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l’artillerie furent abandonnés, après que les chevaux et les conducteurs eurent été gelés. Il arrivait fréquemment, qu'hommes et chevaux disparaissaient tout-à-coup, s’enfonçant dans la neige par dessus la tête, et y périssant misérablement.

Le soir du trois janvier, l’armée s’arrêta sur un lac appelé Ena, dont sort un torrent du même nom, qui après avoir traversé les fiälles, passe à Handöl en Jämeteland. La tempête et les tourbillons de neige étaient tels, qu’on ne pouvait se distinguer à deux pas. Cette nuit se passa dans des horreurs encore plus grandes que les précédentes. Les soldats brisèrent leurs armes et firent du feu avec le bois, mais ni le feu ni les habits ne pouvaient réchauffer.

Ici un témoin oculaire va parler : « Quels cris ! quelle effroyable détresse ! quoique je fusse présent, et que je ressentisse moi-même, les mêmes maux, il n’est impossible de les décrire. Quelque amitié ou bonne volonté qu’on pût avoir, on ne pouvait aucunement aider ses amis, tout le monde souffrait également. — Aux horreurs du froid excessif se joignaient encore celles du besoin extrême : le peu de provision que chaque soldat avait porté avec lui, était en grande partie épuisé. Lors-