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TÊTES ET FIGURES

les surprises enfantines, les naïfs et purs enthousiasmes, advenant la Noël ou le Jour de l’an ! Après tout, je ne faisais que distribuer bien des bonheurs ; comment donc s’en abstenir !

Que ne donnerait-on pas pour que tout ça fût d’éternelle durée ! Ce serait tout un paradis, tel que Victor Hugo l’a défini : les parents toujours jeunes et les enfants toujours petits.

Les poupées !… N’est-ce pas là le terme concret de la vie de la femme, depuis la naissance jusqu’à la tombe ?… Bambine, elle les dorlote ; femme, elle en crée ; aïeule, elle en donne.

À l’approche de la Noël ou du premier de l’an, alors que les fillettes font profondément dodo, après avoir promis et pris la résolution d’être bien sages, et que Toto, de son côté, qui a fait aussi la même promesse, rêve soldats, fusils, tambours, aïeule, mère et sœurs aînées se réunissent discrètement autour d’une grande table, pour mettre la dernière main à une poupée.

— Chut ! fait la mère, ne parlez pas si fort, vous autres, Jeanne pourrait se réveiller.

Mais l’aïeule, qui a de l’expérience, se méfie de ce garnement de Toto. Elle va s’assurer s’il ne s’est pas blotti quelque part dans un coin obscur de l’escalier, reluquant tout ce qui se passe dans la salle.