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in-8º), dans laquelle, à part quelques détails, exacts sur l’administration, il serait impossible de trouver des traces d’un talent quelconque d’historien. Chénier en a loué la description de la peste de Marseille ; ce n’est qu’un morceau d’apparat. À l’Académie française, il fut, après la mort de d’Alembert, élu secrétaire perpétuel (1783) ; il eut de plus une chaire d’histoire au Lycée, avec Garat pour suppléant (1786). Lorsque survint la convocation des états généraux., il posa sa candidature dans l’Eure, en face de celle de Sieyès, qui lui fut préféré. Plein de dépit et n’augurant rien de bon d’une révolution qui débutait de la sorte, il s’éloigna de Paris, acheta une chaumière près de Gaillon et y vécut dans la retraite. Il s’était marié en 1777 avec une nièce de l’abbé Morellet ; il écrivit pour ses enfants une seconde série de Contes moraux (dans le Mercure, 1789-1792), et les Mémoires d’un père à ses enfants, qui ne furent imprimés qu’après sa mort (1804, 4 vol. in-8º) ; les Leçons d’un père à ses enfants sur la langue française (1806, 4 vol. in-8º) furent écrites à la même époque ; on y rencontre des observations exactes et quelques pensées fines noyées dans ce style diffus dont il ne put jamais se débarrasser.

Malgré la retraite où il vivait, ses concitoyens le portèrent au conseil des Anciens (1797) ; il n’y fit qu’un seul discours en faveur du culte catholique ; en vieillissant, il avait abjuré ses doctrines d’encyclopédiste et était devenu dévot. Au coup d’État du 18 fructidor il fut porté sur la liste des représentants dont l’élection était annulée, et il rentra dans la vie privée. Peu de temps après, il mourut d’apoplexie.

Marmontel est au premier rang parmi les bons littérateurs du xviiie siècle ; l’aîné de Laharpe de quinze ans, il mérite autant et plus que lui le titre de premier élève de Voltaire dans tous les genres. C’était un talent laborieux, flexible, facile, actif, abondant, se contentant beaucoup trop d’à peu près dans l’ordre de la poésie et de l’art, et y portant du faux, mais plein de ressources, d’idées, et d’une expression élégante et précise dans tout ce qui n’était que travail littéraire ; de plus excellent conteur, non pas tant dans ses Contes proprement dits que dans les récits d’anecdotes qui se présentent sous sa plume dans ses Mémoires ; excellent peintre pour les portraits de société, sachant et rendant à merveille le monde de son temps, avec une teinte d’optimisme qui n’exclut pas la finesse et qui n’altère pas la ressemblance. Enfin, Marmontel, avec ses faiblesses et un caractère qui n’avait ni une forte trempe ni beaucoup d’élévation, était un honnête homme, ce qu’on appelle un bon naturel, et la vie du siècle, les mœurs faciles et les coteries littéraires où il s’était laissé aller plus que personne ne l’avaient pas gâté. Il n’avait acquis ni l’aigreur des uns ni la morgue tranchante des autres ; avec de la pétulance et même de l’irascibilité, il ne nourrissait aucune mauvaise passion. Sa conduite à l’époque de la Révolution, et dans les circonstances difficiles où tant d’autres de ses confrères (et Laharpe tout le premier) se couvrirent de ridicule et de honte, fut digne, prudente, généreuse même.

Marmontel (MÉMOIRES DE). Leur titre exact est : Mémoires d’un père pour servir à l’instruction de ses enfants ; ils ne furent publiés qu’après sa mort (1804, 4 vol. in-8º). L’ouvrage est divisé en vingt livres, le dernier resté inachevé, et embrasse toute la vie de Marmontel jusqu’en 1795. C’est un livre d’un certain intérêt, non-seulement pour ce qui regarde Marmontel en particulier, mais surtout en ce qu’il sert à faire connaître l’histoire littéraire et les personnages célèbres de la dernière moitié du xviiie siècle. L’auteur peint bien la cour de Louis XV depuis 1753, la cour de Louis XVI pendant toute la durée de son règne, les ministres et les hommes influents de ces deux époques. Il s’attache particulièrement à retracer les querelles littéraires et musicales de la fin du siècle ; la grande affaire des gluckistes et des piccinnistes y est racontée tout au long. Marmontel a également donné une grande place aux faits et aux événements qui préparèrent la Révolution et qui la suivirent jusqu’à la Constitution de l’an III. C’est la partie de ses Mémoires la plus intéressante et la mieux travaillée. On trouve dans cet ouvrage une galerie de portraits ; quelques-uns paraissent flattés, plusieurs autres chargés ; cependant Marmontel semble toujours écrire avec franchise et vérité ; mais il est si difficile d’être impartial sur le compte de ses amis et de ses ennemis ! Marmontel parle du cardinal de Bernis avec le plus grand mépris, et Duclos, dans ses Mémoires secrets, en parle avec la plus haute estime : fiez-vous aux historiographes de France !


