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passage est redouté autant que celui des mandarins et des satellites. Arrivés à la capitale, ils se dispersent, et chacun loge où il peut.

Quand vient le jour du concours, le premier point est de s’installer dans le local désigné, lequel est assez étroit et aussi mal disposé que possible. En conséquence, dès la veille, chaque candidat fait quelques provisions, amène avec lui un ou deux domestiques s’il en a, et se hâte de prendre place. On peut imaginer l’effroyable cohue qui résulte, pendant la nuit, de la présence de plusieurs milliers de jeunes gens dans cet espace resserré et malpropre.

Quelques travailleurs opiniâtres continuent, dit-on, à étudier et à préparer leurs réponses ; d’autres essayent de dormir ; le plus grand nombre mangent, boivent, fument, chantent, crient, gesticulent, se bousculent, et font un tapage abominable.

Le concours terminé, ceux qui ont obtenu des grades revêtent l’uniforme convenable à leur nouveau titre ; puis, à cheval, accompagnés de musiciens, vont faire les visites d’étiquette aux principaux dignitaires de l’État, à leurs protecteurs, aux examinateurs, etc. Cette première cérémonie terminée, en vient une autre qui, sans être prescrite par la loi, est néanmoins absolument nécessaire, si l’on veut se faire reconnaître par la noblesse et, plus tard, être présenté aux charges publiques. C’est une espèce d’initiation ridicule qui rappelle les scènes grotesques du baptême de la ligne, et dont on trouve l’analogue, même aujourd’hui, dans les plus célèbres écoles et universités d’Europe. Un des parents ou amis du nouveau gradué, docteur lui-même et appartenant au même parti politique, doit lui servir de parrain et présider la cérémonie.

Au jour marqué, le jeune bachelier ou docteur se présente devant ce parrain, le salue, fait quelques pas en arrière et s’assied. Le parrain, avec la gravité voulue, lui barbouille le visage d’encre d’abord, puis de farine. Chacun des assistants vient à son tour lui faire subir la même opération.

Tous les amis ou connaissances, ayant le droit de se présenter, n’ont garde de manquer une aussi belle occasion. Le piquant