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a mêlé aux raisons politiques qui ont déterminé l’assassinat du favori une histoire de vendetta corse tout à fait invraisemblable. Leonora Galigaî a eu un amant, un Corse, avant d’épouser Concini ; ce rival vient à Paris et, pour augmenter encore l’intrigue, il a une maîtresse, juive spleodide que Concini découvre et qu’il veut lui enlever. C’est trop d’enchevêtrement. De plus, Concini est un des complices inconnus de Ravaillac et c’est en expiation dé ce crime qu’il sera immolé. Quelques pamphlets du temps et même de récentes études historiques permettent de le supposer : en tout cas 1 auteur dramatique a le droit de s’emparer môme decaquin’estqu’une hypothèse et l’on ne peut faire un reproche à l’auteur d’avoir usé de cette licence ; mais il est trop certain que Concini fut tué par. Vitry, capitaine des gardes-, sur un des pontslevis du Louvre, d’un coup de pistolet, pour qu’on ait le droit de léfaire périr dans un duel, sous le stylet du Corse, et sur la borne même d’où Ravaillac porta le coup fatal à Henri IV. Cette malheureuse conception entraînait un autre inconvénient ; c’était d’obliger l’auteur à placer le jugement et l’exécution de la maréchale d’Ancre avant la meurtre de son mari, ce qui est contraire non-seulement à la vérité historique, mais.à la marche logique des choses, car on ne songea, et on ne pouvait songer à la femme, qu’après avoir abattu le mari. Il y a ceDendant ça et là de belles scènes : celle où Concini déguisé en chanteur italien et roucoulant aux. pieds de la belle juive qu’il veut séduire ; l’entrevue du sensible Corse avec Leonora ; puis l’émeute qui gronde et qui brise les portes du Louvre ; celle où Leonora, qui peut se sauver avec son ancien amant pourvu qu’elle abandonne Concini, préfère rester fidèle à l’homme qu’elle méprise, mais qui est son époux ; ces scènes révèlent l’étude approfondie que l’auteur avait faite de Shakspeare.

La Maréchale d’Ancre a été reprise au Théâtre - Français il y a quelques années ; mais la réapparition de ce drame n’a produit qu’un très-médiocre effet.

MARÉCHALERIE s. f. {ma-ré-cha-le-rlrad. maréchal). Art ou’ profession de maréchal ferrant.

— Encycl. V. ferrure.

MARÉCHALISTE s. m. (ma-ré-cha-li-ste

— de Maréchal, nom du fondateur). Hist. relig. Membre d’une secte américaine.

— Encycl. La secte des maréchalistes fit grand bruit au commencement de ce siècle. Si l’on veut en croire la renommée, ils font des extravagances semblables à celles des païens dans les fêtes de Bacchus ; mais, sans nous arrêter à ces ouï-dire, rappelons ce

?u’en a dit le Père Urbain Guillet, trappiste,

rançais établi dans le Kentucky. « Passant au commencement de la nuit avec un prêtre dans une forêt, nous aperçûmes de loin un certain nombre de lumières, et nous entendîmes un grand bruit : nous en approchâmes, et nous vîmes plusieurs cavaliers et des chariots qui s’avançaient vers ces lumières. Nous y trouvâmes quelques centaines de grandes voitures avec des tentes dans les bois, semblables à celles des soldats. Au milieu, il y avait une espèce de chaire de prédicateur fort mal travaillée, qui contenait soixante personnes ; sur le contour le peuple se tenait debout. Maréchal, fondateur, commença son sermon qui consistait a crier de toutes ses forces, et k débiter beaucoup d’impertinences, mêlées de quelques bonnes réflexions et d un très-grand nombre d’imprécations contre ceux qui ne le suivent pas, etc. » Cette secte parait n’être qu’une branche de ces méthodistes exaltés qu’on nomme nouvelle lumière.

MARÉCHAUSSÉE s. f. (ma-ré-chô-sérad. maréchal). Juridiction des maréchaux de France. Il Vieux mot.

— Ancien corps de cavalerie remplacé par la gendarmerie, dont il faisait l’office : Être poursuivi par la maréchaussée. La maréchaussée eut ordre d’arrêter à la fois tous les mendiants gui se trouvaient dans le royaume, (De Tocqueville.)

