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LA LITTÉRATURE ANTIJUDAÏQUE ET LES PRÉJUGÉS

Duran[1], d’autres encore, écrivirent pour démentir le « calomniateur ». De même firent Isaac Pulgar, contre Alphonse de Valladolid[2], Josua ben Joseph Lorqui et Profiat Duran[3]. Les apostats du Moyen Âge ne furent pas sensiblement mieux traités qu’autrefois au premier siècle de l’ère chrétienne, lorsqu’on ajoutait aux prières journalières une malédiction qui devait les frapper ; du dixième, au seizième et même au dix-septième siècle, on répéta encore contre eux ce que le Talmud disait des Minéens, des vieux judéo-chrétiens et des Ébionites. Naturellement, tous ces livres juifs ne furent pas acceptés sans protestations ; ils provoquèrent aussi des réfutations nombreuses qui, à leur tour, engendrèrent des réponses.

Au dix-septième siècle, l’antijudaïsme se transforma. Aux théologiens succédèrent les érudits, les savants, les exégètes. L’antijudaïsme devint plus doux et plus scientifique ; il fut représenté par des hébraïsants de grande valeur souvent, par Wagenseil[4], par Bartolocci[5], Voetiuse[6], Joseph de Voisin[7], etc. Ces hommes étudièrent d’une façon plus sûre la litté-

  1. Lettre de Combat (Graetz : loc. cit. et de Rossi : Biblioth. antichrist. p. 100).
  2. Dialogue contre les Apostats (Loeb : loc. cit.).
  3. Alteca Boteca (Loeb : loc. cit. — De Rossi : Dizionario storico degli autori Ebrei, Parme, 1802, p. 89).
  4. Wagenseil : loc. cit.
  5. Magna Bibliotheca Rabbinica, Rome, 1695-1693.
  6. Disputationes Selectae, Utrecht, 1663.
  7. Theologia Judaeorum, 1647.