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L'ANTISÉMITISME

par l’édit de tolérance de Joseph II (1785), ils eurent à subir la même réaction ; la révolution avait été trop funeste à la maison d’Autriche pour qu’elle en acceptât même cette presque égalité des Juifs, qu’avait voulue un souverain démocrate et philosophe. C’est en 1848 seulement que les Israélites autrichiens devinrent des citoyens[1].

A la même époque, leur émancipation fut faite en Allemagne[2], en Grèce, en Suède, en Danemark. De nouveau, ils durent leur indépendance à l’esprit révolutionnaire qui une fois encore vint de France. Nous verrons du reste qu’ils ne furent pas étrangers

  1. La Constitution du 4 mars 1849 proclama l’égalité devant la loi. Mais cette Constitution ayant été abolie en 1851, une ordonnance du 29 juillet 1853 rétablit l’ancienne législation concernant les Juifs. Des tempéraments successifs y furent apportés et la Constitution de 1867 rétablit définitivement l’égalité devant la loi, et libéra les Juifs.
      En Hongrie, la loi émancipant les Juifs fut aussi votée, sur la présentation du gouvernement, par la Chambre des Députés en 1867 (voir Wolf : Geschichte der Juden in Wien, Vienne, 1876, et Kaim : Ein Jarhundert der Judenemancipation, Leipzig, 1869).
  2. La Constituante allemande vota le 20 mai 1848 l’égalité de tous les citoyens devant la loi. Le parlement de Francfort fit de même et le principe de cette égalité fut inscrit dans la constitution allemande de 1849. Toutefois bien des États conservèrent les restrictions contre les Juifs jusqu’à la loi de la Confédération du Nord du 3 juillet 1869, qui abolit toutes les « restrictions des droits civils et politiques encore existantes et basées sur la différence de religion » (voir là-dessus : Kaim, loc. cit., et l’Allgmeine Zeitung des Judenthums aux années 1837, 1849, 1856, 1867, 1869). Après la guerre franco-allemande cette loi fut imposée aux États, comme la Bavière, qui ne l’avaient pas acceptée avant la Constitution de l’Empire.