— Encycl. On donnait le nom de maréchaussée, sous l’ancienne monarchie, à un corps de gens à cheval, chargés de veiller à la sûreté publique. Ce nom venait de ce que ce corps était immédiatement subordonné aux maréchaux de France. Quant aux hommes qui le composaient, quoiqu’ils fussent munis de sabres et d’armes à feu, on les appelait archers. Ce que l’on peut présumer de cetto dénomination, c’est que, lorsque les archers cessèrent d’être employés dans les armées, on les chargea d’escorter les voyageurs et d’arrêter les malfaiteurs. Diverses juridictions avaient des archerspour l’exécution de leurs mandats et de leurs sentences ; ainsi il y avait les archers du grand prévôt de l’hôtel de la maréchaussée, du prévôt des marchands, de la ville, du guet ; ceux-ci étaient chargés d’arrêter les vagabonds et les mendiants de profession. Les devoirs de ces différentes catégories d’archers sont aujourd’hui remplis pur la gendarmerie, par les sergents de ville et par la garde municipale.

Maréchaussée de France. V. connétauub. MARÉE s. f. (ma-ré— du lat. mare, mer).

Flux et reflux do la mer, mouvement périodique de la mer dont les eaux s’élèvent et

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s’abaissent chaque jour : La marée monte. La marée descend. Les mers gui ne communiquent avec l’Océan que par une petite ouverture ne sont guère sujettes à l’action des marées. (A. Maury,) Les contrées littorales s étendant à l’est de la mer ont des marées beaucoup plus fortes que celles qui s’étendent à l’ouest. (A. Maury.) C’est Kepler qui reconnut le premier gîte l’attraction exercée par ta lune est la cause qui produit les maréks. (Arago.)

— Pop. Grande quantité de liquide répandu : Une MARÉfcl de vin a coûté du tonneau.

— Fig. Foule, multitude : Ainsi se forgea ceste infinie marée d’hommes gui s’escoula en Italie sous Brennus et aultres. (Montaigne.) // ne s’est jamais opéré de migration d nommes du midt vers le nord ; les maréks de l’espèce humaine se font au contraire du nord au midi. (Virey.)

Haute on grande marée, marée haute, État de la mer au moment où les eaux ont atteint leur plus grande élévation, par l’effet du flux : Bans les ports de mer de France, les grandes marées suivent de trente-six heures la nouvelle et la pleine lune. (Buff.)

Basse marée ou maréchasse, État de la mer au moment où les eaux sont arrivées à leur plus grande dépression.

Marée montante ou simplement marée, Flux, mouvement des eaux qui s’élèvent, et Fig., Ce qui progresse et envahit : La marée montante des révolutions.

Marée descendante, Reflux, mouvement des eaux qui s’abaissent.

Marée atmosphérique, Oscillation qui se produit deux fois par jour dans la pression atmosphérique, en pleine mer, quand le temps est beau.

— Loc. fam. Avoir vent et marée, Être dans les meilleures conditions pour réussir dans ses projets. Il Aller contre vent et marée, malgré vent et marée, Poursuivre- obstinément ses desseins, en dépit de tous les obstacles.

— Prov. Ce qui vient de flot s’en retourne de marée, Les fortunes faites promptement se dissipent de même. Il La marée n’attend personne, Il faut profiter de l’occasion.

— Mar. -Prendre la marée, Profiler de la haute ou de la basse marée pour entrer dans un p’ort ou pour en sortir,

