Journalencyclopédiijue.

MAUGEUET, jurisconsulte français, né dans la seconde moitié du xvinii siècle. Il devint en 1195 commissaire du Directoire exécutif près l’administration centrale du département de la Gironde, puis vint se fixer à Paris, où il exerça avec succès la profession d’avocat. On a de lui : Législation commerciale de l’Empire français (1808, 2 vol, in-8o) ; Traité de la contrainte par corps (180S ; in-8a) ; Conférences du palais ou Journal des tribunaux civils, criminels et de commerce (iS05 et euiy.).

MAUGES (les), en latin Medalgicus pagus, petit pays de l’ancienne France, dans les cidevant provinces d’Anjou et de Poitou. Les localités principales étaient Beaupréau, Pinen-Mauges, Saint-Philibert et Saint-Quentinen-Mauges.

MAUGBT ou MAiNGET (Guillaume), protestant français qui vivait au xvie siècle^ C’était un homme « vif, plein d’esprit, assez éloquent, mais surtout ardent et zélé au dernier point pour sa doctrine. • Il tenait des réunions à Nîmes, dans un jardin, dès 1559. Fier des succès qu’il obtenait et voyant ie nombre de ses adhérents s’accroître tous les jours, il s’empara de l’église de Saint-Étienne-de-Capduel, à la tête de ses amis. Chassé de Nîmes, il se retira à Montpellier et y fonda une église, le 8 février 1560 ; mais il revint peu de temps après, tint de nouvelles réunions et procéda à la nomination d’un consistoire, ainsi qu’à la la fondation d’une école de théologie, dont il fut nommé directeur. Les officiers de police voulurent s’opposer à ces assemblées ; mais les.huguenots, au nombre de 1,200, s’assemblèrent à l’école Mage et s’emparèrent de l’église de Saint-Matthieu. Dès lors, ils furent tolérés, et ils respectèrent l’ordre public.

Mauget alla fonder une église à Villeneuved’Avignon le 10 novembre 1561. À peine

était-il de retour à Nîmes que la nouvelle dea massacres de Vassy arriva. Le consistoire forma aussitôt une ligue défensive. Néanmoinsi Nîmes ne joua qu’un rôle très-secondaire dans la première guerre civile. Mauget put continuer a exercer son ministère. On ignore la date de sa mort. Il s’était opposé de toutes ses forces au massacre de la Miehelade. Cependant, quand les catholiques redevinrent maîtres de la ville, il jugea prudent de s’éloigner, par crainte de représailles.

MACGIN (Jean), poète et traducteur français, surnommé lepelii Angevin. Il vivait vers

MAUG

le milieu du xvie siècle et n’est connu que par un certain nombre de productions écrites dans un style boursouflé et fort médiocre au point de vue de l’imagination, mais qui n’en eurent pas moins, lorsqu’elles parurent, un véritable succès. Nous citerons, entre autres : Dix histoires du Nouveau Testament, exposées en rimes françaises (Paris, 1548, i»-16) ; le Premier livre du nouveau Tristan, prince de Léoimois, ckevatier de la Table ronde (Paris, 1554, in-fol.) ; l’Amour de Cupidon et de Psyché, tiré de la Métamorphose d’Apulée (Paris, 1557) ; le Parangon de vertu pour l’instruction des princes (Paris, 1557) ; le Discours de- l’état de paix et de guerre, trad. de Machiavel (Paris, 1556, in-fol.) : Histoire de Palmerin d Olive, empereur de Constantinôple (Anvers, 1572, in-4o) ; Melicello discoursnt (Paris, 1555), trad. d’Edelino Mussuto.

MAUGIRON s, m. (mo-ji-ron). Arboric. Variété de prune.

    1. Maugis d’Aigrement, chanson de geste du

XIIIe siècle ## Maugis d’Aigrement, chanson de geste du XIIIe siècle. Elle se relie à l’histoire des quatre fils Aymon, dont elle n’a, du reste, ni l’originalité, ni l’agrément, ni le style. Maugis, fils de Beuve d’Aigremont et par conséquent neveu de Girart de Roussillon, est enlevé par les Sarrasins le jour de sa naissance ; la fée Orlande l’élève dans une ville de Sicile. Après avoir mis à fin des aventures qui le rendent maître du cheval Bayard et de l’épée Froberge ou Flamberge, célèbres dans l’histoire des quatre fils Aymon, Maugis va compléter à Tolède ses études dans les sciences de la magie. Forcé de quitter l’Espagne pour avoir été surpris dans les appartements de la femme de Marsile, roi de Tolède, il revient en France, défend un de ses oncles contre Charlemagne et l’empereur lui-même contre les Sarrasins, reconnaît parmi ces derniers son frère Vivien, enlevé le même jour que lui par les infidèles, et le décide à recevoir le baptême ; enfin, il donne à son cousin Renaud de Montauban ie cheval Bayard et Froberge sa bonne épée. Presque toutes les scènes de cette chanson sont empruntées à d’autres compositions, notamment à Lancelot du Lac.


