Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un maître absolu, il y a en Corée, entre le roi et le peuple, une noblesse nombreuse, excessivement jalouse de ses privilèges, et toute-puissante pour les conserver. Le système des examens en Chine sort naturellement de l’état social ; en Corée, au contraire, il lui est antipathique. Aussi, dans l’application, voyons-nous ce qui arrive toujours en pareil cas, une espèce de compromis entre les influences contraires.

En droit et d’après la lettre de la loi, tout Coréen peut concourir aux examens et, s’il gagne les grades littéraires nécessaires, être promu aux emplois publics ; en fait, il n’y a guère que des nobles qui se présentent au concours, et celui qui à son titre de licencié ou de docteur ne joint pas un titre de noblesse n’obtient que difficilement quelque place insignifiante, sans aucun espoir d’avancement. Il est inouï qu’un Coréen, même noble, ait été nommé à un mandarinat important, sans avoir reçu son diplôme universitaire ; mais il est plus inouï encore qu’avec tous les diplômes possibles, un Coréen non noble ait été honoré de quelque haute fonction administrative ou militaire.

Les examens qui ont lieu dans chacune des provinces, n’ont de valeur que pour les emplois subalternes des préfectures. Si l’on veut arriver plus haut, il faut, après avoir subi cette première épreuve, venir passer un autre examen à la capitale. On ne demande aucun certificat d’étude ; chacun étudie où il veut, comme il veut, et sous le maître qui lui plaît. Les examens se font au nom du gouvernement, et les examinateurs sont désignés par le ministre, soit pour les examens littéraires proprement dits qui ouvrent la porte des emplois civils, soit pour les examens militaires.

Voici comment les choses se passent habituellement. À l’époque fixée, une fois par an, tous les étudiants des provinces se mettent en route pour la capitale. Ceux de la même ville ou du même district voyagent ensemble, presque toujours à pied, par bandes plus ou moins nombreuses. Comme ils sont soi-disant convoqués par le roi, leur insolence n’a pas de bornes ; ils commettent impunément toutes sortes d’excès, et traitent les aubergistes des villages en peuple conquis, à ce point que leur