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LXX.


Il en est en quelque façon de même de l’éternité et de l’indépendance de certaines prémières et fondamentales vérités, qui sont tellement nécessaires et immuables en elles-mêmes et par elles-mêmes, qu’il n’y a aucune puissance, qui soit capable de les faire changer de nature, c’est-à-dire qui soit capable de les rendre fausses, ou d’empêcher qu’elles ne soient vraïes. Telles sont par exemple ces vérités-ci : 2 × 2 font 4 ; trois fois 4 font 12 ; 15 et 5 font 20 ; le tout est plus grand que sa partie ; un triangle fait trois angles ; une chose ne peut pas être et n’être pas en même tems ; tout ce qui est actuellement est possible ; rien de tout ce qui se peut faire n’est impossible et nul ne peut faire ce qui n’est absolument pas possible etc…… Et plusieurs autres semblables propositions, qui sont tellement vraïes de leur nature qu’elles ne peuvent jamais être fausses : car il n’est pas possible que 2 × 2 ne soïent pas 4 ; que trois fois 4 ne soïent pas 12 ; et que le tout ne soit pas plus grand que sa partie. On ne peut nier, ni révoquer en doute ces sortes de prémières et fondamentales vérités, à moins que de vouloir renoncer entièrement à toutes les lumières de la Raison et de vouloir rejetter tout raisonnement humain. Car ces vérités-là se font connoître par elles-mêmes et n’ont besoin d’aucune preuve, étant elles-mêmes plus claires et plus certaines que toutes autres preuves. Il est donc certain et indubitable, clair et évident que ces vérités