MAUGOUVERT s. m. (mô-gou-vèr — du lat. malus, mauvais, et de gouverner). Anc. cout. Abbé de maugouvert, Officier qui était chargé de la police des rues, à Vienne en Dauphiné. || On disait aussi malgouvert.

— Encycl. L’abbé de maugouvert était un officier laïque, chargé de la police des rues et de la surveillance des ivrognes et mauvais sujets de la ville, qui composaient, suivant le langage de l’époque, les religieux de son abbaye, et avaient quelques prérogatives. L’abbé avait sur ses religieux les pouvoirs les plus illimités, tempérés seulement par la responsabilité qu’il encourait lui-même en cas d’abus. Il était élu par les consuls de la ville et prêtait serment, par-devant le bailli, sur le livre des libertés de la cité, de bien régir les religieux de son abbaye. Cette charge, quelque singulières que fussent ses attributions, était fort recherchée, et les candidats étaient toujours choisis parmi les notables enfants de la ville.

MAUGRAF1N, INE s. et adj. (mo-gra-bain). Habitant de la Barbarie ; qui appartient à ce pays ou à ses habitants. Il Vieux mot.

MAUGRAS (Jean-Buptiste), philosophe français, né à Fresnes (Haute-Marne) en 1762, mort à Paris en’1830. Il professa successivement la philosophie aux collèges de

Louis-le-Grand, de Montaigu et de La Marche jusqu’en 1792, reprit ses cours en 1800 dans de grandes institutions de Paris, occupa par la suite une chaire au collège Louis-le-Grand (1808), et fut, de 1823 à 1828, professeur suppléant d’histoire et de philosophie ancienne à la Faculté des lettres. Sous le Consulat, Maugras avait fait un cours d’économie politique a l’Académie de législation. Il a laissé la réputation d’un des plus habiles, d’un des plus brillants professeurs de son temps, et les cours qu’il lit notamment à Sainte-Barbe obtinrent un très-grand succes. On a de lui : Dissertation sur tes principes fondamentaux de l’association humaine (1796) ; Dissertation sur l’analyse en philosophie (1800) ; Cours de philosophie (1822) ; Cours élémentaire de philosophie morale (1830, in-8o). — Son neveu, François MaUGRas, se fit recevoir agrégé de philosophie, docteur en droit, suppléa son oncle au collège Louisle-Grand, puis suivit la carrière du barreau. Ou lui doit : Discours sur l’importance et les vrais caractères de la philosophie (1823) ; Discours sur l’influence morale et sociale du christianisme (1825).

MAUGREBLEU interj. (mo-gre-bleu). Sorte de juron : C’est lui, c’est bien lui ; maugrkblku de l’hommei

MAUGRÉER v. n. ou intr. (mo-gré-é— du lat. malus, mauvais, et de gré). Pester, s’emporter : Maugréer du malin au soir. Maugréer contre quelqu’un.

Bien vite il But jurer et maugréer.

Gresset.

— v. a. ou tr. Maudire : Il les maugréent en leur cœur, et les ont en horreur plus étrunye que les bêtes sauvages. (La Boetie.) On n’est pas obligé de maugrÉkr les arts pour être libre. (Chateaub.)

MAUGRÉEUR, EOSE s, m, (mô-gré-eur,

MAUG

eu-ze — rad. maugréer). Personne qui maugrée, qui a l’habitude de maugréer : Un maugréeur éternel.

MAUGUIN (Gilbert), écrivain religieux français, mort à Paris en 1764. Il fut président de la cour des Monnaies de Paris et publia en faveur des idées jansénistes, dont il était un très-chaud partisan, un ouvrage très-recherché par les érudits. Cet ouvrage, intitulé Vindicte prxdestinationis et gratis (1650, 2 vol. in-4o), renferme les nombreux écrits publiés pour et contre l’augustinien Gotschalk et un savant travail sur la controverse au sujet de la grâce,

