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LXIII.


LES DEICOLES ONT ÉTÉ ENFIN OBLIGEZ DE

RECONNOITRE LA FAUSSETÉ DE L’OPINION QUE L’ON

AVOIT DE LA PLURALITÉ DES DIEUX.


Au reste on ne peut nier, que tous les autres Dieux et Déesses qui sont venus après, et qui ont été adorés dans tous les siècles passés, sous les noms, par exemple, de Saturne, de Jupiter, de Mars, d’Apollon, de Mercure, d’Esculape et d’un millier d’autres semblables Dieux, ou sous les noms de Cybelle, de Junon, de Cérés, de Diane, de Minerve ou Pallas, de Venus et d’un millier encore d’autres semblables Déesses, n’aient tous été des hommes ou des femmes illustres, des Princes et des Princesses par exemple, ou quelques autres personnes de distinction, qui se sont donnés à eux-mêmes, ou auxquels on a donné, comme j’ai dit, par ignorance, par complaisance et par flaterie le nom de Dieu et de Dieux, les hommes étant pour lors si sots et si aveugles, que de croire que des hommes foibles et mortels, comme ils sont tous, pouvoient néanmoins, devant ou après leur mort, devenir des Dieux immortels. Et ce qui est plus surprenant, c’est que des Philosophes même se sont laissés aller, ou ont fait semblant de se laisser aller à une si vaine et si sote pensée que celle-là. Témoin un Plutarque, grand et renommé Philosophe, lequel, au raport du Sr. de Montagne[1], dit, qu’il faut estimer

  1. Ess. pag. 525. Liv. 2. Ch. 12.