Page:Le Play, L’Organisation De La Famille, 1884.djvu/297

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Noguès s’écrie : « Notre Coutume, je l’avoue, paraît bizarre sur le point de succession, quand on ne considère que la lettre, et le premier mouvement qu’elle excite est un mouvement d’indignation contre elle. Mais il faut convenir, ajoute-t-il, qu’il en est autrement, quand on connaît les raisons sur lesquelles elle est fondée, et quand on réfléchit qu’elle s’est proposé, non moins que les autres coutumes, la conservation des biens dans les familles, et qu’elle remplit parfaitement son point de vue. » (P. 40.)

Je note en passant cette préoccupation d’un légiste de défendre la Coutume contre le reproche de ne pas assurer la conservation des biens. Une Coutume, dit-il, n’est bonne qu’à ce prix, et celle du Lavedan ne manque pas à cette condition.

En effet, loin que la femme, comme ailleurs, quitte sa famille et perde son nom, c’est l’héritière qui fait entrer son mari sous le nom de gendre dans la maison natale, dont il prend le nom, et à laquelle il apporte une dot, dite sa légitime. C’est ainsi que, dans la famille qui nous occupe, le premier-né des trois dernières générations a été une fille, et l’on a vu que les

    nec levare, nisi dictus burgensis verbeaverit eam usque ad mortem. » (Histoire du Beaujolais, par F. de la Roche-la-Carelle. — 2 vol. ; Perrin, Lyon 1853.)
    Ce rapprochement fait ressortir une grande supériorité morale au profit des paysans basques par rapport aux bourgeois du Rhône.