MARMONTEL (Louis-Joseph), littérateur français, fils du précédent, né à Paris en 1780, mort à New-York eu 1830. Il mena une vie errante et misérable, publia deux poëmes de son père, Polymnie et la Neuvaine de Cythère, qui, dans l’intention de l’auteur, devaient rester inédits, s’embarqua pour le Mexique, puis quitta ce pays pour se rendre aux États-Unis, où il mourut à l’hôpital. Marmontel avait composé des pièces de vers, qui sont restées inédites.


MARMONTEL (Antoine-François), pianiste et compositeur français, né à Clermont-Ferrand en 1816, allié à la famille de l’auteur de Bélisaire. Il avait professé les humanités à Orléans, lorsqu’il se rendit à Paris en 1857. Admis alors au Conservatoire, il suivit le cours de piano de M. Zimmerman, étudia la fugue et le contre-point sous la direction d’Halévy, et commença avec Lesueur ses études de composition musicale. Mais il renonça, au bout de quelque temps, à ces derniers travaux, et se voua entièrement au professorat. Nommé professeur adjoint de solfège au Conservatoire, en 1836, il devint professeur en titre en 1844, suppléa, dans l’enseignement du piano. Henri Herz, pendant le voyage de celui-ci en Amérique (1847), et succéda à Zimmermann, en 1848, en qualité de professeur titulaire de piano. Parmi les élèves sortis de sa classe, on cite Joseph Wienawsky, Jules Cohen, Thurner, Bizet, Diemer et Francis Planté. Pendant un voyage aux Pyrénées en 1872, M. Marmontel, en accomplissant l’ascension du Ballaitouse, fit une horrible chute sur des rochers, mais il en fut quitte pour quelques contusions. Le grand défaut de M. Marmontel, pianiste de bonne compagnie et professeur des plus en vogue, est le manque.de virilité comme compositeur. Ses œuvres, correctes et élégantes, sont absolument dépourvues de vigueur et de passion. On lui doit un grand nombre de mélodies, de romances, de nocturnes, de valses, de mazurkas, une grande sonate, des cahiers, d’études pour piano, etc. Son École classique du piano est une œuvre utile, excellente et, très-estimée.


MARMORA (mer de). V ; Marmara.

MARMORA (André), historien italien, né à Corfou au xvne siècle. Il consacra les loisirs qu’il devait a sa fortune à réunir des matériaux sur les annales de son pays, et publia: Bistoria di Corfu libri VIII (Venise, 1672, in-4º) avec planches. Cet ouvrage est encore aujourd’hui recherché.

MARMORA (Alphonse Ferrero, marquis dislla), général italien. V. La Makmora.

MARMORAIRE s. m. (mar-mo-rè-re.— lut. marmorarius; de marmor, marbre). Antiq. rom. Ouvrier qui travaillait le marbre.

MARMORÉ, rivièredeBolivie. Elle naîtdans le département de Cochabamba, sur le versant méridional des sierras Altissimas, s’pare la Bolivie du Brésil, reçoit le Guapora et le Guapey et se perd dans laMadeira, après un cours de 900 kilom.

MARMORÉEN, ÉENNE adj. Cnar-mo-r’éain, é-è-ne — du lat. tnnrmor, marbre). Qui a la nature dumarbre : Hoche marmoréenne.

— Qui convient au marbre, qui lui est propre : Dureté Marmoréenne. Blancheur

MARMORÉENNE. Pâleur MARMORÉENNE.

