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contre la religion chrétienne[1] ; Simon ben Çemah Duran publia un Examen philosophique du Judaïsme, dans lequel un chapitre spécial, intitulé « Arc et Bouclier », contenait une critique du christianisme.

Les rabbins, imitant les écrivains ecclésiastiques et les inquisiteurs, écrivirent des livres à l’usage de ceux qui étaient provoqués dans les controverses. Ces livres, sortes de vade mecum, désignaient les côtés vulnérables des dogmes chrétiens ; et si, d’une part, on publiait des « Judaïsme vaincu avec ses propres armes », d’autre part on composait des « Christianisme vaincu avec ses propres armes », c’est-à-dire avec celles qu’on trouvait dans le Nouveau Testament. Les Évangiles jouèrent dans la littérature antichrétienne le rôle du Talmud dans la littérature antijuive. À partir du onzième ou du douzième siècle, on les attaqua beaucoup, et des discussions nombreuses eurent lieu entre rabbanistes et théologiens. Ces discussions étaient quelquefois réunies dans des recueils où elles étaient présentées sous un jour très favorable à la dialectique judaïque. Ces recueils servaient ensuite de manuels ; tels le vieux Nizzachon (Victoire) de Rabbi Mattatiah ; le Nizzachon de Lipmann de Mulhausen, celui de Joseph Kimhi ; L’Affermissement de la Foi, d’Isaac Troki[2], et le Livre de Joseph

  1. Voir Graetz, t. IV (traduction française de M. Bloch, Paris, 1893).
  2. Wagenseil, dans ses Tela ignea Satanae (Altdorf, 1681), reproduit et publie tous ces traités.