— Encycl. Marées atmosphériques. Une explication de ces mouvements de l’Océan a été donnée, en 1801, par M. Schulten, membre de l’Académie des sciences de Stockholm. En comparant les variations du niveau de la mer Baltique, où les marées sont nulles, avec les variations du baromètre, il reconnut que le niveau de cette mer s’élevait à mesure que le baromètre s’abaissait, et que ce même niveau s’abaissait lorsque le baromètre montait. Pour 2 pouces 1/2 de variation dans le baromètre, il trouvait-35 pouces de variation dans le niveau de la mer Baltique. Dans une de ses savantes et si intéressantes notices, Arago fait remarquer qu’il ne ’faut pas rejeter trop légèrement certaines opinions populaires. Le cas actuel en offre un exemple, car les pêcheurs de la Baltique et du Cattégat prédisent le temps par la variation du niveau de la mer qui baigne leurs côtes. Mais c’est surtout Daussy, ingénieur hydrographe de la marine, qui a mis hors de doute le fait qui nous occupe. Ce savant, comparant, avec tout le soin et le talent dont il a fait preuve dans une foule de discussions géographiques, les variations barométriques observées a. Brest avec les variations du niveau moyen de l’Océan, reconnut gue 1 millimètre de variation dans la hauteur du baromètre produit un changement de 14mm,7 dans la hauteur de la mer ; résultat conforme à celui de Schulten. Ce phénomène pourrait être local et ne se manifester qu’à Brest et dans la Baltique ; aussi quelques personnes ont révoqué en doute l’action des variations barométriques sur le niveau de l’Océan. Cependant le fait n’est autre que celui qu’on observe sous une autre forme dans tout baromètre. En jetant les yeux sur une mappemonde, on voit que l’Océan est analogue à un vase divisé en plusieurs compartiments. Ainsi la mer Noire, la mer Méditerranée, la mer Baltique, la mer Rouge, etc., sont autant de compartiments naturels du vaste bassin des mers ; ils communiquent tous entre eux, et supportent la pression moyenne atmosphérique correspondant à 760>anl de mercure. Si cette pression venait simultanément à croître ou à diminuer sur tous les points du gtobe, il n’en résulterait aucune variation dans le niveau d’aucune partie de l’Océan. Mais les choses ne peuvent se passer ainsi ; car, le poids total de l’atmosphère restant le même, si la pression, au lieu de se maintenir à 760m’n, croît (ou diminue dans une localité, cette variation doit se reporter en sens inversésur le reste de l’atmosphère. Supposons que, sur toute l’étendue du golfe de Gascogne, le baromètre soit tombé à 72Ûmm. Cette diminution de pression n’aura pu se faire sentir sur toutes les mers à la fois. Il faudra donc nécessairement que les eaux du golfe de Gascogne s’élèvent, et, puisqu’une colonne de mercure égale à lium représente une colonne d’eau égale à 13mnl,3, cette élévation au-dessus du niveau moyen devra être de 13,3 fois 40™«>, ou de 53211m, qui équivalent à 20 pouces. Si, au contraire, la pression eût été de 780"iia sur le golfe de Gascogne, cet excès de pression sur 7Goi>m aurait re MARE

foulé les eaux du golfe jusqu’à, ce que leur dépression au-dessous du niveau moyen eût été de 13,3 fois 20mm.

Lorsque la communication avec l’Océan est large et profonde relativement à l’étendue du compartiment que l’on considère, il suffit d’un temps très-court pour rétablir l’équilibre ; mais il n’en est plus de même lorsque la communication est étroite et peu profonde. Supposons, par exemple, que toute l’étendue de la Méditerranée et de la mer Noire n’éprouve qu’une pression de 720mnl, tandis que le reste du glooe éprouve la pression moyenne de 7Somm : les eaux de ces mers intérieures devront, pour obéir aux lois de l’hydrostatique, s’élever de 53211111, et pour cela une masse d’eau énorme devra passer de l’Océan dans la Méditerranée par le détroit de Gibraltar, et de la Méditerranée dans la mer Noire par le détroit des Dardanelles et le Bosphore. Si donc la pression sautait brusquement de 760mni à 720mm et ne s’y maintenait que quelques instants, l’équilibre ne pourrait s’établir aussi rapidement ; mais les grandes variations barométriques subsistent ordinairement pendant quelque temps, et sont amenées par des transitions lentes et modéras- Il est d’ailleurs peu probable qu’elles affectent simultanément une aussi grande étendue de pays. On peut donc conclure généralement que tes eaux de l’Océan oscillent en sens inverse du baromètre, c’est à-dire qu’elles s’élèvent ou s’abaissent selon que le baromètre baisse ou monte. Quant à la grandeur de l’effet, elle sera égale à la variation barométrique multipliée par !3,3, sauf quelques rares exceptions relatives à une variation brusque et peut-être au gisement particulier de la localité.

