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Si l’opinion de ces deux grands peuples repose effectivement sur ces bases, si elle a les conséquences qui viennent d’être indiquées, les personnes qui dirigent en France l’opinion publique ne devraient-elles pas faire un retour sur elles-mêmes et se demander si l’opinion inverse, généralement répandue chez nous, n’est pas la principale cause des embarras qui se manifestent dans l’organisation de notre société ?

Les hommes distingués et les écrivains habiles qui, dans leurs appréciations de notre état social, croient devoir faire abstraction de la religion et de l’autorité paternelle ; ceux, à plus forte raison, qui signalent ces deux forces comme des obstacles au « progrès », n’emploient-ils pas, en fait, leur influence à reculer ce prétendu progrès qui se manifeste, hélas chez nous, de leur propre aveu, avec des caractères si douteux et si instables ?

En ce qui concerne la religion l’obstacle vient précisément chez nous des classes riches et lettrées qui, seules, auraient l’ascendant nécessaire pour provoquer une réforme dans l’opinion. Cette situation entraîne, à notre époque, des conséquences d’une gravité extrême il ne faut pas cependant s’en exagérer les difficultés ni perdre l’espoir d’y porter remède.

Chez les classes les plus intelligentes, la religion s’appuie sur la raison presque autant que sur la foi. En Angleterre, aux États-Unis surtout, la