MAUGUIN (François), célèbre avocat et orateur politique, né à Dijon le 28 février 1785, mort à Sauinur le 4 juin 1854. Fils d’un procureur au parlement, il fut formé de bonne heure aux études judiciaires et se fit inscrire au barreau de Paris. La première cause importante qu’il plaida fut le pourvoi de l’infortuné Labédoyère devant le conseil de révision (1815). Il ne sauva pas son client, qui d’avance était sacrifié, mais il déploya autant d’àrae que de talent. Dans les années suivantes, il augmenta sa réputation par une série de plaidoiries politiques, pour le domestique de Lavaleite, l’affaire des patriotes de 1816, celle des shevaliers de l’Epingle noire, enfin celle du colonel Fabvier contre le général Canuel, à propos du rôle de ce dernier dans les événements de Lyon. Ses talents, sa renommée, son dévouementaux opinions libérales le désignaient au choix des électeurs. En 1827, deux collèges électoraux le choisirent pour leur député. Il opta pour celui de Beaune, qu’il ne cessa de représenter pendant plus de vingt ans, siégea à l’extrême gauche, fut au nombre des 221, participa à la révolution de Juillet et fut nommé l’un des membres de la commission municipale faisant fonction de gouvernement provisoire. La marche du nouveau gouvernement le rejeta bientôt dans l’opposition. À la suite du général Lamarque, il se déclara pour la propagande armée, pour la guerre contre les gouvernements absolus, et se lit une sorte de spécialité de toutes les questions de politique étrangère. Dans sou Livre des orateurs, Corineniu a tracé de lui un portrait souvent cité et que nous reproduisons ici : « Mauguin, dit-il, avait une figure ouverte, des yeux fins et spirituels, un organe ferme et net, une déclamation un peu emphatique. Il avait des

gestes nobles, une parole claire et résonnante, une attitude ferme ; il n’était pas aussi long, aussi diffus, aussi avocat que les autres avocats ; il gâtait quelquefois sa diction en voulant la soigner ; mais sa phraséologie était plus déclamatoire dans le ton que dans les mots, dans l’accentuation que dans les idées... Quelquefois, lorsqu’il s’animait, et que chez lui lu naturel l’emportait sur l’art, il cessait d’être rhéteur, il devenait orateur et s’élevait jusqu’à la plus haute éloquence. Alors, il faisait frémir, pâlir et pleurer sur les déchirements de la Pologne expirante ; il criait du fond du cœur, il soupirait, il se troublait, il émouvait. Mais ces effusions de lime n’étaient pas communes chez Mauguin, trop

maître de lui-même pour trouver le pathétique, qui ne se rencontre que lorsqu’on ne le cherche pas. En revanche, Mauguin maniait avec un avantage décidé le sarcasme poignant et l’ironie à lame fine. C’était Un rude imorpellaleur. Il était fécond, ingénieux, hurdi, pressant. Il ne se laissait intimider ni par les ricanements ni par les murmures. Il se refroidissait de la colère de ses adversaires Je l’ai vu beau lorsque, du haut de la tribune, il luttait contre Casimir Péricr, son redoutable ennemi. Le ministre, épuisé, hors d’haleine, lançait sur la tribune les éclairs de son œil en feu ; il bondissait sur son banc, il interjetait des exclamations entrecoupées de menaces. Mauguin, de ses lèvres souriantes, lui décochait de ces traits qui ne font pas jaillir le sang, mais qui restent sous l’é"piderme. Il voltigeait autour du ministre et se posait en quelque sorte sur soa front, comme le iaon qui pique un taureau mugissant ; il entrait dans ses naseaux, et Casimir Périer écumait, se débattait sous lui et demandait grâce... Mauvais politique, par insouciance de conviction plutôt que par faiblesse de caractère, mais excellent orateur, quelquefois à l’égal des plus grands ; par iulerviilles éloquent, toujours plein, lucide, concis, ferme, incisif ; esprit à ressources, étendu, pénétrant, flexible, calculateur, serein dans l’orage, maître de ses passions, moins "pour les réprimer que pour les conduire, et ne suspendant ses impatiences que pour mieux affiler et relancer les traits amortis qu’on lui jetait ; homme de grâce et de Séduction, un peu présomptueux, avide de

louanges, et qu’on ne pouvait, pour tout dire en un mot, aimer fortement ni haïr. >

Membre de la gauche dynastique, Mauguin se rapprocha souvent néanmoins du gouvernement, et fut plus d’une fois accusé de viser surtout le pouvoir, de cherchera se rendre possible. Cependant, il ne fit jamais partis d’aucune combinaison ministérielle. Ou le vit aussi avec regret accepter d’être le délégué en titre des colonies, ce qui le réduisit au rôle dégradant de défenseur appointé de l’esclavage des noirs, contradiction plus que choquante chez un tribun qui conseilla tant de fois la guerre pour affranchir tous les peuples du vieux continent»