— Fig. Froid, glacial, : La passion d’une autre n a jamais fait palpiter ce cœur d’airain dans cette poitrine marmoréenne. (Th. Gaut.)

MARMORÊne s. f. (mar-mo-rè-ne). lohthyol. Nom donné à la baudroie sur les côtes du département de la Manche, tl On dit aussi

MARMOULENB.

MARMOItICE ou CASTRO-MARMORA, ancienne Physcâs, ville et port de la Turquie d’Asie, sur la Méditerranée. Elle est située au fond de la baie du même nom, en face de Rhodes, dont elle est à 39 kilom. C’est uneville assez mal bâtie, mais un port sûr ; elle possède un château fort.

MARMORIFORME adj. (mar-mo-ri-for-me

— du lat. marmot ; marbre, et de forme). Miner. Qui a l’apparence du marbre : Calcaire

MARMORIFORME.

MARMORIN, INE adj. (rnar-mo-rain, i-ne

— du lat. marmor, marbre). Qui a l’apparence du marbre : Tout, dans cette fiyure marmorine, exprimait la force et le repos. (Balz.)

MARMORISATIONs. f. (mar-mo-ri-za-si-on

— du lat. marmor, marbre). Miner. Transformation d’une pierre en inarbre : La marmohiSation est une cristallisation incomplète.

MARMORISÉ, ÉE (mar-mo-ri-zé) part, passé du v. Marmoriser : Pierre marmorisée.

MARMORISER v. a. ou tr. (mar-mo-ri-zé

— du lat. marmor, inarbre). Tranformer en marbre : On cannait mal tes causes gui marmorisent les pierres.

MARMOSE s. f. (mar-mô-ze). Espèce de didelphe.

— Encycl. La marmose est une espèce de sarigue, dont la taille ne dépasse pas celle du lerot ; son pelage est d’un gris fauve en dessus, d’un jaune pale et presque blanchâtre en dessous ; les yeux sont placés au milieu d’un trait brun ; la queue est de même couleur partout, entièrement nue et aussi longue que le corps. Cette espèce habite l’Amérique du Sud, depuis la Guyane jusqu’au Paraguay. Elle se tient sur les rochers, les troncs d’arbre et les haies vives, où elle se meut avec beaucoup d’agilité ; elle se creuse aussi des terriers pour s’y réfugier. « La femelle de ia marmose, dit V. de Bomare, n’a pas sous le ventre une poche comme celle du sarigue ; il y a seulement deux plis longitudinaux près des cuisses, entre lesquels-les petits se placent pour s’attacher aux mamelles. La naissance des petits semble plus précoce dans l’espèce de la marmose que dans celle du sarigtie ; ils sont à peine aussi gros que de petites fèves lorsqu’ils naissent et qu’ils vont s’attacher aux mamelles : les portées sont aussi plus nombreuses. Il semble que ces petits, au moment de la naissance, ne soie it encore que des fœtus, qui même comme fœtus n’ont pas pris le quart de leur accroissement ; l’accouchement de la mère est donc toujours une fausse couche prématurée, et les lœtus ne sauvent leur vie naissante qu’en s’nttachant aux mamelles sans jamais les quitter jusqu’à ce qu’ils aient acquis le même degré d’accroissement, et de force qu’ils auraient pris naturellement dans la matrice. » La marmose se nourrit d’oiseaux, de petits animaux, de poissons, d’écrevisses, de fruits, de graines et de racines. Elle porte souvent ses petits sur son dos a l’aide des queues entrelacées.

