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XXXVIII.

Ne voïent-ils pas, ces aveugles Docteurs, que c’est ouvrir une porte large et spacieuse à toutes sortes d’idolâtries, que de vouloir adorer et faire adorer ainsi des images et des idoles de pâte, sous prétexte, que des Prêtres auroient le pouvoir de les consacrer et de les faire changer en Dieux, en prononçant seulement 4 paroles vaines et frivoles ? Tous les prêtres des idoles n’auroient-ils pas pû, et ne pouroient-ils pas encore maintenant, se vanter, d’avoir un semblable pouvoir ? S’il ne tenoit qu’à alléguer et à trouver d’aussi vains et d’aussi foibles prétextes, que ceux de nos Christicoles, pour s’attribuer un tel pouvoir, il seroit facile à tous les idolâtres d’en trouver, et même d’en trouver de plus spécieux et de plus vraisemblables. Il est dit dans les prétendus saints livres de nos Christicoles, que[1] Dieu confondoit la sagesse des sages et qu’il changeroit la sagesse du monde en folie. Mais qui que ce soit, qui ait dit ces paroles, on peut dire qu’elles se trouvent bien véritablement accomplies dans nos Christicoles Docteurs. Car leur sagesse[2] se trouve dans cette occasion-ci bien véritablement changée en folie, puisqu’ils ont la foiblesse et la bassesse, d’adorer de foibles petites idoles de pâte, et qu’ils sont si fous, que de croire avoir reçu d’un misérable fanatique la puissance de faire des Dieux.

  1. Adducit consiliarios in stultum finem et judices in stuporem. Job. 12. 17. Periit enim sapientia a sapientibus ejus. Isaie 29. 14.
  2. 1 Cor. 1. 20.