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Païens. Comment donc a-t’-on pu persuader à des hommes raisonnables et judicieux des choses si étranges et si absurdes ? Je ne suis pas fort surpris que des peuples ignorans et grossiers se soient laissés persuader telles choses : car on fait assez facilement accroire tout ce que l’on veut aux ignorans et aux simples d’esprit. Mais que des personnes sages et éclairées, et que des hommes doctes et savans, et que des gens d’esprit, et même d’un esprit éminent en vivacité et en pénétration, se soient laissés aller, aussi bien que les ignorans, à des erreurs si grossières et si absurdes, qu’ils s’en soient rendus et qu’ils s’en rendent encore tous les jours les protecteurs et les défenseurs, pour les apuïer et les maintenir par de laches motifs d’intérêts temporels et de respect humain, ou par de ridicules entêtemens de vouloir soutenir un mauvais parti, plutôt que de se faire un plaisir, de désabuser de bonne foi les peuples, en leur faisant clairement voir la vanité et la fausseté de tout ce qu’on leur fait si sotement accroire ; c’est ce qui m’a toujours paru fort étrange. Quoi ! des Docteurs et de fameux docteurs, qui savent si bien blâmer et condamner les erreurs de l’idolatrie dans des Païens, n’ont pas honte de se prosterner eux-mêmes devant des idoles muettes et devant de foibles petites images de pâte, comme feroient les plus ignorans du peuple ? Ils ne rougissent pas de prêcher publiquement et hautement parmi eux, ce qu’ils condamnent si ouvertement dans les Païens ? N’est ce pas un abus et une manifeste prévarication de leur ministère ? Pensent-ils que la vaine et ridicule consécration, qu’ils font