Les vents produisent aussi une espèce de marée en refoulant les eaux sur la côte qu’ils frappent ; mais il est très-difficile d’apprécier.l’effet réel qu’ils produisent dans l’élévation de l’Océan, d’abord parce que, la mer se trouvant alors fortement agitée, les observations deviennent incertaines, et ensuite parce que l’effet du vent Se trouve lié à l’effet barométrique. Effectivement, selon le vent qui souffle, le baromètre monte ou baisse. Ainsi, à Paris, les vents de N.-O., N., N.-E. font monter le Baromètre, tandis que les vents de S.-C, S., S.-E. le font baisser ; quant aux vents d’E. et d’O., leur action est presque nulle. Nous faisons ici abstraction de la vague qu’ils soulèvent, et qui en se brisant peut élever les eaux à une grandq hauteur et leur faire franchir les jetées et les digues.

Marées lunaires. Les mouvements de l’Océan que nous venons de décrire et d’expliquer, intéressants par eux-mêmes, n’ont absolument aucune importance pratique au point de vue de la navigation ; il n’en est pas de même de ceux dont nous avons à parler maintenant, et qui constituent une des connaissances principales de l’art maritime. Ces mouvements ne se traduisent plus ici par des déplacements de quelques millimètres, mais ont pour effet de faire varier dans des proportions souvent énormes le niveau des mers, au point de rendre la navigation impossible sur certains çoints, et de compromettre dans d’autres la sûreté des navigateurs mal instruits de ces phénomènes.

Les eaux de l’Océan éprouvent un mouvement d’exhaussement et de dépression dans un intervalle d’environ 12 h. 1/2. Ainsi, à partir d’un certain moment, on voit pendant 6 h. 1/4 la mer s’abaisser graduellement et laisser a sec des roches ou des bancs de sable ; puis, pendant 6 h. 1/4, elle remonte graduellement, vient de nouveau recouvrir les

roches qu’elle avait laissées à sec, et, après avoir atteint a peu près son élévation précédente, elle recommence de nouveau a s abaisser. Dans la baie Saint-Michel, les eaux, en s’abaissant, s’éloignent de la côte h près do deux lieues. Ce mouvement de l’Océan est ce qu’on nomma le ilux et le reflux. Le mot marée désigne la grandeur de l’oscillation et exprime la différence de hauteur entre la pleine mer et la basse mer. La période pendant laquelle la mer s’élève est la temps du flux, de la mer montante ou du flot ; la période pendant laquelle elle s’abaisse est le temps du reflux, de la mer baissante ou du jusant. Un mouvement si remarquable avait nécessairement attiré l’attention des anciens peuples qui habitaient les bords de l’Océan ou de la mer Rouge ; aussi David s’écriait, en racontant les merveilles du Seigneur : Mirabiles elationes maris, mirabilis i« allis Dominus. Cependant, le phénomène des.marées, si frappant sur nos côtes de l’océan Atlantique, était peu connu de3 anciens Grecs, et la flotte d’Alexandre fut frappée dé stupeur lorsque, dans l’Inde, elle vit la mer se retirer et les navires rester à sec sur la plage. La conquête des Gaules et des lies Britanniques par Jules César, dont la flotte éprouva, la même terreur que celle d’Alexandre, donna aux Romains des notions assez exactes sur le flux et le reflux. Strabon, vers le temps de J.-C, en parle avec précision, et fait mention d’une marée extraordinaire qui eut lieu à Cadix. Le môle fut couvert, par les flots, et, à 15 bu 20 lieues de l’embouchure du Guadalquivir, les champs qui bordaient le fleuve fuient inondés. Plino dit formellement que la cause de ce phénomène réside dans la lune et dans le soleil. Il

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voyait un rapport si admirable entre les marées, leur succession et les diverses phases de la lune, qu’il regardait ce phénomène comme un argument convaincant pour prouver que les astres cheminent au-dessous de la terre comme ils font au-dessus de nous» et devant nos yeux. De là il tirait la conclusion que la terre devait être sphérique.