MARMOT s. m. (mar-mo. — L’origine de ce mot est controversée. Henri Estienne le tire du grec mormô, épouvantail, larve, lamie, spectre, fantôme ; mais il est difficile de voir la transition de sens. Scheler et Laurière voient dans ce mot un dérivé de l’ancien français merme, très-petit, et M. Boucherie croit que c’est plutôt une corruption de l’ancien français m’arme, mon âme. Génin prétend que marmot est le masculin de marmotte. « Tout le monde, dit-il, sait que la marmotte, comme l’ours, apprend à se tenir debout sur ses pattes de derrière ; dans cette position, la marmotte représente le contour mal ébauché d’une petite figure humaine. Cette ressemblance est cause que l’on a appelé un petit enfant un marmot. » Delâtre dérive ce mot de l’ancien français marme, bruit, du latin murmur [v. murmure] ; d’après lui, marmot signifierait proprement un petit garçon qui pleure et crie dans ses langes). Fam. Petit garçon : Les enfants du Rhin sont charmants ; aucun d’eux n’a cette mine rogue et sévère des marmots anglais, par exemple. (V. Hugo.) Le regard fixe de l’enfant semble contempler les merveilles de ce monde divin, dont les marmots ont peut-être encore le souvenir. (G. Sand.)

Il n’est marmot osant crier
Que du loup aussitôt la mère ne menace.
La Fontaine.

Toujours la courtisane, à travers un mirage,
Dans le chalet classique où l’on bat le laitage,
Se voit, distribuant, chaste, simple, en sabots,
Des tartines de beurre à de petits marmots.
Rolland et Du Boys.

Croquer le marmot, Attendre longtemps :
Je suis depuis une heure à croquer le marmot.
De La Ville.

Selon Génin, cette locution a pris naissance dans les ateliers de peintres. L’artiste que l’on fait languir dans un escalier, dans un vestibule, dans une antichambre, pour tromper la longueur du temps, s’amuse à barbouiller, à croquer une petite figure de marmot contre la muraille.

— Manim. Espèce de singe ayant une barbe et une longue queue, d’après l’Académie ; mais aucun singe ne porte ce nom dans les livres d’histoire naturelle.

— Vitic. Variété de raisin.

Marmots (les), chanson d’Andrieux, composée à l’occasion de la naissance d’une princesse étrangère. Cette chanson contient l’expression des sentiments républicains qui n’avaient jamais complètement disparu dans l’âme du poëte ; nous croyons utile de la donner ici :

LES MARMOTS
Air : Du haut en bas.

Pour un marmot,
Bon Dieu ! que de bruit dans le monde,
Pour un marmot,
Partout, hélas ! l’homme est si sot !
Jouissez, despotes du monde :
Tout s’est ému, la terre et l’onde
Pour un marmot !

Plus de marmot
Que l’on couronne à la lisière ;
Plus de marmot
Que l’on couronne à son maillot.
Chez nous, un sceptre héréditaire
Était le hochet ordinaire
D’un roi marmot.

D’un roi marmot,
Qui remplissait le ministère
D’un roi marmot ?
Un grand vizir, fripon ou sot.
Trop souvent une femme altière
Mena la France à la lisière
Comme un marmot.

Princes marmots,
Des Français jadis la folie,
Princes marmots,
Qu’il en coûtait pour vos joyaux !
Malheur au peuple qui s’y fie !
Il paira bien cher la bouillie
De ces marmots.

MARMOTTAGE s. m. (mar-mo-ta-je — rad. marmotter). Action de marmotter : Que signifie ce marmottage ?

MARMOTTE s. f. (mar-mo-te. — Génin compare l’ancien français marmite, sombre, sournois, mélancolique, hypocondriaque, en latin mate mids, et prétend que les mines farouches des marmottes, leur sommeil de six mois leur ont valu ce nom d’animal mélancolique par excellence. En réalité, marmotte vient de marmontain, un des anciens noms français de la marmotte, le même que l’ancien haut allemand muremanto, muremunti, du latin mus montanus ou mut montis, rat de montagne). Mamm. Genre de rongeurs hibernants : La marmotte prise jeune s’apprivoise presque autant que nos animaux domestiques. (Buff.)

La marmotte a mal au pied,
Faut lui mettre un emplâtre ;
Quel emplâtre lui mettrez ?
Un emplâtre de plâtre.
(Chanson savoyarde.)

|| Nom vulgaire de la marmose. || Marmotte du Canada, Nom donné par Buffon à l’arctomys monax. || Marmotte de Sibérie.

— Fam. Petite fille ou jeune fille : La tête de ce pauvre homme est renversée, son économie cède à la passion qu’il a pour cette marmotte. (Mme Du Défiant.)

La voici ! silence ! marmottes.
Ou l’on vous troussera les cottes.
Richer.

