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voyage de deux longs mois à fond de cale et les péripéties de leur entrée dans la Corée.

« … En montant sur le pont de notre jonque, je contemple, pour la première fois, cette monstrueuse fabrication de l’art chinois : une carcasse plate, informe, de la grandeur de nos petits cabotiers, un pont raboteux, à ouvertures multipliées, presque complètement occupé par les grossières machines du bord ou par une barque secondaire ; cinq mâts d’une seule pièce, parés chacun d’une toile retenue par des bambous, voilà ce qu’il m’est permis d’envisager au premier coup d’œil.


Mgr Berneux, martyrisé en Corée (1866).
« Mais les matelots, ayant à leur tête le capitaine, viennent révérencieusement saluer Sa Grandeur, et immédiatement on nous introduit dans un appartement qui s’élève à l’arrière de la jonque. À peine y avais-je pénétré, qu’une odeur peu suave et des bouffées de fumée me préviennent que j’entre dans la cuisine ; puis, à la lueur du foyer, voyant jonché sur le plancher un assortiment complet de tout le matériel qu’on peut supposer dans une barque, il ne me fut pas difficile de deviner que la salle servait tout à la fois de tabagie, d’arsenal, de vestiaire, de dépense et de dortoir.

« Cependant on me montre au milieu de la salle une petite trappe ; je comprends qu’il faut se glisser par là, et aussitôt engageant mon corps dans l’intérieur, mes pieds parviennent à rencontrer une échelle à peu près verticale, à l’aide de laquelle je m’insinue dans un petit réduit ménagé dans la cale. Quelques couchettes y étaient pratiquées sur les côtés pour dormir, et un petit autel pour dire la sainte messe était le seul meuble que pût comporter l’étroitesse du lieu. C’étaient là les appartements de Sa Grandeur, de deux missionnaires, de nos deux courriers et du patron de la barque.