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TÊTES ET FIGURES

Le père, de plus en plus ému, jette un regard sur toutes ces têtes inclinées, articule quelques paroles de bons souhaits que l’émotion gêne visiblement et, se redressant de toute sa taille :

— Soyez tous bénis, fait-il, et que la nouvelle année vous soit heureuse !

En même temps, il trace solennellement dans l’espace, au-dessus de tout son monde, l’auguste symbole de la Rédemption.

Çà et là, on éprouve une certaine émotion. La mère et l’aïeule essuient furtivement une larme. Julie, qui s’est glissée dans un coin de la pièce, derrière l’aïeule, se cache la tête dans son tablier. La pauvre fille pense aussi de son côté au père et à la mère dont elle se trouve séparée.

Tout pécheur, par suite de son infériorité native, que soit l’homme qui est appelé à donner cette bénédiction, l’Esprit saint descend dans ce noble geste qui symbolise le sublime sacrifice du Golgotha, l’acte de la rédemption universelle, le purifie et l’imprègne de toute vertu. Inspiration du Dieu d’éternel amour, il ne peut qu’avoir bienfaisante influence, radieuse réverbération sur tous ceux qui en sont l’objet, même ensoleiller leur existence, en autant qu’ils restent dignes de l’acte qui sanctifie la première minute du nouvel an.

Après avoir ainsi invoqué pour tous les siens, la miséricorde, les faveurs et la bénédiction