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Le Jour de l’An


L’année agonise… Bientôt elle aura râlé son dernier soupir…

Madame se meurt ! Madame est morte !

Mais, aux petites heures de la nouvelle, rumeurs dans tous les logis où il y a des enfants, de mouvements discrets, de pas à demi-étouffés, de pantoufles qui glissent, de pétulants petits pieds nus. Toute la maisonnée est debout, dans l’attente fébrile de surprises prévues, mais échappant à toute précision.

Seules la mère, l’aïeule et Julie, la cuisinière, la fille engagée, comme on dit au Canada, ont devancé ce réveil matinal du logis. Obligation imprescriptible, du reste. Ne faut-il pas mettre de l’ordre dans la grande chambre, où déjà le père Noël a passé en déposant discrètement derrière les rideaux un tas de choses merveilleuses, en rehausser la physionomie, la rendre digne enfin, à l’aube du nouvel an, du premier acte d’un chef de famille, la bénédiction paternelle, tradition qui malheureusement s’en va ?