Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/391

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réseau sur le monde antique, à partir de l’expansion macédonienne et hellénique ; elles s’envoyaient réciproquement des messagers, se tenaient mutuellement au courant des événements dont la connaissance leur était utile, elles se conseillaient et s’entraidaient. En même temps, elles étaient unies par un puissant lien religieux : elles gardaient leur indépendance, mais elles se sentaient sœurs ; elles tournaient chacune leurs regards vers Jérusalem et vers le temple à qui elles envoyaient leur tribut annuel, et l’amour qu’elles ressentaient pour la cité sainte, l’attachement qu’elles avaient pour le culte, leur rappelaient leur commune origine et cimentaient leur alliance. Ces petites synagogues des cités grecques et ces puissantes colonies d’Antioche ou d’Alexandrie créèrent la solidarité locale et cosmopolite d’Israël. Dans chaque cité, le Juif était aidé par la communauté, il était accueilli fraternellement lorsqu’il arrivait comme immigrant et colon, on le secourait et on le secondait. On lui permettait de s’établir et il bénéficiait du travail de l’association qui mettait à sa disposition toutes ses ressources ; il n’arrivait pas comme un étranger qui va entreprendre une difficile conquête, mais comme un homme bien armé, ayant à côté de lui des protecteurs, des amis et des frères. Par toute l’Asie Mineure, par les Îles par la Cyrénaïque par l’Égypte, le Juif pouvait voyager en sécurité, il était en tout lieu traité en hôte, et il venait droit à la maison de prière où il trouvait un accueil bienveillant. Les Juifs Esséniens ne procédaient pas