Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

commencent à apprendre les caractères sont imprimés en types très gros, comme nos abécédaires. Le plus souvent, on étudie d’abord le Tchoùen-ly, ou Livre des mille caractères, qui date des empereurs Tsin et Hân. En Corée on se sert des mêmes livres ; seulement sous chaque caractère chinois se trouvent : à droite, sa prononciation à la manière coréenne ; à gauche, le mot coréen correspondant.

La façon dont les Coréens prononcent le chinois en fait, pour ainsi dire, une langue à part. Du reste, on sait que, même en Chine, les habitants des diverses provinces ont une manière très différente de parler leur langue. Les caractères sont les mêmes et ont le même sens pour tous ; mais leur prononciation varie tellement, que les habitants du Fokien, par exemple, ou de Canton, ne sont compris dans aucune autre province. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner que le chinois des Coréens soit incompréhensible aux habitants du Céleste-Empire, et que les deux peuples ne puissent ordinairement converser que par écrit, en dessinant les caractères sur le papier avec un pinceau, ou dans la paume de la main avec le doigt.

Avant que la conquête chinoise eût amené l’état actuel des choses, les Coréens ont-ils eu une littérature nationale, et qu’était cette littérature ? La question est très difficile à résoudre, car les anciens livres coréens, tombés dans un oubli complet, ont presque tous disparu. Pendant les longues années de son apostolat, Mgr Daveluy était parvenu à en recueillir quelques-uns excessivement curieux. Ils ont péri dans un incendie. Aujourd’hui on n’écrit presque plus de nouveaux livres. Quelques romans, quelques recueils de poésie, des histoires pour les enfants et les femmes, c’est à peu près tout.

Les enfants apprennent à lire le coréen sans s’en douter, pour ainsi dire, par la traduction qui est donnée dans les livres élémentaires où ils étudient le chinois ; mais ils ne reconnaissent les syllabes que par habitude, car ils ne savent pas épeler ou décomposer ces syllabes en lettres distinctes. Les femmes, les gens de basse condition, qui n’ont pas le moyen ou le temps d’apprendre les caractères chinois, sont forcés d’étudier les