— Modes. Sorte de coiffure de femme, consistant en un fichu noué sous le menton, et dont la pointe retombe derrière la tète. || Mouchoir dont les femmes du peuple, à Paris, s’enveloppent la tête.

— Mar. Petit baril dans lequel on conserve une mèche allumée, à l’aide de laquelle on peut constamment se procurer du feu. || Coffre où les calfats renferment leurs outils.

— Administr. Coffret d’un facteur de la poste.

— Comm. Boîte à échantillons, que portent les commis placiers à Paris.

— Techn. Espèce de blutoir ou de tamis qui sert, dans les ateliers de batteur d’or, à répandre le plâtre pulvérisé sur les feuilles de vélin, de parchemin ou de baudruche.

— Bot. Fruit du marmottier. || Huile de marmotte, Huile comestible extraite du même fruit.

— Encycl. Les marmottes ont les membres courts et, par suite, les mouvements lourds et embarrassés ; de plus, la disposition de leurs clavicules les porte à tenir leurs membres antérieurs un peu en dedans ; mais avec leurs ongles robustes, ils n’en sont que mieux organisés pour creuser la terre. Leur corps, gros et trapu, rappelle par ses formes les lourdes allures de l’ours, et c’est a ces dispositions diverses qu’il doit le nom d’arctomys qui, en grec, signifie rat ours ; la ressemblance est rendue plus complète encore par de courtes oreilles, presque entièrement cachées dans les poils. La marmotte commune ou marmotte des Alpes, longue d’un peu plus de 1 pied, la queue non comprise, est d’un gris jaunâtre ; le cou est cendré, la tête noirâtre, le museau grisâtre et les pieds blancs. Les marmottes habitent les sommets de presque toutes les montagnes élevées de l’Europe. En France, on en trouve sur les Pyrénées et particulièrement sur les Alpes. Là, elles vivent en petites sociétés de une à trois familles, et partout se font remarquer par une sorte de sommeil léthargique qui les tient engourdies tout l’hiver. C’est à tort, lisons-nous dans Boitard, que l’on s’est imaginé que, pendant leur longue hibernation, les marmottes se nourrissent de leur graisse. La léthargie de ces animaux, pas plus que celle de tous les animaux hibernants, n’est pas du tout un sommeil, mais bien une suspension plus ou moins complète de toute circulation, pendant laquelle toute nutrition est, non-seulement inutile, mais même impossible. Il est du reste constaté que toutes les marmottes ne sont pas grasses au moment de l’hibernation ; or, les maigres ne meurent pas plus que les autres, et l’on est obligé de conclure que la graisse ne sert, à celles qui en sont pouvues, que lorsque le printemps est revenu et qu’elles ne trouvent, dans les premiers jours, qu’une nourriture peu abondante.

Sans avoir une intelligence remarquable, les marmottes prouvent toutefois, dans l’état sauvage, qu’elles ne manquent pas d’industrie. Choisissant généralement les pentes montagneuses tournées au levant ou au midi, elles y établissent leur domicile, qui se compose d’un terrier, auquel elles donnent invariablement la forme d’un Y renversé. La branche d’en haut forme le couloir pur où elles entrent et sortent ; la branche d’en bas, fortement inclinée sur la pente roide où elles s’établissent, leur sert à pousser facilement au dehors toutes les déjections ; puis l’une et l’autre, en se rejoignant, viennent aboutir à une loge voûtée, assez profonde et spacieuse pour servir d’habitation à deux ou trois familles qui y vivent en commun. Ce terrier, dont le plancher est horizontal, est chaudement tapissé de mousse et de fines herbes sèches, dont les marmottes l’ont ample provision pendant l’été. Il est ridicule de croire aux contes que l’on a faits relativement à la récolte de ces herbes. Des chasseurs, des naturalistes, ayant remarqué que beaucoup de marmottes ont le dos plus ou moins pelé, se sont crus en droit de raconter que, la récolte se faisant à frais communs, les unes coupent l’herbe, tandis que les autres la rainassent, et que, tour à tour, l’une d’elles, se couchant sur le dos, sert de voiture ou plutôt de traîneau aux autres, qui chargent le foin entre ses pattes et puis la tirent par la queue, pre-