Les plus grands géomètres des temps modernes, Galilée, Descaites, Newton, Daniel Bèrnouilli, Maclaurin, Euler, se sont occupés des marées. Laplace s’en occupe particulièrement dans sa Mécanique céleste. De 1711 à 1715, Cassini avait fait une série d’observations au port de Brest ; elles ont été recueillies et publiées par Lalande. Un savant anglais, M. Lubbock, s’est livré à la discussion des observations de marées faites à Londres pendant le jour et pendant la nuit durant une période de dix-neuf ans. Ce travail fort important a été honoré d’une médaille d’or par la Société loyale. Un autre savant anglais, M. Wewhell, a cherché avec beaucoup de sagacité à lier, par une formule empirique, les divers résultats obtenus par M. Lubbock, et il s’est occupé avec succès de recherches sur la transmission des ondulations de l’Océan. Joignant par un trait les ports où les phénomènes de la pleine mer se manifestent au même instant, il forme des courbes qu’il nomme cotidales. Ces courbes, tracées sur une mappemonde, justifient complètement la conception de divers géomètres sur la manière dont les marées nous arrivent, conception si bien développée par Laplace pour expliquer le retard des marées, leur transmission dans nos ports, et le singulier phénomène de localités qui n’ont qu’une marée en 24 heures. Le golfe de Tonkin et quelques lies de la mer du Sud offrent des marées de cette dernière espèce, et il est bien à désirer que quelque navigateur trouve moyen de faire une série d’observations dans ces parages.

Causes des marées. Les anciens philosophes regardaient le phénomène du flux et du reflux comme l’un des plus étonnants et des plus difficiles à expliquer. Quelques-uns proposaient à ce sujet les explications les plus bizarres ; il est inutile de les rapporter ici. Descartes entreprit le premier de donner une explication détaillée des marées, au moyen de sa théorie des tourbillons. D’après lui, le fluide qui se meut en tourbillon autour do la • terre se trouvant gêné et refoulé par le fluide qui se meut en tourbillon autour de la lune, il en résulte à chaque instant une dépression dans les eaux de l’Océan placées sous le méridien occupé actuellement par la lune. Les tourbillons étant plus ou moins comprimés, selon que la lune est plus ou moins près de la terre, la dépression, et par suite la marée qu’elle engendrait, était plus ou moins forte. Celte explication, fondée sur l’existence chimérique des tourbillons, échouerait dans l’application aux faits particuliers. Kepler trouvait aussi la cause des marées dans le soleil et dans la lune, dont il comparait les actions sur l’Océan aux actions do l’ainiunt sur le fer. C’est aujourd’hui à la gravitation universelle qu’on rattache le phénomène des marées. Supposons, pour fixer les idées, que la lune se trouve à midi dans le zénith de l’Ile Sainte-Hélène. De cette lia prise pour centre, et avec des rayons de plus en plus grands, décrivons sur la surface du globe une séria de cercles. Ces cercles seront parallèles entra eux, et la force attractive de la lune sera égale sur toutes les molécules qui composent chacun d’eux ; mais, à mesura qu’ils s’éloigneront de l’île Sainte-Hélène, ils s’éloigneront aussi de la lune, et, par conséquent, la force attractive s’utlaiblira graduellement de l’un à l’autre. L’île Suinle-Helène étant de 1,150 lieues marines plus près de la lune que le centra de la terre, les eaux qui baignent cette lie seront plus fortement attirées que le centre de la terre. Les molécules aqueuses situées à 90° de l’Ile Sainte-Hélène, étant à la même distance de la lune que le centra de la terre, seront aussi fortement attirées que ce centre. Enfin les molécules situées vers les antipodes de l’île Sainte-Hélène et qui baignent les innombrables Iles de l’Océanie seront inoins fortement attirées que la centre de la terre, puisque leur distance à la lune sera de 1,150 lieues plus grande que celle du. centre. Il est facile de se faire una idée des phénomènes hydrostatiques produits par la variation de la force attractive, phénomènes complètement analogues à ceux que nous avons déjà signalés. Ainsi les molécules situées a la distance d’environ 900 de l’Ile Sainte-Hélène et formant une ceinture qui, pariant du pôle nord, longe les côtes orientales du Groenland et des États-Unis, traverse la golfe du Mexique, atteint ’l’Ile de Pâques, se prolonge, vers le pôle sud, passe à l’O. de la Nouvelle-Hollande et vient aboutir sur la côte du Malabar ; ces molécules, disons-nous, éprouvent la même attraction que le centra de la terre ; conséquoniment, leur poids at leur pression sur le fond de la mer ne sont nullement modifiés. Quant aux molécules avoisiuant l’Ile Sainte-Hélène et placées immédiatement sous la lune, leur pression sur le fond de la mer sera diminuée. Elles deviendront plus légères, puisqu’elles sont plus fortement attirées que le centra de lr. terre. De même, vers les lies’de l’Océauio, les molécules étant sollicitées par une force attractive qui, comparée avec celle du contre