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TÊTES ET FIGURES

jourd’hui treize ans, même, j’oserais dire, treize ans passés, depuis la Sainte-Catherine.

— Ah ! fit Louisette un peu interloquée ! oui !…… c’est vrai !…… treize ans !

Puis, restant un instant rêveuse, en se dandinant tantôt sur un pied, tantôt sur l’autre, toujours avec la poupée dans ses bras : Maman, repartit-elle, ça ne fait rien ; si vous saviez ce que je m’amuse……

— Oui ! Oui ! rétorqua la mère, je comprends, tu t’amuses ! Fort bien ! Cependant, les poupées, ça n’est plus de ton âge. Tu commences à être grande. Nous recevons des amis ce soir ; de grands messieurs vont venir. Il serait à propos que tu fusses avec moi au salon. Que diraient donc ces messieurs en voyant une grande fille comme toi jouer avec une poupée ?

La fillette, qui ne comprenait rien encore aux avis maternels, demeura ébahie et de plus en plus mélancoliquement rêveuse. Que lui importait la venue des grands messieurs !

— Je crois, ma petite Louisette, continua la mère, qu’il vaut mieux que tu te décides à abandonner ta poupée, au moins pour ce soir. Après cela, nous aviserons. C’est dommage, j’en conviens ! Elle est bien belle, ta poupée. Mais, tu sais, dans quelque temps, tu pourras en faire cadeau, hum !… disons…… à ta petite